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C’est quoi ce “label des médias” souhaité par l’Élysée ?

Un projet de “label des médias” d’Emmanuel Macron ravive le débat sur liberté de la presse et lutte contre la désinformation. Mais en quoi consiste-t-il ?

L’idée d’un “label des médias” qu’Emmanuel Macron évoquait pour distinguer les médias “fiables” dans un paysage saturé de désinformation a provoqué une vive polémique. Mais ce 2 décembre 2025, face aux accusations de dérive autoritaire, l’Élysée a réaffirmé qu’il n’était pas question d’un “label d’État” ni d’un “ministère de la Vérité”. L’objectif : rassurer. Mais la controverse, sur le fond comme sur la forme, ne cesse de monter.

Qu’est-ce que le projet initial ?

Le 26 octobre dernier à Arras, Emmanuel Macron avait évoqué l’idée d’un “label professionnel” destiné à identifier les sites et réseaux d’information qui respecteraient une charte déontologique. Une mesure présentée comme un outil de lutte contre la désinformation, destinée à aider le public, en particulier les jeunes, à repérer les médias sérieux.

Ce label ne devait pas être directement étatique, selon le président. L’idée étant que l’initiative soit portée par des “professionnels des médias”, potentiellement via des structures comme Reporters sans frontières (RSF) ou l’Arcom, le « gendarme » de l’audio visuel en France.

Le but affiché : offrir un repère dans un écosystème médiatique fragmenté entre plateformes, réseaux sociaux, sites marketing et médias traditionnels et restaurer la confiance du public.

Pourquoi la polémique a-t-elle explosé ?

Dès que l’idée a été rendue publique, certaines voix l’ont perçue comme une menace pour la liberté de la presse. Pour ces détracteurs, un label, même porté par le secteur privé, pourrait rapidement devenir un outil de “jugement de valeur”, voire de censure, en définissant arbitrairement ce qui constitue “un bon média”.

Des personnalités politiques et des médias, notamment ceux du groupe Bolloré. Pascal Praud a dénoncé une “tentation autoritaire”, allant jusqu’à évoquer un “ministère de la Vérité est né” à la manière de distopies.

« Une tentation autoritaire d’un président mécontent du traitement médiatique et qui souhaite imposer un récit unique. »

Pascal Praud : CNews (01/12/2025)

Des partis comme Les Républicains (LR) ont lancé des pétitions pour s’opposer au projet, estimant qu’un “label” représenterait une atteinte au pluralisme médiatique et à la liberté d’expression.

Ce que l’Élysée a clarifié le 2 décembre 2025

Face à l’émotion suscitée, Emmanuel Macron a réfuté toute volonté de créer un “label d’État” pour les médias ou un hypothétique “ministère de la Vérité”. Lors du conseil des ministres du 2 décembre 2025, il a affirmé qu’il n’avait “jamais” envisagé un tel dispositif.

La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a insisté : « Non, le gouvernement ne va pas créer tel ou tel label destiné à la presse ».

L’idée du label reste envisagée, mais comme une démarche menée par les médias eux-mêmes ou des organisations professionnelles, non par l’État. Ce cadre d’autorégulation est présenté comme l’héritier des propositions issues des États généraux de l’information, et non comme une imposition politique.

Déjà une norme : la Journalism Trust Initiative (JTI)

Le label « envisagé » par l’exécutif n’est pas une invention. Il fait explicitement référence à JTI, créé par RSF. Il fonctionne depuis plusieurs années comme une norme internationale de qualité et de transparence dans le journalisme. Plus de 2 000 médias dans le monde ont commencé le processus d’auto-évaluation via JTI, dans 119 pays.

Certains médias français, y compris des groupes reconnus, l’ont déjà adoptée. Une particularité importante de JTI. Elle n’évalue pas les contenus un par un, mais les processus éditoriaux, indépendance de la rédaction, protection des sources, transparence sur le financement, charte déontologique, etc.

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