Le 13 juillet 1965, les femmes françaises sortaient enfin de la tutelle juridique de leur mari. Une étape fondatrice vers leur émancipation économique et sociale. Depuis, d’autres libertés ont été acquises. Retour sur cinq dates qui ont redéfini les droits des femmes.
1965 : fin de la tutelle du mari, début de l’autonomie
Avant 1965, une femme mariée était légalement considérée comme une personne mineure. Elle ne pouvait ni travailler, percevoir un salaire ou ouvrir de compte bancaire sans l’autorisation écrite de son mari. La loi du 13 juillet 1965, portée par le doyen Carbonnier, met fin à cette situation héritée du Code Napoléon.
Elle accorde aux femmes mariées, une capacité juridique pleine et entière leur permettant enfin de signer un contrat, exercer une profession et gérer leurs biens sans l’accord de leur époux. Ce tournant marque le début d’une émancipation économique réelle.
1967 : la contraception légale
Deux ans après la loi de 1965, un autre pilier de la liberté féminine est posé avec la loi Neuwirth. Adoptée en décembre 1967, elle légalise enfin l’usage des contraceptifs, jusque-là interdits par une loi datant de 1920. Cette loi met fin à une époque où informer sur la contraception et y recourir était passible d’amendes voire de prison.
En permettant aux femmes de dissocier sexualité et maternité, cette réforme ouvre la voie à une gestion libre et consciente de leurs corps, de leur vie affective, et de leur avenir professionnel. Malgré une application lente, avec des décrets qui ne paraîtront qu’en 1969, cette avancée a modifier la conception de la condition féminine. Notamment dans son rapport à l’intimité.
1970 : autorité parentale partagée, fin du « chef de famille »
En 1970, le Code civil subit une nouvelle révolution discrète mais majeure. La « puissance paternelle » est abolie au profit de l’autorité parentale conjointe. La loi du 4 juin 1970 stipule que les deux deux parents exercent ensemble la direction morale et matérielle de la famille. Ce qui met fin à la notion de « chef de famille » exclusivement masculine.
Jusqu’alors, seul le père avait voix au chapitre en matière d’éducation, de religion ou de santé des enfants. Cette réforme marque un pas important vers l’égalité dans la sphère familiale. Un terrain où les stéréotypes restent encore ancrés aujourd’hui.
1975 : légalisation de l’IVG, victoire pour le droit de choisir
La loi Veil, adoptée le 20 décembre 1974 et promulguée en janvier 1975, autorité l’interruption volontaire de grossesse, sous conditions. Portée avec courage par Simone Veil, alors ministre de la Santé, cette réforme est une réponse au drame des avortements clandestins.
Initialement votée pour une durée de cinq ans la loi sera pérennisée en 1979. Depuis, elle a été renforcée à plusieurs reprises. Entre la suppression de l’autorité parentale pour les mineures, allongement du délai légal à 14 semaines et prise en charge à 100% par l’Assurance-maladie. En 2024, l’IVG est même inscrite dans la Constitution française. Une première mondiale.
2006 : égalité professionnelle, une obligation légale
L’égalité salariale est un principe posé dès 1972, mais c’est la loi du 23 mars 2006 qui tente de le rendre effectif. Elle oblige les entreprises à engager des négociations sur les écarts de rémunération entre femmes et hommes. Elle prévoit également des mesures concrètes comme l’amélioration du congé maternité ou l’accès accru des femmes aux postes à responsabilité.
Depuis, plusieurs lois ont suivi. En 2011, la loi Coppé-Zimmerman impose 40% de femmes dans les conseils d’administration et en 2021, la loi Rixain étend ces quotas aux directions d’entreprises. Mais les inégalités persistent. À ce rythme, selon certaines estimations, l’égalité salariale réelle n’adviendrait qu’en 2152 pour l’American Association of University Women et 2182 pour le Forum économique mondial.