Lors de son dernier numéro, 20h30 le samedi a consacré un dossier aux sitcoms AB, et affirmé que le Club Dorothée avait lancé ce genre à part entière. Vrai ou faux ?
« Cette émission a lancé un genre à part entière : celui des sitcoms à la française ! » C’est par ces mots que Laurent Delahousse lance son dossier sur les sitcoms AB dans 20h30 le samedi. Une affirmation qui correspond certes à l’histoire racontée par Jean-Luc Azoulay mais qui est bien loin de la vérité. D’abord parce que toutes les séries AB ne sont pas vraiment des sitcoms au sens où on l’entend. Sitcom veut dire « comédie de situation » donc dès que vous mettez du drame dans votre série (viol, suicide, bagarre, …) comme dans Hélène et les garçons ou Premiers Baisers, ce ne sont plus des sitcoms mais, en l’occurrence des soaps pour les ados sur lesquels on calque des rires enregistrés (qui n’existent pas à la télévision américaine puisque les sitcoms se tournent face à un vrai public qui rit). Effectivement, dès 1989, le Club Dorothée lance sa première sitcom maison, avec Salut les musclés. Mais le genre existe déjà en France.
« Je voyage, je vais aux Etats-Unis et je vois les sitcoms« , précise Jean-Luc Azoulay dans le reportage. On pourrait presque croire que le producteur au flair redoutable a ramené le genre chez nous. Sauf qu’en France, Madame est servie est déjà proposée en janvier 1987 sur Antenne 2. Et en 1988, le Cosby Show arrive sur M6. Et puis ce n’est pas comme si on ne connaissait pas Ma corcière bien-aimée, Arnold et Willy, ou encore Punky Brewster par exemple. Mais les sitcoms françaises aussi existent déjà
Ainsi le 11 septembre 1988, TF1 lançait sur son antenne le samedi une série qui comptera 104 épisodes : Vivement lundi !
Mais évidemment, le 8 septembre 1985, Antenne 2 réunira pour la première fois Rosy Varte et Jean-Marc Thibaut dans Maguy, appelée à durer quelques 8 années et 333 épisodes avec son générique culte de Michel Costa.
« Le Club Dorothée, marqueur de l’époque des premiers dessins animés japonais »
Autre phrase entendue dans l’émission et qui sert à raconter l’histoire de l’émission, à l’imposer dans le temps. Sauf que c’est encore plus faux que les sitcoms. Le Club Dorothée démarre en 1987, et a minima, une autre émission de Dorothée a proposé des animés japonais quelques 10 années plus tôt. Goldorak, Candy, Lady Oscar, Cobra et tant d’autres, on ne compte plus les dessins animés japonais lancés dans Récré A2. Croque vacances sur TF1 dès 1980 fera de même avec Capitaine Flam notamment. Là encore, le storytelling fonctionne à fond mais se révèle faux tout simplement.