Alors que l’Algérie fêtera le soixantième anniversaire de son indépendance cette année, et qu’Emmanuel Macron a tenu, hier, un discours quant au massacre de la rue d’Isly du 26 mars 1962, nous souhaitions revenir sur la guerre d’Algérie qui se déroula entre 1954 et 1962.
1830-1954
En 1830 débuta la colonisation de l’Algérie. Dès lors, c’est plus d’un siècle d’occupation française qui va attendre la population de ce grand territoire. Pendant longtemps, l’Algérie est utilisée pour ses ressources agricoles. Cependant, dans les années qui suivent la Seconde Guerre Mondiale, des ressources de gaz et de pétrole sont trouvées sur le territoire. L’État français y voit donc un moyen de s’enrichir et c’est pour cette raison qu’il tient énormément à l’Algérie française.
Quant à la population, celle-ci est partagée entre les « pieds-noirs » et la population dite « musulmane ». Les européens d’Algérie sont en minorité puisqu’ils ne constituent qu’un million d’individus contre neuf pour les musulmans. Cependant, cette minorité détient beaucoup plus de pouvoirs et de droits que les musulmans. Par ailleurs, ces derniers sont majoritairement présents dans les campagnes et ce sont eux qui possèdent la très grande partie des terres agricoles. C’est cette situation, couplée aux mouvements d’indépendance de ses voisins le Maroc et la Tunisie, que la question de l’indépendance de l’Algérie va grandir dans les têtes de nombreuses personnes.
1er novembre 1954
Le 1er novembre 1954 marque le début de la guerre d’Algérie. Ceci s’explique par ce qui va être appelé la « Toussaint rouge ». A cette date, le FLN (Front de Libération Nationale) va perpétuer une série d’attaque en Algérie, visant des militaires et policiers français, mais aussi des civils, faisant une dizaine de morts. A ce groupe, qui souhaite l’indépendance de l’Algérie, est associée l’Armée de Libération Nationale (ALN). Ce sont ces deux mouvements qui vont donc rentrer en opposition avec les forces françaises durant tout le conflit. Le mode de fonctionnement du FLN se caractérise par des attaques furtives et des attentats en Algérie, mais aussi sur le territoire français métropolitain. Si les évènements du 1er novembre n’inquiètent pas trop les autorités françaises, ces dernières vont surtout réagir en 1955 sous l’impulsion du ministre de l’intérieur François Mitterrand.
Mai-Juin 1958
Alors que la guerre d’Algérie fait rage depuis quatre ans, des améliorations semblent se profiler au profit de l’indépendance de l’Algérie. Ceci est permis grâce au nouveau président du Conseil, Pierre Pflimlin, qui serait favorable à la discussion avec le FLN pour se mettre d’accord sur un cessez-le-feu. Cette nouvelle ne plaît pas du côté des militants pour l’Algérie française. Le 13 mai, Pierre Lagaillarde, président des étudiants d’Alger, parvient à mener une manifestation qui conduira à l’occupation du siège du gouvernement général d’Alger. Un comité de salut public est alors créé, avec à sa tête, le général Massu. Le lendemain, ce dernier appelle le général De Gaulle pour gérer la situation.
Débute alors le retour du héros français de la Seconde Guerre Mondiale. Alors qu’il s’était retiré de la vie politique, De Gaulle va progressivement revenir à la tête de l’Etat, facilité par la démission du président René Coty. Le 4 juin, alors fraîchement investi de ses pouvoirs, le général a tenu un discours à Alger, devenu mythique de par sa première phrase « Je vous ai compris ».
21 avril 1961
Le 21 avril 1961 sonne comme un espoir pour les partisans de l’Algérie française, et au contraire, un évènement très problématique pour l’avancée qui avait été faite dans le processus d’indépendance de l’Algérie. En effet, quelques mois avant, le 8 janvier 1961, l’autodétermination, c’est à dire le fait de laisser les habitants d’un pays décider de leur statut politique, avait été validé, grâce à un référendum, par 75 % de la population métropolitaine française. Ce vote avait donc permis un grand bond en avant dans le chemin pour l’indépendance de L’Algérie. Cependant, il avait également accentué les tensions entre indépendantistes, désormais soutenus par une grande partie de la métropole, et les partisans de l’Algérie Française.
C’est donc dans ce climat compliqué que le 21 avril 1961, un putsch militaire est lancé par quatre généraux de l’armée : Raoul Salan, Edmond Jouhaud, Maurice Challe et André Zeller. Les militaires s’opposent aux décisions de De Gaulle et tentent de prendre le pouvoir. L’action se solde par un échec et les hommes ayant pris part à ce putsch sont arrêtés et révoqués.
18 mars 1962
Un peu moins d’un an après cet évènement, l’accès à l’indépendance de l’Algérie se rapproche grandement. Les accords d’Evian sont signés et la souveraineté de l’État algérien est décrétée. En plus de cela, des accords entre les deux pays sont trouvés et un cessez-le-feu est mis en place, promettant donc une fin rapide de la guerre d’Algérie. Cependant, les partisans de l’Algérie française, majoritairement les membres de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète), un groupe terroriste, vont tout faire pour contrer l’indépendance et cela va mener à des manifestations et des violences, comme se fut le cas lors du massacre de la rue d’Isly qui eut lieu le 26 mars 1962.
L’indépendance de l’Algérie sera proclamée le 5 juillet de la même année, mettant ainsi fin à un conflit qui aura duré huit ans et coûté la vie de plusieurs centaines de milliers de personnes.
Conclusion
Résumer la guerre d’Algérie en cinq points est complexe car de nombreux éléments n’ont pas été abordés. Nous pouvons citer par exemple la tragique manifestation du 17 octobre 1961 qui avait été organisée en réaction au couvre feu établi , uniquement envers les algériens, par le préfet de police de Paris Maurice Papon, et qui avait été violemment réprimée par les forces de l’ordre. Certaines personnes avaient été jetées dans la Seine. Les historiens ne se mettent pas d’accord avec les rapports officiels, mais ce sont plusieurs dizaines de personnes qui y ont perdu la vie, si ce n’est 200 selon certaines sources.
Depuis son investiture, Emmanuel Macron a multiplié les discours dans le cadre des mémoires de la guerre d’Algérie, en avouant notamment que certains indépendantistes, comme Ali Boumendjel avaient été torturés par les soldats français, alors que leur mort avait été annoncée comme due à un suicide. Hier, le président a rendu hommage aux victimes du massacre de la rue d’Isly.