Classique et efficace, le pilote de The Rookie est prometteur. Mais comme son héros, la nouvelle série de ABC doit encore faire ses preuves.
C’est quoi, The Rookie ? A plus de 40 ans, John Nolan (Nathan Fillion) est à un tournant de sa vie. Sa femme l’a quitté et son fils part à l’université ; un incident achève de le plonger en pleine crise existentielle. Notre homme décide alors de tout quitter pour réaliser un vieux rêve : il part s’installer en Californie et rejoint les rangs de la police de Los Angeles aux côtés des autres « bleus ». Il n’est pourtant pas une nouvelle recrue comme les autres : son âge lui donne l’avantage de l’expérience, mais lui vaut aussi les moqueries, le scepticisme voire l’hostilité de ses collègues et de ses supérieurs. A lui de se faire une place et de convaincre.
On l’admet : l’attrait premier de The Rookie tient à un nom – celui de son interprète principal, Nathan Fillion. Un acteur ultra-populaire, qu’on retrouve donc en tête d’affiche de la nouvelle série policière de ABC. Née de l’imagination d’Alexi Hawley (qui a notamment travaillé – tiens donc ! – sur Castle) d’après une histoire vraie, The Rookie ne fait pas grand-chose de neuf a priori, mais elle le fait bien ; elle semble aussi avoir le potentiel nécessaire pour accrocher son public et la marge de manœuvre suffisante pour monter en puissance. Et si le héros semble avoir été créé sur mesure pour Nathan Fillion, le pilote se focalise moins sur son personnage que ce que l’on pourrait croire.
Procedural classique qui n’est pas sans rappeler Rookie Blue, la série s’appuie sur une prémisse qui lui permet de se démarquer légèrement : Nolan n’est pas une recrue comme les autres. A 40 ans, cet entrepreneur de Pennsylvanie a raté son mariage et a l’impression d’être passé à côté de sa vie. Un incident a provoqué le choc dont il avait besoin pour reprendre son existence en mains : il décide de poursuivre un rêve qu’il n’a jamais eu le cran de tenter de réaliser et devient officier de police à Los Angeles.
Neuf mois plus tard, nous le retrouvons lors de son premier jour au LAPD. Il n’est pas le seul nouveau venu au sein du commissariat puisque Lucy Chen (Melissa O’Neil) et Jackson West (Titus Makin) font également leurs premiers pas dans la police. Chacun avec un vécu et une personnalité qui leur est propre, ils découvrent la réalité du terrain et doivent prouver qu’ils sont aptes à faire ce métier lors des tests constants que leur imposent leurs instructeurs. En l’occurrence, Nolan fait équipe avec l’ambitieuse Talia Bishop (Afton Williiamson), tandis que Chen travaille aux côtés de Tim Bradford (Eric Winter), un officier raciste aux méthodes agressives, et West patrouille avec Angela Lopez (Alyssa Diaz).
L’enthousiasme de Nolan peut-il compenser le fait qu’il a 10 ans de plus (voire 20) que ses collègues ? Son âge fait en tous cas de lui la cible des moqueries et taquineries des agents et lui vaut l’hostilité de son supérieur le sergent Gray (Richard T. Jones), convaincu que John est trop vieux pour apprendre le métier et représente un danger sur le terrain. Avec une justesse pleine d’ironie cruelle, il le définit comme « une crise de la quarantaine vivante » et lui indique clairement qu’il fera tout pour le pousser à la démission. Pourtant, et malgré des erreurs et des méthodes plutôt inhabituelles, John laisse entrevoir du potentiel.
Écrit par Hawley, le pilote fait parfaitement le job : entre humour et drama, il introduit rapidement et efficacement la situation de départ, les personnages et les relations qui se dessinent entre eux, au gré des différentes interventions qu’ils accomplissent lors de leur premier jour. Rien de bien original mais, encore une fois, The Rookie exploite convenablement chacune de ces situations pour donner une première idée de ses personnages. L’idée de filmer certaines séquences à l’aide des caméras embarquées fixées sur les agents, quoi que timide, permet de dynamiser l’action de manière réaliste.
Habitué à l’exercice, Nathan Fillion remplit son rôle de manière convaincante. Malgré quelques envolées un peu trop emphatiques, le personnage est solidement construit et susceptible de gagner en profondeur. Il est facile de s’attacher à cet homme qui a tout à prouver (aux autres et à lui-même), et qui poursuit son rêve malgré les obstacles et les préjugés. Le reste de la distribution forme un groupe aussi divers que cohérent, qui permet de présenter d’autres points de vue – Lucy Chen et Tim Bradford se détachant du lot, notamment grâce à arrière-plan que la série commence à introduire (la première entretient une liaison secrète avec Nolan : le second traverse une épreuve familiale). À la fin de l’épisode, The Rookie s’annonce comme une série agréable à suivre, et tout est en place pour entrer dans le vif du sujet. C’est maintenant ce qu’on attend de la série : qu’elle mette à profit la situation de départ pour se démarquer, creuser les personnages et les histoires qu’elle entend raconter.
Un pilote simple et classique, mais aussi solide et efficace : on se dit que The Rookie sait ce qu’elle fait, et qu’elle le fait bien. Avec un équilibre satisfaisant entre légèreté et drama, de bons acteurs, un héros au parcours original et une structure narrative éprouvée, The Rookie ouvre la voie à plusieurs intrigues et personnages a priori intéressants. Reste à voir si la série parviendra à exploiter ce début plutôt convaincant. Elle semble en tous cas avoir la marge de manœuvre et le potentiel pour le faire.
The Rookie (ABC)
Inédite en France.
Épisodes de 40′ environ.