Ce lundi 20 novembre s’ouvre le 105e congrès de l’Association des maires de France. Entre montée des violences, lassitude et exigences croissantes des administrés, ce congrès intervient dans un contexte pénible.
À l’occasion du 105e congrès de l’Association des maires de France qui a débuté ce lundi, les violences dont les maires sont victimes sera au coeur de ce congrès. L’appellation « maire » qui date de 1800, semble aujourd’hui se dégrader de plus en plus. Selon une enquête du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) publiée dans Le Monde, 69% des maires déclarent avoir déjà été victimes d’incivilités. 39% d’entre eux auraient subi des injures et insultes et 27% ont été attaqués sur les réseaux sociaux.
Comment on élit un maire ?
Le maire est élu par les conseillers municipaux de la commune, eux-mêmes élus au suffrage universel direct lors des élections municipales. Cependant, le maire n’est pas élu de la même manière sur tout le territoire français.
Les communes de moins de 1000 habitants élisent leur futur maire par un scrutin majoritaire plurinominal sur deux tours. Les communes de plus de 1000 habitants quant à elle, combinent les règles du scrutin majoritaire à deux tours et celles du scrutin proportionnel. À savoir, il y a une particularité pour les villes de Paris, Lyon et Marseille. Les élections y sont organisées par secteur. Ainsi, chaque arrondissements de ces villes doivent élirent un maire d’arrondissement.
Le maire, ses adjoints et les conseillers municipaux sont élus pour un mandat de six ans.
Quel est le rôle d’un maire ?
Le maire se charge de l’exécution des décisions du conseil municipal. En tant que maire, l’élu doit représenter la commune en justice, passer les marchés, signer des contrats, préparer le budget et gèrer le patrimoine communal. Il doit répondre à des compétences déléguées par le conseil municipal et doit lui rendre compte de ses actes. Ces délégations, révocables à tout moment, sont diverses et variées : affectation des propriétés communales, réalisation des emprunts, créations des classes dans les écoles…
Le maire dispose d’un pouvoir de police administrative générale ainsi que de prérogatives de police spéciales. Il s’agit d’un pouvoir propre, qu’il exerce en son nom.
Maires : en première ligne face aux agressions
Depuis 2022, les agressions envers les élus n’ont cesser d’augmenter. Elles étaient de 32% en 2022. En 2023, le ministère de l’Intérieur annonce une hausse de 15%. Pourquoi une telle hausse ? Le politologue Martial Foucault, l’auteur de l’enquête du Cevipof, explique que la « proximité » du maire avec ses citoyens le conduit au plus près de leur « exaspérations ». Le maire sert alors de « paratonnerre à un ensemble de situations trop difficiles pour eux », explique-t-il sur BFMTV. Ce dimanche sur RTL, David Lisnard, président de l’AMF, a témoigné sur le quotidien d’un maire. « Notre quotidien, c’est souvent de dire non au nom de l’intérêt général », affirme-t-il. Il poursuit : « Vous vous exposez parfois à une minorité d’individus qui se comportent plus en attardés capricieux qu’en citoyens ».
Un métier en proie aux attaques…
Les témoignages de maires se sont multipliés, libérant ainsi leur paroles. Dominique Faure, ministre chargée des Collectivités territoriales, explique à l’AFP que cette hausse des violences est plus visibles grâce à « la libération de la parole des maires, qui signalent bien plus aujourd’hui la moindre atteinte ». Les raisons de ces violences sont nombreuses. La réforme des retraites ou encore la mort de Nahel ont servi d’alibi pour des agressions.
Ces derniers mois, il y a eu des agressions graves à l’encontre de certains maires. Yannick Morez, maire démissionnaire de Saint-Brevin (Loire-Atlantique) a subit un incendie de son domicile et des menaces de l’extrême droite. Vincent Jeanbrun, maire de L’Haÿ-les-Roses, a vu son domicile être attaqué à la voiture bélier dans le contexte des émeutes intervenues cet été après la mort de Nahel. Plusieurs maires étaient des cibles lors de ces événements. Des attaques inacceptables, qui pourtant, sont fréquentes.
…et aux démissions
Les violences auxquelles sont exposés les maires en poussent certains à claquer la porte de leur mairie. Les démissions ont augmenté de 30% par rapport au mandat précédent, avec plus de 1.300 comptabilisées depuis 2020. Pour Martial Foucault, directeur du Cevipof, ce chiffre montre une « fatigue républicaine ». L’enquête du Cevipof a également revélé que pour les maires les citoyens sont trop exigeants. On ajoute à cela les difficultés à concilier le mandat, la vie personnelle et professionnelle et vous obtenez un bon cocktail pour justifier la démission d’un maire. 50% des maires suggèrent de revoir à la hausse leur rémunération, à la charge de l’Etat.
« S’ils ne s’engagent pas pour gagner de l’argent, ils ne sont pas prêts à en perdre non plus »
Martial Foucault
Sur RTL, David Lisnard ajoute : « Vous avez aujourd’hui la majorité des maires qui ont une indemnité inférieure à 1080 euros par mois. On est en dessous du SMIC ». Il est fréquent que les élus « ont un job en parrallèle », mais « très souvent, ils sont perdants financièrement », a-t-il affirmé.
Cependant, avec près d’un million de candidats aux municipales, l’engagement local n’est « pas encore menacé » et « les maires résistent à l’accumulation de crises », conclut Martial Foucault dans l’enquête du Cevipof. La hausse des violences et des démissions ne semblent donc pas jouer en la défaveur du métier de maire.
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