5 millions, c’est le nombre de chinois vivant et travaillant en dehors du territoire national. C’est en tout cas le chiffre avancé par Jonas Parello-Plesner et Mathieu Duchatel dans leur livre « China’s Strong Arm: Protecting Citizens and Assets Abroad« . Ainsi, avec 5 millions de ressortissants à protéger et des milliards de dollars en jeu, la Chine doit repenser sa politique de non-ingérence dans les affaires internes des autres Etats.
Depuis quelques années, la Chine a envoyé plusieurs millions de citoyens travailler autour de pipelines, de routes et de barrages aux quatre coins du monde : Soudan du Sud, Yémen, Pakistan … Mais ces pays sont des points chauds et la Chine doit intervenir de plus en plus souvent pour protéger ses citoyens. La Chine tourne donc progressivement le dos à la doctrine de non-ingérence dans les affaires internes des Etats, développée par l’ancien premier ministre chinois Zhou Enlai en 1955 lors de la conférence de Bandung.
LA « NOUVELLE ROUTE DE LA SOIE »
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Le projet de « nouvelle route de la soie » du président chinois Xi Jinping joue un rôle important dans l’ouverture de la Chine sur le monde. Ce projet consiste en un vaste plan de soutien étatique aux infrastructures et à la logistique de plusieurs milliards pour améliorer le transport de marchandises et d’énergie entre la Chine et l’Europe.
Ce projet pousse logiquement la Chine à avoir une attitude plus proactive sur la scène internationale afin de protéger ses ressortissants. Mais si l’Empire du milieu intervient de plus en plus à l’étranger, il y a un risque croissant que ses relations avec les Etats-Unis se détériorent, surtout lorsque l’on voit à quel point il existe des tensions entre les deux premières puissances mondiales concernant les revendications chinoises en mer de Chine.
Dans ce contexte, on a donc pu voir la Chine envoyer 700 soldats au Soudan du Sud dans le cadre Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS). Même si on ne doute pas de la volonté de la Chine de pacifier la région pour des raisons humanistes, il ne faut pas oublier que l’entreprise chinoise China National Petroleum Corporation est le premier acteur de l’industrie pétrolière du Soudan du Sud, et elle a dû évacuer au début de l’année 2014 plusieurs centaines d’employés, en l’absence desquels la production de pétrole de la région se trouve considérablement réduite.
REMISE EN CAUSE DU LEADERSHIP AMÉRICAIN
Pendant plus d’un demi siècle, la Chine a respecté la doctrine de non-ingérence si chère à Zhou Enlai car elle symbolisait bien la focalisation du gouvernement chinois sur la stabilité intérieure et le développement économique du pays, mais également le manque d’intérêt pour les problématiques internationales.
Ainsi, l’internationalisation et l’ouverture de la politique chinoise s’est faite de concert avec son expansion militaire, expansion qui a pour objectif de protéger ses actifs à l’étranger mais aussi de contester la domination économique et militaire américaine. Et c’est maintenant aux Etats-Unis de modifier leur politique. Mais le débat fait rage entre les décideurs politiques américains : s’accommoder de l’expansion chinoise ou bien tenter de la contenir.