A l’occasion de la sortie en DVD de la saison 1 de Mike Hammer, on s’est replongé dans son premier pilote, « Si tu me tues, je te tue » sortie en 1983.
L’adaptation du personnage culte de Mickey Spillane, Mike Hammer, en série a été assez tumultueuse. Il y a d’abord eu une première version portée par Darren McGavin (le héros de Kolchak) en 1958, avant de ressurgir quelques 30 ans plus tard, d’abord sur CBS, puis en syndication. Mais avant de devenir une série régulière (avec une première saison assez courte, 10 épisodes), Mike Hammer a connu 2 pilotes : un en 1983 (qui nous intéresse ici) et un autre en 1984 (« Il pleut des cadavres ») et qui va vraiment lancer la série.
Ces 2 pilotes sont disponibles dans la version actuellement éditée par Elephant.
C’est quoi « Si tu me tues je te tue » ? Hammer retrouve « la seule femme qu’il a demandé en mariage » avant de partir au Vietnam au début des années 60. Impliquée dans une sombre histoire, elle lui demande de la protéger alors qu’elle s’apprête à témoigner dans un procès important. Assassinée en plein procès, elle meurt non sans avoir pu révéler qu’elle a eu une fille de lui, Michelle, et qui pourrait aussi être en danger. Il se lance alors sur ses traces mais il n’est assurément pas le seul.
Ce premier épisode de la nouvelle version portée par Stacy Keach dans le rôle titre est efficace de bout en bout. Si évidemment la série s’inscrit dans une époque qui paraît « lointaine » quand on voit les rapports de Hammer avec les femmes (impensable aujourd’hui), elle correspond à l’archétype du privé new-yorkais tel qu’on se l’imagine, chapeau de travers sur la tête, enquêtant dans les rues d’un New-York comme on ne le connaît plus aujourd’hui (c’est-à-dire avant la politique de tolérance 0 des années 90, ruelles sombres et sales, inquiétantes aussi), des éléments auxquels on ajoute la voix off qui accompagne les déambulations du privé, une secrétaire Velda, glamour à souhait (Tanya Roberts ici, remplacée ensuite par Lyndsay Bloom). Le tout parsemé d’action, de rebondissements (certes un peu daté) et la sublime musique jazzy de Erale Hagen, lancinante et efficace.
Stacy Keach porte ce personnage de bout en bout avec une classe folle et une désinvolture qui lui va à merveille. En VF, il a pour lui d’être accompagné de la magnifique voix de Serge Sauvion, qui est aussi celle de Columbo (qui a lui aussi ce côté privé à l’ancienne dans ses enquêtes). Dans cette édition DVD, la série a été parfaitement remasterisée et permet de se replonger instantanément dans cette série qui, outre son contexte « date », fonctionne toujours à plein pot. Le passé de Hammer y est abordé, marqué par le traumatisme du Vietnam comme beaucoup de héros de séries des années 80. Son statut de personnage maudit entraînant dans la mort les personnes qu’il aime se dessine de manière dramatique dans ce premier pilote, tout comme la « froideur » de ses réactions qui façonne ce personne tout en dessinant une façon aussi de caractériser les personnages de séries à cette époque. Peu de séries feuilletonnantes dans le polar (même si Hill Street Blues existe déjà) donc peu de places au trauma d’une disparition car l’épisode se termine et le suivant arrive. Dans ce cas précis, cela permet de mieux capter ce qui fait le sel de privé atypique et comme on en fait plus.