Benoît Hamon a remporté dimanche la primaire organisée par le Parti Socialiste. Il doit maintenant trouver son espace politique entre la gauche sociale révolutionnaire de Jean-Luc Mélenchon et le social-libéralisme d’Emmanuel Macron : le grand écart.
Jamais les dissonances idéologiques au sein de la gauche française n’ont été aussi criantes. Jean-Luc Mélenchon insiste sur la nécessité de rompre avec le système actuel, qui passe par l’instauration d’une sixième République, plus de planification écologique et vers une indépendance de la France face à l’Europe. Toutefois, la victoire de Benoît Hamon réduit considérablement l’espace politique de Jean-Luc Mélenchon. Les deux hommes chassent sur les mêmes terres électorales.
Le candidat de la France insoumise espérait jusqu’ici attirer les électeurs socialistes déçus du quinquennat de François Hollande. Mais ces derniers regardent désormais vers le « frondeur » Benoît Hamon, de même que les communistes, qui ont soutenu du bout des lèvres la candidature de Jean-Luc Mélenchon et dont certains pourraient avoir soutenu Benoît Hamon lors de la primaire.
Benoît Hamon élu, l’espace politique d’Emmanuel Macron élargit
Benoît Hamon, à gauche de la galaxie du Parti Socialiste, a su séduire. Revenu universel, taxes sur les robots ou abrogation de la Loi Travail, les thèmes, souvent porteurs en période de campagne, se heurtent à la réalité du verrouillage des partis politiques. Il sait qu’hormis Arnaud Montebourg, les autres candidats à la primaire ne lui apporteront pas leur soutien. Il s’agit dès lors de rassembler un Parti Socialiste à l’agonie et une gauche plurielle et divisée. La tâche s’annonce délicate à quatre mois de l’élection présidentielle.
Et puis il y a Emmanuel Macron, peut-être le grand gagnant de cette primaire de la gauche. La victoire de Benoît Hamon élargit considérablement l’espace politique du candidat d’En Marche. C’est un boulevard vers le centre gauche, qui s’inscrit dans la mouvance d’un Parti Socialiste désormais convaincu du social-libéralisme porté par François Hollande pendant l’ensemble de son quinquennat. C’est un choix difficile pour les socialistes qui soutiennent encore la gauche. Soutenir Benoît Hamon ou rejoindre le mouvement engagé par Emmanuel Macron, telle est la question.
Les Verts dans la tourmente
Vainqueur de la primaire des Verts face à Cécile Duflot, Yannick Jadot refuse catégoriquement toute alliance. Le candidat d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) souhaite poursuivre en toute indépendance sa route, loin d’une écologie de gouvernement prônée par Cécile Duflot ou Michèle Rivasi, les rivales défaites de la primaire. Si selon le Secrétaire Général d’EELV, David Cormand, 300 parrainages ont été engrangés, la route vers une « écologie cohérente à la ligne politique claire » voulue par le candidat s’annonce compliquée.