Les informations récurrentes émanant de la province du Xinjang sont toujours aussi préoccupantes concernant le sort des ouïghours. Il est de mise de revenir sur les points clés du plus grand internement de masse de notre ère, encore trop peu médiatisé.
De qui s’agit-il ?
Les ouïghours sont une population turcophone de confession musulmane sunnite. Au nombre de 11 millions d’habitants, ils résident dans la province du Xinjang, territoire sous souveraineté de Pékin. Une minorité dans le viseur du parti communiste chinois. Son objectif : éradiquer la culture ouïghoure.
Un système répressif orchestré par le totalitarisme chinois
Alors, sous couvert d’appliquer une politique de lutte contre l’Islam radical et la déradicalisation, les autorités pékinoises s’octroient le droit de persécuter des millions d’humains. Le processus de répression entamé depuis 2012, qui s’intensifie nettement depuis 2018, induit la mise en place de nombreux outils inhérents au régime totalitaire.
En outre, il convient de souligner la communication de l’Etat chinois vis-à-vis de la minorité musulmane. Ce dernier, tend à diaboliser les croyants musulman, qui seraient une menace pour la sécurité du pays : “Nous devons utiliser les moyens de la dictature populaire pour éliminer l’islam radical“ (Discours de Xi Jinping). Ainsi, les médias étant sous la mainmise du gouvernement, la propagande communiste fleurit tant à la télévision que sur les réseaux sociaux. D’autre part, la terreur fait partie intégrante du procédé chinois et les ouïghours sont à chaque instant sous la menace de condamnations, voire à fortiori de la peine capitale. “Nous ne devons absolument avoir aucune pitié“, a affirmé le président chinois.
La persécution se matérialise par divers canaux. L’Etat a, en effet, mis en place une multitude de camps de rééducation où seraient déportés et retenus 1 million de ouïghours, selon les informations de Humans Right Watch, sur une population de 11 millions . Alors, si nous ne disposons que de très peu d’images ni de vidéos, en raison de la muraille étatique chinoise, de nombreux témoignages ont été recueillis par les organisations non gouvernementales mobilisées sur le sujet. Tous les protagonistes relatent un quotidien dans les camps marqué par la surpopulation, la maltraitante et le lavage de cerveaux. En ce sens, parmi les opposants, d’aucuns conçoivent ces camps de rééducation davantage comme des camps de concentration.
Pour autant, la répression ne s’arrête pas aux portes des camps. Elle s’exerce au sein même des quartiers de Xinjang, où la peur est omniprésente, principalement chez les femmes. Elles se retrouvent assujetties à un système renforcé du contrôle des naissances. Animé par l’objectif de réduire la population ouïghour, l’Etat soumet les femmes à des avortements contraints, à la pose forcée de stérilets… Ce qui a contribué à une baisse de 24 % de la population sur la période 2018 – 2019. À titre de comparaison la population nationale n’a baissé, elle, que de 4 %.
Une communauté internationale impassible ?
On peut aisément se demander pour quelles raisons cette énième violation des droits de l’Homme du régime chinois ne suscite pas de réactions et d’actes majeurs de la part de la communauté internationale. La principale réponse se trouve supposément dans le fait que la Chine est devenue un allié économique dont on ne peut se priver sur le marché international. Le géant commercial, l’ayant une nouvelle fois démontré au cours de la pandémie, apparaissant comme l’un des seuls pays à couvrir ses besoins nationaux en matière de masques, venant au secours des autres pays impactés sur la planète.
Le chef de l’État français, Emmanuel Macron, n’a, quant à lui, pas prononcé publiquement le mot “ouïghour“ depuis l’entame de son mandat. À ne pas omettre tout de même, la prise de parole du Ministre des Affaires Etrangères, Jean Yves le Drian, qui proposa fin juillet la dépêche d’observateurs indépendants investis de rendre compte de la situation.
Pour autant, nous ne pouvons négliger, l’engagement total d’un élu français, qui se retrouve globalement bien seul sur ce sujet. Il s’agit de Raphaël Glucksmann, eurodéputé, qui n’a cessé ces derniers mois, par le biais des radios et télévisions françaises d’exposer la réalité tragique de la situation. Ce dernier s’indigne du fait que ces individus “sont condamnés non pas pour ce qu’ils font mais pour ce qu’ils sont“. Une mobilisation qui ne fut pas vaine. Avec l’appui de nombreux de ses partisans, il est parvenu à faire céder la marque Lacoste et Adidas qui ont promis ne plus collaborer avec des sous-traitants qui employaient des travailleurs forcés ouïghours.
Dans cette perspective, face à ce que d’aucuns dénomment un “ génocide “, une mobilisation totale, internationale semble inexorable afin de mettre un terme au plus grand internement de masse du XXIème siècle.