La Sucrière, lieu phare de la Biennale d’Art Contemporain de Lyon, avec son rooftop adoré des habitants , abrite en ce moment l’exposition itinérante ‘Da Vinci: les inventions d’un génie’. Vendue comme la plus grande exposition itinérante du monde, arrivant tout droit de Milan, elle attire les foules. Nous y sommes allés pour vous.
Un fond respectable
«200 inventions et objets», voilà ce que l’exposition promet. En effet, c’est à travers de multiples modules d’ébénisterie, esquisses et tableaux que le visiteur peut errer dans cette exposition. Il s’agit presque essentiellement de reproductions, les conditions de conservation des originaux ne permettant pas de les montrer aux publics.
Pour les amateurs de l’artiste et inventeur, tout comme pour les néophytes, c’est l’occasion d’en apprendre beaucoup plus sur le travail technique de Da Vinci, en sortant de ce que l’on voit habituellement, c’est à dire ses peintures.
De plus, certaines salles abritent aussi des croquis et estampes (originaux, ici) d’autres artistes italiens de renom, comme Raphaël ou Michel Ange. On parle à la fois du processus d’invention mais aussi du processus de peinture. On note aussi le dernier couloir, constitué d’œuvres d’Antonio Nunzanto, peintre contemporain qui utilise les techniques de Da Vinci. Original, assez dense pour nourrir les plus curieux.
Prometteur, non? Attendez la suite…
Une forme…qui aurait pu être meilleure
Ce qu’il faut savoir avec les expositions itinérantes, c’est que pour le lieu d’accueil, il s’agit d’acheter un produit tout fait, qu’il n’a plus qu’à poser entre ses murs. Cette exposition existe déjà depuis plusieurs année, et a pu voir Berlin, Milan ou encore Bruxelles, lieu de son élaboration. Malheureusement, on sent cette usure.
Les cartels? Des feuilles A4, pour la plupart arrachées, et mal traduites, collées à côté des œuvres. La scénographie? Trop petite pour le lieu, qui se suffit de mettre deux chaises pour empêcher les gens de passer à l’extérieur. Et les œuvres? Ici, on note un des gros problèmes: la première salle accueille des mécanismes manipulables, mais pas le reste. À cause de cette mise en place, les enfants vont jouer – assez violemment parfois – avec toutes les reproduction, malgré la présence d’étiquettes, elles aussi arrachées ceci dit, qui interdisent de les toucher.
Mais le pire est sûrement la «reproduction» de La Cène, sur une sorte de nappe en plastique, collée, très visiblement, avec du gaffeur noir, qui dépasse largement sur l’œuvre. Et non, l’expo ne viens pas de s’installer, puisqu’elle est au Sucre depuis le 13 Septembre 2018.
En fin de parcours, grande surprise, aucune note ne mentionnant les artisans qui ont construit les maquettes, les financeurs, ou les scénographes. Auraient-ils honte? Ou serait-ce encore un oubli? Parce que oui, des oublis il y en a aussi. Des cartels manquant ou qui ne désignent pas ce de quoi ils parlent, aucun médiateur et/ou gardes de salles – ce qui n’améliore pas le problèmes des enfants qui manipulent toutes les maquettes.
C’est bien dommage, on y croyait nous, en cette exposition!
Du coup, on y va ou pas?
En soi, il est assez compliqué de se concentrer sur la matière de recherche lorsque l’exposition paraît aussi amateure. Mais il ne faut pas nier le travail de recherche, reproduction et artisanat fourni, qui est tout de même de qualité.
Notre conseil; allez en bibliothèque, au moins, ce sera agréable à lire. Mais si vous voulez voir un cas d’école d’exposition bien pensée mais mal exécutée, alors allez-y ! Au final, c’est surtout le travail des ébénistes et maquettiste qui est admirable, dommage qu’on ne connaisse pas leurs noms…
Problèmes d’argents, besoin de remplir l’agenda… On ne sait pas trop ce qui pousse le lieu à accepter cette malheureuse exécution. Malgré tout, le Sucre accueillera en 2019 une exposition sur le photographe Steve McCurry, alors gardons espoir!
L’exposition est à voir jusqu’au 13/01/2019, aux tarifs de 8 euros pour les étudiants et 13 euros en tarif plein.