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5 choses à savoir sur Hervé Temime, cet avocat pénaliste récemment décédé

« Le barreau est orphelin » a déclaré Eric dupont Moretti sur Twitter en ce lundi de Pâques, retour sur l’un des plus grands avocats de France

« Le barreau est orphelinHervé Temime vient de nous quitter. Il était un immense avocat. Il a marqué toute une génération par son intelligence, son humanité et son talent. Je pense affectueusement à sa famille et à ses proches », a écrit le garde des Sceaux sur Twitter, ce 10 avril. Hervé Temime est né en 1957 à Alger (Algérie) et arrivé en France à l’âge de quatre ans, a commencé sa carrière en 1979, indique l’AFP.

Avocat, un cri du coeur

A 10 ans Hervé Temime perd tragiquement son père. Cette injustice le traumatisera pour le restant de ses jours. La première injustice de sa vie qui va, si l’on veut bien le croire, le prédestiner au métier d’avocat. En attendant le jeune homme est élevé à Versailles, il obtient un bac S avec mention très bien au lycée Hoche, puis intègre SciencesPo. Il finit par abandonner pour se consacrer au droit, afin de devenir avocat.

Ce métier d’avocat sonne alors comme un cri. Il raconte qu’à 13 ans, en voyant le célèbre avocat Emile Pollak intervenir lors d’un débat télévisé, il resta bouche bée et cultiva dés lors, une véritable passion pour cette profession. Il passe le barreau et commence sa carrière d’avocat à 21 ans. A 25 ans le jeune homme a déjà plaidé 50 fois aux assises, le reste du temps, il jubile devant les plaidoiries des grands ténors de son époque : tels que Robert Badinter, Jean-Louis Pelletier ou encore Henri Leclerc.

La passion comme moteur

Avocat brillant, Il fonde en 2008 le cabinet d’avocats Temime & Associés, qui est aujourd’hui l’un des cabinets les plus réputés en défense pénale et contentieux en France, ce domaine devient sa spécialité. Hervé Temime est également membre du barreau de New York, ce qui lui permettait d’exercer sa profession aux États-Unis et de représenter des clients français dans des affaires judiciaires internationales. En 2014, il déclarait dans l’émission de FranceInfo Tout et son contraire : « Ce qui est merveilleux dans notre métier, c’est que nous sommes à une école d’humanité permanente. Pour bien défendre quelqu’un, il faut se mettre dans la peau de chacun, celui que l’on défend, son adversaire, les juges et les jurés ».

« Efficace, technique et coriace, il savait aussi décrypter les âmes et les psychologies »

Maître Emmanuel Marsigny

Une jolie clientèle

On l’a surnommé « l’avocat des réalisateurs et des comédiens », et pour cause : il avait défendu Roman Polanski qui était devenu son ami, il l’a défendu quand le mépris des féministes pour ce réalisateur s’exprimait dans la rue. Il a, en outre, défendu le plus grand acteur du cinéma français, Gérard Depardieu, mais aussi Natalie Baye et Catherine Deneuve. Sur le grand écran, on l’a vu interprété le rôle de Me Bouvet ou de Me Lancel dans Mon roi (Maïwenn) et Les Choses inhumaines (Yvan Attal).

Maitre Temime s’est impliqué dans des affaires médiatiques, notamment lors de l’affaire Liliane Bettencourt et François-Marie Banier. Il a également défendu des chefs d’entreprises comme Alain Afflelou, Bernard Tapie, Jacques Servier ou d’autres célébrités parmi lesquelles le Dr. Delajoux qui a opéré Johnny Halliday, Laura Smet ou Antoine Zaccharias. Ses honoraires étaient à la mesure de la clientèle, ce dernier arguait avec ironie : « Si j’avais besoin d’un avocat, je ne pourrais pas me payer Hervé Temime ! »

La défense dans la peau, Hervé Temime. 2012. Stock.

« Les Trois H »

Avant de devenir un ténor du barreau, Temime a longtemps été l’un des « trois H », avec Pierre Haik et Thierry Herzog. Hervé Temime fait d’abord la rencontre de Thierry Herzog à la fin des années 1970, alors que celui-ci est le stagiaire du grand pénaliste Jean Louis Pelletier. En 1983, les deux hommes ouvrent leur cabinet, quai Saint-Michel, au-dessus de la librairie Gibert Jeune. Depuis ils ne se sont jamais quittés, pour le meilleur et pour le pire (Thierry Herzog devenu l’avocat de Sarkozy avait été mis en examen pour l’affaire des écoutes en 2014). Pierre Haïk, jeune avocat prometteur les rejoint dans les années 80, et rapidement leur trio devient inséparable.

Ils font grand ménage et bousculent le marché dans le domaine du trafic de drogue, jusqu’à se faire appeler « les trois Hash ». Temime expliquait selon VanityFair : « Je devais avoir, entre 80 et 100 détenus en cours d’instruction. Thierry et Pierre en comptabilisaient 150 à 200 chacun. On a fait un ménage incroyable. Et dérangé des gens qui étaient dans leur petit confort et demandaient des sommes folles sans rien foutre ! ». Ce trio incroyable évolue au fur et à mesure des années, Thierry Herzog, le plus politisé, devient l’avocat de Nicolas Sarkozy tandis que Temime se spécialise dans les gros scandales politiques et financiers.

Fervent défenseur du secret

Hervé Temime mettait un point d’honneur au secret professionnel, lui qui en a entendu une quantité extravagante depuis le début de sa carrière. Depuis plus de quarante ans, il défendait âprement le secret, « qui n’est pas un privilège pour un avocat mais une obligation ». Cette obligation de se tenir au secret devenait presque maladive chez lui, jouant malgré cela parfaitement le jeu sur les plateaux télé, qu’il affectionnait pour faire grandir sa notoriété. Il en a même fait un livre en 2020, un éloge au secret intitulé Secret défense, écrit avec Marie-Laure Delorme, journaliste au Point

A lire aussi : Qui est “Lord Miles”, ce youtubeur anglais prisonnier des Talibans ?

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