Il est jeune, noir, prêche régulièrement au sein d’une congrégation évangélique et vient d’être élu à la tête du premier parti d’opposition sud-africain. Mmusi Maimane, le « Barack Obama » sud-africain, a été désigné par les militants pour être le nouveau président de l’Alliance démocratique, ce dimanche 10 mai 2015. Il succède donc à Helen Zille, 64 ans, après sa victoire face à Wilmot James, membre éminent du parti. Il devient ainsi le premier président noir du plus important parti d’opposition d’Afrique du Sud.
Mmusi Maimane ou le « Barack Obama » sud-africain, jeune homme politique sud-africain de 34 ans, est donc le premier noir à occuper le poste stratégique de premier opposant politique du quasi-omnipotent ANC (African National Congress), parti au pouvoir depuis 27 avril 1994 et la victoire de Nelson Mandela au cours de la première élection présidentielle multiraciale en Afrique du Sud.
DE L’ENFANT DES TOWNSHIPS A L’HOMME POLITIQUE
C’est ici, dans le grand township de Soweto, qu’a grandi Mmusi Maimane
Maimane, qui aura 35 ans cette année, a grandi à Soweto, le plus grand township d’Afrique du Sud (plus d’un million d’habitants en 2009). Son ascension politique a été extrêmement rapide depuis qu’il a rejoint le DA en 2010. En effet, dès 2011, il est désigné candidat du parti pour les élections municipales à Johannesburg (12 millions d’habitants) et, au cours de la même année, il est également désigné porte-parole du parti. Un poste qui lui a permis d’exprimer ses talents d’orateur qui lui vaudront le surnom flatteur de « Barack Obama » sud-africain. Ensuite, il est élu président de son parti à l’assemblée nationale en 2014. Ainsi, sa rapide ascension et son actuel statut de leader de l’opposition permettent à Maimane d’acquérir un statut de sérieux candidat à l’élection présidentielle de 2019.
MMUSI MAIMANE, CELUI QUI APPORTERA L’ALTERNANCE POLITIQUE ?
Jacob Zuma, actuel président de l’Afrique du Sud, symbolise la décadence de l’ANC
En effet, celui qui a qualifié l’actuel président sud-africain, Jacob Zuma, « d’homme brisé à la tête d’une société brisée », peut être considéré comme une réelle alternative au pouvoir en place. Car, au-delà de l’aspect symbolique que revêt la désignation d’un noir à la tête d’un parti historiquement blanc, l’arrivée de Mmusi Maimane sur le devant de la scène politique pourrait pousser une partie de l’électorat noir déçu par l’ANC à se tourner vers l’AD, un parti désormais dirigé par un homme vu comme « intelligent, perspicace, énergique, charismatique et rassurant » par une grande partie de son électorat de base.
Maimane, qui est irrité par la comparaison avec Obama, ne tient toutefois pas à baser sa politique sur un argumentaire racial. Effectivement, durant son premier discours en tant que leader de l’AD, il a déclaré que l’unité de son parti s’est faite et continuera de se faire grâce à des valeurs communes de liberté et d’équité tout en ajoutant que les sud-africains ne doivent plus être défini par leur couleur de peau.
Mmusi Maimane, comme le sulfureux dirigeant des Economic Freedom Fighters Julius Malema (34 ans), fait donc partie de la nouvelle classe politique sud-africaine. L’élection présidentielle de 2019, bien qu’encore lointaine, semble donc s’annoncer comme très incertaine, avec une potentielle défaite historique de l’ANC.