Alors que vous vous engouffrez dans l’immense hall du parc des expositions de Paris, vous constatez qu’un millier de stands vous attendent : l’angoisse vous prend et, déjà, vous ne savez plus où aller… Arrêtez-vous donc un instant devant le petit salon des flâneries et repartez à l’assaut du salon, mais d’une toute autre manière. En effet, cette année et pour la première fois, le salon permet de suivre douze personnalités du monde littéraire : auteurs, éditeurs, libraires et journalistes… qui vous emmènent avec eux parmi les stands pour vous livrer les coulisses de leur métier. N’ayant pratiquement jamais ouvert un roman policier de ma vie, je me suis pourtant laissée emporter par cette « flânerie littéraire » sur la Série Noire.
A l’initiative de cette nouvelle démarche pour l’édition 2016 du Salon du Livre, on trouve tout d’abord Marie-Rose Guarniéri, libraire et présidente de l’association Verbes. Cette habituée du salon a eu l’idée de ces flâneries après avoir, elle aussi, connu le désarroi devant l’immense foule d’exposants regroupés au Salon du Livre. Marie-Rose Guarniéri a mis en place le projets des flâneries littéraires en collaboration avec Philippe-Louis Coudray, directeur de l’observatoire du livre et de l’écrit en Île de France, Bruno Fresne et Guillaume Gandelot de l’Institut national de formation de la librairie et Vincent Montagne du Syndicat national de l’édition.
J’ai suivi Aurélien Masson, directeur de la série noire aux éditions Gallimard pour une « histoire de la Série Noire ». D’emblée, Aurélien Masson brise l’atmosphère guindée que peut ressentir un non-initié et nous embarque avec lui dans les coulisses de son métier mais aussi dans celles de ses auteurs, de la « famille Gallimard » et du milieu du roman policier. Debout devant son petit auditoire mêlant visiteurs de tout âge, les bras tatoués croisés sur son t-shirt, il brosse une chronologie rapide, précise et nourrie de références personnelles du roman noir, de ses débuts dans les années trente à aujourd’hui. Le roman noir est en effet devenu sociologique : c’est la dimension mise en avant par Aurélien Masson, à la limite de la dystopie qui, tout en construisant de réelles intrigues, met en place de solides critiques de la société.
Le Salon du Livre prend tout à coup une toute nouvelle dimension, beaucoup plus humaine, didactique et ludique par la verve d’Aurélien Masson, tout aussi décontracté que passionné qui déclare en riant : « je ne fais pas un cours pur et dur, tout ça, c’est du ressenti ! » Et c’est bien là la force de ces flâneries littéraires : le ressenti est omniprésent car elles laissent toute la place à la sensibilité des « marcheurs » qui nous emportent dans leur univers. Pour Aurélien Masson, c’est donc son rapport au roman noir, premier amour littéraire de cet élève récalcitrant, qu’il n’a plus jamais quitté et dont il parle comme d’une véritable addiction : « un éditeur c’est quelqu’un qui a un rapport névrotique à la réalité… » Le jeune directeur porte un regard intime sur ce genre et sur ses auteurs dont il parle comme de vieux amis (notamment Caryl Ferry et Doa, à l’honneur cette année).
Les flâneries sont donc une excellente façon de visiter le Salon en se remettant à des marcheurs passionnés, auxquels il est d’ailleurs recommandé de poser des questions : il faut s’attendre à des réponses sans détour et non dépourvue d’humour.
Pour les flâneries littéraires c’est par ici. A noter que l’ancien ministre de la Culture, M. Jack Lang, flânera avec qui le voudra vendredi 18 mars à 16h.
N’oubliez pas de vous inscrire sur le site du salon Livre Paris dans l’onglet « visiter » ou à l’adresse flanerieslittéraire@lemotif.fr