Une nonne contre une intelligence artificielle : c’est Mrs Davis, la nouvelle série complètement folle de Damon Lindelof.
C’est quoi, Mrs Davis ? Mrs Davis est une intelligence artificielle toute-puissante et omnisciente, qui domine le monde et dicte à tous ses utilisateurs la moindre décision. Parmi les rares réfractaires à l’algorithme, Simone (Betty Gilpin) est une religieuse qui fabrique des confitures dans son couvent ; elle déteste Mrs Davis qu’elle rend responsable de la mort de son père. Mais lorsque Mrs Davis la retrouve et commence à la harceler, Simone conclut un pacte avec elle : si elle trouve le Saint Graal, l’intelligence artificielle s’autodétruira. La nonne part alors dans une quête complètement folle à travers le monde, à l’arrière de la moto de son ex-petit ami Wiley (Jake McDorman).
En tant que fan de séries, si vous cherchez quelque chose de différent, d’inattendu et qui vous sorte de votre zone de confort, on a ce qu’il vous faut : Mrs Davis. Une série audacieuse voire déjantée, qui vous fera tomber de votre canapé à chaque épisode. Jugez plutôt :une bonne sœur adepte de la castagne cherche à détruire une intelligence artificielle ; pour y parvenir, elle doit trouver le Saint Graal. En chemin, elle rencontre Jésus-Christ (qui travaille dans un kebab), des résistants pas très malins, des nazis, la vierge Marie, le Pape, une confrérie féministe, un savant fou nommé Schrödinger (bien sûr, il a un chat)… et bien d’autres choses encore. Voilà, voilà.
Mrs Davis est née de la collaboration entre Damon Lindelof et Tara Hernández. Qui connaît le travail de Lindelof ne sera pas surpris de retrouver les principaux sujets de réflexion et les mécanismes chers au créateur de Lost et de The Leftovers : foi contre science, libre-arbitre, mystères, conspiration occulte, force supérieure qui nous dépasse (qu’on l’appelle Dieu ou algorithme). Et aussi fous soient-ils, aucun des événements qui se produisent ici n’est plus étrange que ce qui se passe dans Lost. En revanche, c’est le ton qui est complètement différent, avec un côté farfelu et extravagant apporté par Tara Hernandez, scénariste de The Big Bang theory et Young Sheldon : un humour absurde et une ironie, une fantaisie et une folie douce imprègnent toute l’histoire.
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Pour le meilleur ou pour le pire, ce partenariat donne quelque chose d’unique… et un joyeux fourre-tout. Qui commence par un prologue se déroulant au Moyen-âge, montrant une baston entre des nonnes et des templiers, avant de basculer dans le présent. L’histoire se met alors en place de façon chaotique. On découvre Mrs Davis, cette intelligence artificielle toute puissante, et aussi Simone, la nonne qui va s’opposer à elle. Les premiers épisodes accumulent les mystères et les situations bizarres, au point qu’on a du mal à comprendre tout ce qui se passe ; la seconde moitié de la série apporte des explications et toutes les pièces du puzzle s’emboîtent. Et au fur et à mesure que l’on suit Simone et son ex dans leur road trip complètement fou, des intrigues secondaires et des flash-back apparaissent pour lever le voile sur le passé des différents personnages.
Impossible de résumer Mrs Davis. Mais il y a du mystère, de l’action (10/10 pour l’explosion du camion transportant des confitures, visé par un missile…), du suspense, des scènes hallucinantes et hallucinées, des conspirations, de l’humour, des moments absurdes, un rythme effréné et un sens de la narration inspiré. En fait, Lindelof et Hernandez se sont accordés toute la liberté de création possible, n’ont reculé devant rien… et se sont certainement beaucoup amusés.
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C’est l’immense atout de la série : elle nous emporte dans son délire et, si on adhère à toute sa folie, on s’amuse beaucoup nous aussi. Il y a une désinvolture étonnante. Mrs Davis ne se prend pas au sérieux, elle est complètement dingue et elle le sait. C’est un mélange hétéroclite de personnages, de tropes, d’iconographie, de références. Du Monty Python avec un humour absurde, du Preacher avec une violence pop exacerbée, du Dirk Gently pour le côté surréaliste. Et une multitude de pastiches et de clins d ‘œil : on pense pêle-mêle à Indiana Jones, The Big Lebowski, Le cinquième Élément, Excalibur, Sacré Graal, aux classiques du western… et même à Lost. Un personnage portant le nom d’un philosophe célèbre (hum) tente désespérément de s’échapper d’une île déserte (hum hum).
Au milieu de cet univers foutraque, on croise une galerie de personnages inénarrables interprétés par des acteurs qui, visiblement, se régalent dans des rôles délicieusement farfelus. Citons entre autres David Arquette, Margo Martindale, Jake McDorman, Andy McQueen, Katja Herbers ou Ben Chaplin. Et surtout Betty Gilpin, éblouissante dans le rôle de Simone, cette religieuse atypique déterminée à retrouver le Saint Graal pour anéantir Mrs Davis. L’actrice de Glow offre une performance extraordinaire, grâce à laquelle la série reste dans une espèce de surréalisme halluciné et évite de basculer complètement dans le grotesque.
Et franchement, entre l’histoire rocambolesque, les personnages cinglés et le fatras de références, c’était loin d’être évident. Mrs Davis, c’est un petit miracle : sur le papier, RIEN ne devrait fonctionner ; par on ne sait quelle magie, c’est pourtant le cas. C’est une série dingue, déstabilisante, addictive… et surtout unique en son genre. Qu’aucune intelligence artificielle n’aurait pu imaginer.
Série hors norme qui repousse toutes les limites de l’extravagance, ne s’interdit rien et construit un récit volontairement déstabilisant, Mrs Davis ne laissera personne indifférent. Certains vont l’adorer et d’autres la détester. Soit on se laisse emporter dans cet univers complètement barré et on trouve que Mrs Davis est un coup de génie, soit on lève les yeux au ciel et on a l’impression qu’on se fout de notre gu… Avec deux atouts indéniables : dès les premières scènes, on sait à quelle catégorie on appartient et, si on se lance dans l’aventure, on est tenu en haleine jusqu’à la dernière scène. Parce que, avec Mrs Davis, tout est possible et tout, absolument tout, peut arriver.
Mrs Davis.
8 X 50′
Le 21 Octobre sur Warner TV et en replay