Dans la nuit du 8 au 9 août 1969, six personnes sont sauvagement assassinées à Los Angeles par la secte de Charles Manson. Retour sur le massacre qui a bouleversé Hollywood et le monde entier.
Dans la nuit du 8 au 9 août, trois adeptes de la secte de Charles Manson s’introduisent dans la villa du réalisateur Roman Polanski à Los Angeles.
Le déroulement des faits
Le réalisateur, en repérage à Londres pour un film, n’est pas chez lui. Cette nuit-là, sa femme Sharon Tate, 26 ans, et quatre autres personnes occupent les lieux : le producteur Wojciech Frykowski et sa fiancée Abigail Folger, le coiffeur des stars Jay Sebring, et un ami du gardien de la villa, Steven Parent.
Pendant que Linda Kasabian, complice et membre de la secte, fait le guet, les trois disciples s’introduisent dans la propriété. Charles “Tex” Watson coupe un câble électrique rendant ainsi impossible toute communication avec l’extérieur. Puis il tue le jeune Steven Parent. A l’intérieur, Atkins et Krenwinkel rassemblent et attachent Sharon Tate, Abigail Folger et Jay Sebring dans le salon. Sharon supplie les deux femmes de la laisser en vie afin qu’elle puisse donner naissance à son bébé, s’offrant même en otage pour tenter de le sauver. En vain, l’actrice reçoit seize coups de poignard et meurt avec son bébé. Par la suite, ses trois amis, Wojciech Frykowski, Abigail Folger et Jay Sebring, sont poignardés ou tués par balle.
Le lendemain, le gardien découvre les corps. Alors que Wojciech Frykowski et Abigail Folger gisent défigurés sur la pelouse, Sharon Tate et Jay Sebring sont, eux, attachés à une poutre du plafond dans le salon. Susan Atkins a même pris le temps d’inscrire sur la porte d’entrée le mot « PIG », « porc », avec une serviette imbibée du sang de Sharon Tate.
A l’époque, personne ne comprend le motif de ces meurtres. Les célébrités craignent d’être une cible potentielle. Aux Etats-Unis, la paranoïa et l’hystérie s’installent et on observe une augmentation significative des ventes d’armes. Il faudra plusieurs mois aux enquêteurs pour retrouver les tueurs.
Qui était Sharon Tate ?
Aînée de quatre filles, Sharon Marie Tate fait ses débuts dans le cinéma à l’âge de 16 ans dans le péplum Barabbas, emmené par Anthony Quinn. Elle apparaît ensuite furtivement dans la série Monsieur Ed. Mais c’est seulement à partir de 1963, quand elle incarne un personnage plus conséquent dans la série The Beverly Hillbillies, que la jeune actrice se fait davantage remarquer. Dès lors, on lui confie des rôles plus importants. On la retrouve notamment dans le Mystère des Treize ou encore dans La Vallée des Poupées. Quelques années plus tard, sur le tournage du Bal des Vampires, elle rencontre Roman Polanski, le réalisateur de cette comédie vampirique. En 1968, elle l’épouse et tombe rapidement enceinte de lui.
Charles Manson et sa secte
A l’origine, il voulait être musicien, il était d’ailleurs fan des Beatles. Dans leur musique, il y entendait des “messages cachés” concernant une supposée « guerre raciale ». En associant des extraits de la Bible (il se prenait pour la réincarnation de Jésus) à des textes de l’« Album blanc » du groupe, Manson avait conçu une étrange prophétie.
Selon lui, les Noirs allaient bientôt dominer les Blancs, puis se tourneraient vers lui pour diriger leur nouvelle nation. Ne voyant pas la prophétie se réaliser, il précipite les choses. Son objectif : créer du chaos en organisant une sorte de « guerre civile » entre Blancs et Noirs. Il commence alors par « inciter » quelques membres de sa communauté (sa “famille”), à aller commettre des assassinats dans les beaux quartiers de Los Angeles. En réalité, les experts soupçonnent Manson d’avoir chercher à « se venger » d’un monde dont on lui refusait l’accès.
Parmi les disciples, majoritairement des jeunes femmes. Lynette Alice, Catherine Louise ou encore Patricia Krenwinkel, elles ont toutes intégré la “ Famille Manson” dans les années 60. Souvent le même profil : les jeunes femmes sont blanches, issues de la classe moyenne américaine, isolées de leur famille et souvent droguées au LSD. On les appelle les “fanatiques du gourou” ou encore la “bande de hippie illuminés”.
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Le procès et les condamnations
Le procès de la « Famille Manson » fut long et coûteux. Charles Manson y apparaît comme un gourou halluciné, complètement drogué, et doté d’un effroyable pouvoir de persuasion. Bien qu’il n’ait pas été lui-même présent sur les lieux des meurtres, et qu’il n’est finalement jamais tué de ses propres mains, le gourou fut finalement déclaré coupable pour avoir été le cerveau des opérations.
Le 29 mars 1971, Charles Manson et trois de ses adeptes sont condamnés à mort mais leur peine est commuée en prison à vie en 1972. Quant à Linda Kasabian, la complice, elle obtient l’immunité en collaborant avec les forces de l’ordre.
A ce jour, trois d’entre eux sont encore vivants : Charles « Tex » Watson (77 ans aujourd’hui) incarcéré dans la prison d’État de Mule Creek ; Leslie Van Houten (73 ans), qui a essuyé le 30 novembre 2020 son 23e refus de libération conditionnelle par les autorités californiennes ; Patricia Krenwinkel (75 ans) quant à elle, est devenue la femme incarcérée le plus longtemps en Californie.
Charles Manson lui, est décédé le 19 novembre 2017 à l’âge de 83 ans.
L’impact de l’affaire ?
Mercredi 9 août marquera le 54ème anniversaire de ce terrible massacre qui a profondément marqué les Etats-Unis et le monde entier.
L’adresse « maudite » 10 050 Cielo Drive a toujours été occupée mais a « changé » dans les années 90.
Aux Etats-Unis, août 1969 et son festival Woodstock (emblématique de la culture hippie des années 60) était censé être le point culminant du “peace and love” hippie, mais l’affaire Manson va bouleverser cet élan.
Aujourd’hui, on ne compte plus les livres sur ces meurtres et sur celui qui les a commandités.
Plus de cinq décennies plus tard, ce terrible événement marque encore les esprits et le cinéma. Mais malgré tout, le 7ème art ne s’est pas tant frotté à cette affaire, dernièrement, dans “Once Upon a time… in Hollywood”, Tarantino dissémine des éléments tirés de l’histoire vraie de Sharon Tate et de la secte de Charles Manson.
Du côté du monde la musique, Marilyn Manson explique avoir choisi ce pseudo en référence à Charles Manson (et Marilyn pour Marilyn Monroe).
L’homme qui a fait frissonner le monde par l’horreur des crimes qu’il a orchestré est aujourd’hui encore une “référence” de la pop culture. À sa mort en 2017, il a même eu le droit à ses “R.I.P” (Repose en paix) sur Twitter.