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Ça voulait dire quoi « faire son service militaire » ?

Alors que les débats autour d’un retour du service militaire font parler, beaucoup sont à n’avoir jamais connu ce rituel. Le temps est venu de se replonger dans ce qu’« avoir fait son service militaire » signifiait réellement.

Depuis 1798 jusqu’à la suspension de la conscription en 1997, « faire son service militaire » en France impliquait une organisation précise. Recrutement, incorporation, formation, affectation. Souvent vécue comme un rituel de passage (voulu ou pas), il durait plus d’un an. L’objectif principal du service militaire était de permettre à l’État de disposer d’un vivier régulier de soldats. C’est-à-dire une armée capable de mobiliser rapidement des effectifs en cas de conflit ou de crise. Voici comment cela se déroulait concrètement.

Du recensement à l’incorporation

Tout commençait par le recensement obligatoire. Tout jeune homme concerné devrait se faire recenser, afin d’être inscrit sur les listes susceptibles d’être appelées. L’appel au service national visait surtout les jeunes hommes autour de 18 ans, voire entre 18 et 22 ans selon les possibilités de report. La convocation suivait : l’État envoyait une convocation aux personnes concernées pour les informer de leur incorporation. Une fois la convocation reçue, les appelés se présentaient pour ce qu’on appelait les « trois jours« . Une période de sélection initiale en caserne. Au cours de ces trois jours, les recrues subissaient des examens médicaux, des tests, des contrôles administratifs. C’était l’étape qui permettait de les juger « aptes » ou non pour le service, voire de les orienter selon leur état ou profil.

Lorsque la conscription traditionnelle s’est transformée en Service national, avec la loi du 9 juillet 1965 (loi Messmer), l’organisation s’est adaptée. Le service national pouvait prendre plusieurs formes. Le « service de défense » (militaire), mais aussi des services civils, comme l’aide technique ou la coopération. Objectif : offrir des alternatives pour ceux qui n’étaient pas destinés à un service armé.

Vie en caserne ou service civil

Quand l’appelé était affecté à une unité militaire, il entrait alors dans la vie en caserne. Encadrement, horaires disciplinés, entraînement, travail collectif. C’était le cadre traditionnel avec la formation initiale, l’apprentissage des règles militaires, la hiérarchie, la cohésion entre appelés. Mais l’affectation dépendait des besoins, du profil, des résultats des « trois jours ». Ce qui signifiait que l’expérience variait beaucoup d’un jeune à l’autre.

Lorsqu’un appelé était orienté vers une forme civile du service national, alors il n’était pas nécessairement en uniforme, ni logé en caserne. Il pouvait être affecté à des missions d’aide technique, de coopération, ou dans d’autres services civils. Une modalité mise en place pour moderniser le système et l’adapter aux évolutions sociales et économiques.

Durée du service militaire

La durée du service a varié selon les périodes et les réformes. En 1963, la durée avait été fixée à 16 mois (oui, c’est long). Avec la loi de 1965, le service national actif entrait en vigueur. Puis la loi du 9 juillet 1970, souvent appelée loi Debré, a ramené la durée du service à 12 mois (1 an quand même). Le tout en modifiant les modalités de l’appel et du service. En 1992, une nouvelle réforme (loi Joxe) a réduit cette durée à 10 mois pour la plupart des formes de service, sauf pour certains cas particulier.

Ces ajustements successifs avaient pour but d’adapter le service national aux réalités du pays. Aux parcours d’études plus longs, aux aspirations des jeunes, aux besoins évolutifs de l’État. Mais aussi une contestation grandissante vis-à-vis du service.

Une formation militaire

Un des volets fondamentaux du service militaire était ce qu’on appelait « l’école du soldat ». Une série d’exercices destinés à habituer le conscrit à la discipline, aux mouvements collectifs et aux gestes militaires. On y apprenait des mouvements comme le “garde-à-vous”, le “repos”, les demi-tours, les quart-de-tours ou les changements de direction en rang, l’alignement de la troupe, le “pas cadencé” (marche en cadence, souvent 120 pas par minute) d’abord sans arme, puis avec arme.

Une fois ces bases acquises, l’instruction s’étendait aux exercices avec arme : maniement du fusil (porter l’arme, la présenter, la “mettre sur l’épaule”, la “reposer”), apprendre à charger/décharger, approvisionner/désapprovisionner, tir, parfois par salves ou à cartouches comptées, tir en position debout, à genou, couchée, en ordre serré, mais aussi entraînements au combat rapproché.

L’instruction comprenait aussi des exercices physiques et de marche : course, gymnastique, entraînements physiques, marches (parfois longues), marche avec sac, marche en colonne, déplacement collectif, bivouacs ou cantonnements, service en campagne. Pour un fantassin, la marche (même chargée) était une compétence essentielle, formée dès les premiers mois.

Enfin, pour les unités concernées ou selon l’affectation, il y avait des exercices collectifs, manœuvres de section ou de compagnie. Manœuvres d’unité, service de sûreté en marche ou en station, garde ou sentinelle, patrouilles, exercices de nuit, campement, bivouac, marche de résistance. Tout ceci visant à habituer le conscrit à la vie en unité, à la coordination collective, à l’endurance, et aux contraintes d’un “service en campagne”.

Une organisation structurée, mais inégalement perçue

Le dispositif de service militaire reposait sur une structure claire : recensement, convocation, sélection, incorporation, affectation, durée définie. Cela faisait partie d’un système bien huilé, régulé par des lois successives. Mais cette organisation ne signifiait pas une expérience uniforme : l’“appel”, le “service”, le “service national” n’étaient pas vécus de la même façon selon l’affectation, la période, le contexte.

Pour beaucoup, c’était un moment marquant : un passage à l’âge adulte, une prise de responsabilité, un “devoir citoyen”. Pour d’autres, c’était une contrainte, une interruption, des projets suspendus, une vie mise en pause, parfois un décalage social ou professionnel.

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