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«Upside Down», «Le Cœur a ses raisons», «I want your love» #1Mercredi3Films

Un doux vent de révolution souffle sur les sorties du mois de Mai. Suivons le mouvement, et délaissons pour un temps les très attendus Mud et Stoker pour les gated communities.

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UPSIDE DOWN : COMPTINE PARESSEUSE

Upside-Down-Affiche-FranceIl s’était hissé au rang d’incontournable du printemps, grâce à des photographies ahurissantes : Jim Sturgess, au sommet d’une montagne, tend la main vers ce qui devrait être le ciel, et n’est autre que Kirsten Dunst sur un pic similaire et à la gravité inversée. Plusieurs heures passées à baver devant les clichés ont donné lieu à un triste constat : les images n’avaient pas besoin d’être animées.

Adam vit dans la mauvaise partie du monde, celle qui vend sa matière première au monde supérieur, riche et bien-portant. Il parvient cependant à se hisser au sommet d’une tour qui relie les deux mondes pour travailler sur une crème anti-âge révolutionnaire. Celle-ci utilise la double loi de la gravité pour empêcher la peau de s’affaisser. Adam nourrit l’espoir peut-être de retrouver Eden, souvenir d’enfance d’amour inversée et interdite.

L’histoire est mignonne, les images sont monochromes (bleu-jaune soleil pour le monde du haut, vert-gris pluie pour celui du bas), le ton est enjoué. Étrangement, Upside Down rassure comme un conte au coin du feu, mais ne renverse pas totalement le spectateur. Une fois passé le choc visuel, la trame en elle-même reste basique. La séparation entre les deux mondes est également très appuyée, presque caricaturée, sans jamais être expliquée.

Certes, les scènes de bureaux qui se confrontent sont habiles (et peuvent parfois donner un léger mal de tête), et les acteurs s’amusent avec cette relative loi de Newton. Dommage que le prix à payer pour déjouer la physique eût été de saper l’alchimie de l’histoire. Certains passages détaillés (la première rencontre) plombent le rythme, d’autres sont tellement elliptiques qu’ils deviennent risibles (la notion de la procréation… avec des habits). Non, je me contenterai des images de cette Genèse à 360°.

LE CŒUR A SES RAISONS : TEL-AVIV EN HUIS-CLOS

coeurasesraisonsCertains cas de traduction des titres me laissent perplexe. Comment ne pas voir une référence évidente à un soap parodique Québécois lorsqu’on utilise exactement le même intitulé que ce-dernier ? L’Angleterre avait choisi Fill the void (Remplis le vide), l’Italie La sposa promisa (L’épouse promise), des termes beaucoup plus proches de cette chronique d’une famille Juive à Tel-Aviv, qui est tout sauf ironique.

Esther, Frieda et Shira sont trois sœurs. La première est mariée et enceinte jusqu’aux dents. La seconde, célibataire, attend qu’un membre de la communauté la demande en mariage, et commence à désespérer. La troisième, qui vient d’avoir 18 ans, papillonne entre la synagogue et un possible prétendant. Le destin de la famille est chamboulé lorsqu’Esther meurt en couche.

Les femmes au sein de la communauté Juive, quel curieux sujet. La référence à cette religion a souvent été l’objet d’empathie historique, lorsque ce n’était pas un outil à parodie culturelle (Au nom d’Anna d’Edward Norton en 2000). La place de la femme été souvent reléguée au deuxième plan. La séparation des sexes existe au sein de la religion Juive, dans certains rituels et dans la synagogue. Peu de films avaient jusqu’à présent étudié la part importante que peuvent incarner les femmes.

Shira se trouve confrontée à un choix cornélien : doit-elle suivre son devoir de fille et épouser son beau-frère veuf afin de conserver la lignée sous le toit de Tel-Aviv, ou écouter son cœur et ses envies de mariages idylliques ? Même si la trame ne quitte que très rarement la maisonnée et malgré les contraintes religieuses qui sont filmées, le film se veut libérateur, et donne le portrait d’une jeune femme qui apprend à incarner la modernité et le conservatisme, à l’image de son pays, l’Israël, au carrefour de religions millénaires, mais indépendant depuis une cinquantaine d’années.

I WANT YOUR LOVE : SEX IN FRANCISCO

AFF_IWANTYOURLOVE_40x60.inddDans la même veine que John Cameron Mitchell avec son Shortbus en 2006, la voie du film d’auteur avec scènes très explicites a dû inspirer cet opus sur la communauté gay de San Francisco, en pleine dépression des années 2010. Mitchell avait été bien plus optimiste avec son orgie thérapeutique.

Jesse ne peut plus assumer sa vie d’artiste fauché à San Francisco. Rongé par les dettes, il décide de rentrer chez ses parents en Ohio, plus motivé par le toit gratuit que la vie culturelle. L’histoire se focalise sur ses dernières 36h avant son départ de la ville.

Le projet initial était un court-métrage sorti en 2010. Le même acteur (Jesse Metzger) négociait avec humour sa première fois avec son meilleur ami (Brenden Gregory) la nuit avant son départ de San Francisco. Travis Mathews n’est donc pas un novice du genre porno-dépressif. Car ce qui choque vraiment, ce sont les scènes de sexe. Aucun des acteurs n’a un corps de rêve. Une étrange sensation de malaise voyeuriste nous envahit.

Là où le sexe était jovial et créatif dans Shortbus, il s’inscrit ici dans une logique différente selon les caractères des personnages. En ce sens, il permet d’ouvrir une conception plurielle de l’homosexualité, souvent réduite à la dépravation. Le film fonctionne comme un miroir inversé de Sex & the City, et donne un visage à la communauté d’Armistead Maupin, qui oscille entre création artistique et satisfaction sexuelle, loin de la société de rentabilité et de procréation. Une bulle de savon noir.

http://youtu.be/9MWzZRoavbg

Crédits photos : Warner Bros France, ARP Sélection, KMBO

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