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On débriefe pour vous … Dirk Gently, détective holistique saison 2 (Netflix)

Dirk Gently est de retour ! Avec une deuxième (et ultime?) saison aussi folle, réjouissante et… incompréhensible que la première.

C’est quoi, Dirk Gently, détective holistique ? Détective holistique, Dirk Gently (Samuel Barnett) croit fermement que tout, absolument tout, est connecté. Son travail consiste donc à… ne rien faire, puisque tout est écrit et que les événements se produiront d’eux-mêmes, l’Univers se chargeant de le mener sur la bonne piste. L’Univers, justement, le met en contact avec un certain Todd (Elijah Wood) qui, sans avoir rien demandé, se retrouve embarqué dans bien des mésaventures… Une fois leur première affaire résolue, le duo doit faire face à une nouvelle menace : les portes du royaume fantastique de Wendimoor se sont ouvertes, mettant en péril notre réalité. Dirk va devoir reprendre du service, en commençant par « trouver le garçon ». Mais pas de panique : encore une fois, tout est connecté…

Tenter de résumer Dirk Gently est une vraie gageure : l’histoire est déjà totalement abracadabrante, et la série en elle-même est complètement excentrique voire déjantée. Il faut dire qu’elle est inspirée des romans de Douglas Adams, écrivain-culte qui n’est jamais le dernier en terme de loufoquerie…  En adaptant son œuvre, Max Landis réussit le tour de force de retranscrire merveilleusement cet univers foutraque à l’écran : il crée un monde en apparence absurde, halluciné et hallucinant, auquel (soyons honnêtes), on n’est pas certain d’avoir tout compris. Et pourtant, cette confusion ne nuit en rien au plaisir ressenti : il est même réjouissant de perdre tout repère et de passer de l’étonnement à la sidération, en même temps que des personnages aussi perdus et déstabilisés que nous.  

Et il y a de quoi l’être ! Jugez plutôt : en saison 1, on a vu des voyageurs spatio-temporels, des âmes transmutées,  des chats transformés en requins et des filles transformées en chiens, des assassins et des enquêteurs holistiques. Entre autres. Et ça ne s’arrange pas avec la saison 2… Deux mois plus tard, nous voici dans un monde de fantasy médiévale, où un chevalier doit accomplir une prophétie impliquant un certain Dirk Gently. Dirk, justement, est retenu prisonnier par une organisation gouvernementale, en raison de ses aptitudes jugées « spéciales ». De son côté, Todd est à la recherche de son ami, mais il est désormais malade, atteint du même mal mystérieux qui a frappé sa sœur Amanda.  Laquelle cherche son frère en suivant des visions prémonitoires.  Et pour finir en beauté, une mère de famille frustrée trouve une baguette magique et l’utilise à mauvais escient, s’attirant les foudres d’un méchant sorcier… On vous avait prévenu : c’est toujours aussi loufdingue !

Direction Wendimoor, royaume de fantasy médiévale (et capillaire)

 

Centrées sur des affaires différentes, les deux saisons sont pourtant liées par l’atmosphère dingue voire hystérique, la continuité de certaines intrigues et les multiples allusions à la saison 1. Indéniablement, le spectateur désormais familier du concept et de la mécanique de la série la trouvera un peu moins déroutante… Si elle perd malheureusement de sa capacité à surprendre, Dirk Gently gagne en revanche en profondeur, avec un scénario plus riche dans sa construction. Cette fois, les épisodes entremêlent une intrigue principale (l’enquête liée à la prophétie) et plusieurs intrigues secondaires. Confuses et indépendantes au premier abord, on comprend vite qu’elles sont toutes… connectées. Et l’on se prend au jeu, en tentant de deviner le lien (holistique) entre les événements.

Les personnages bénéficient de davantage d’espace et de profondeur.  Hormis certains seconds rôles un peu trop en retrait , ils sont pour la plupart captivants car remarquablement définis et caractérisés, au centre d’un récit qui leur est consacré. Tous sont en outre confrontés à de grandes questions existentielles, présentes en arrière-plan et suggérées sans être martelées : la construction de l’identité, la possibilité de changer, et surtout le libre-arbitre. Car peut-on encore influer sur le cours des événements si tout est vraiment connecté, qui plus est lié à une prophétie ?

Todd, Dirk Gently et Farah. Toujours connectés

 

Les acteurs sont excellents,  capables de jouer avec naturel des personnages totalement fous. – à l’exception d’Alan Tudik, un peu trop dans le second degré…  A cette réserve près, Elijah Wood et Samuel Barnett forment un duo épatant, dont la complicité est  évidente ; Fiora Dourif est géniale dans le rôle d’une tueuse holistique complètement barrée ; Jade Eshete  trouve avec Farah le seul personnage à peu près normal de la série ; John Hannah campe un super-magicien maléfique ; Michael Eklund, surprend en leader d’un trio de cyber-punks (ou un truc dans le genre…) On ressent tout le plaisir que les comédiens ont eu à incarner leurs personnages respectifs, ce qui donne à la série une dimension extrêmement sympathique et rafraîchissante.

L’autre grande qualité de Dirk Gently tient à sa mise en oeuvre. Aussi délirante soit-elle, elle parvient à embarquer le spectateur dans son délire, grâce à la réalisation inspirée de Paco Cabezas (Into the Badlands, The Alienist),  une photographie tour à tour crépusculaire ou psychédélique (fantastique royaume de Wendimoor aux couleurs criardes), des dialogues dont l’humour subtil contrebalance celui plus grotesque des situations, et  une musique en totale adéquation avec toute cette atmosphère onirique. L’ensemble permet à Dirk Gently de laisser libre court à sa créativité et à son imagination débordante. Et vous l’aurez compris : elle n’en manque pas…

Dirk Gently n’est certainement pas une série que l’on conseillera à tout le monde. Excentrique et outrancière, cherchant sans cesse à déstabiliser son public, elle demande une attention soutenue et surtout un lâcher-prise. Délicieuse et réjouissante si l’on accepte de se laisser porter sans tout comprendre, elle se révélera frustrante et sans intérêt pour qui reste réfractaire à son style si particulier. Mais ceux qui ont aimé la première saison seront enchantés par la cette saison 2 – sans doute la dernière, Dirk Gently n’ayant pas été renouvelée par la BBC. Au grand dam des fans, qui espèrent encore que Netflix, en tant que co-producteur et diffuseur, la sauvera de l’annulation. On n’est guère optimiste mais, après tout, on a vu des choses plus surprenantes. Surtout avec Dirk Gently...

Dirk Gently (BBC America / Netflix)
Saison 2 – 10 épisodes
Disponible sur Netflix

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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