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Chine : Faut-il s’inquiéter de son ralentissement économique

On en parle peu dans les médias et pourtant la Chine traverse depuis juin une crise financière. Les Bourses de Shanghaï et de Shenzhen ont plongé de 30 % en près d’un mois. C’est la plus forte baisse depuis la crise financière de 2009. Les autorités chinoises ont décidé de calmer le jeu en annonçant la mise en place de mesures visant à redonner confiance aux investisseurs. En vain ou presque. La fébrilité des marchés chinois illustre le ralentissement économique de l’Empire du milieu.

Essoufflement de la croissance et des exportations

Selon les statistiques officielles, le PIB chinois a augmenté de 7,5 % au 2ème trimestre de cette année. Un taux de croissance à relativiser selon les économistes qui tablent plutôt sur 4 à 5 %. En 2010, la croissance chinoise était de l’ordre de 10,4 %. Pourquoi un tel ralentissement ? La Chine a rattrapé l’essentiel de son retard face aux autres économies développées. Contrairement à ce que prédisaient les défenseurs de la “mondialisation heureuse”, la Chine ne s’est pas développée au même rythme que les pays développés comme la France.

La Chine a récupéré son retard économique et technologique pendant que la France vacillait, regardant ses entreprises délocaliser en Asie. L’économie chinoise s’est développée sur un modèle tourné vers l’exportation et l’investissement grâce notamment à une main d’œuvre bon marché. Aujourd’hui, les syndicats ont peu à peu fait apparition dans les usines chinoises et le réservoir de main d’œuvre que possédait jadis la Chine s’est épuisé. Résultat, les salaires augmentent.

A cela s’ajoute le vieillissement de la population chinoise, conséquence de la politique de l’enfant unique. La demande de travail diminue et fait grimper les salaires. Bonne nouvelle pour les salariés chinois qui voient leur pouvoir d’achat croître. Un peu moins pour les entreprises exportatrices. La Chine n’est plus aussi compétitive qu’elle ne l’a été. Les produits chinois deviennent trop chers.

Bref, dans un avenir proche la Chine ne pourra plus compter sur ses exportations pour doper son économie. L’émergence d’une classe moyenne devrait lui permettre de se diriger sur un modèle davantage tourné vers la consommation, sa demande intérieure. Un modèle économique de pays développé et non plus de pays émergent.

Une usine du textile en Chine. (© Dakar Echo)

Une usine du textile en Chine. (© Dakar Echo)

Ajoutons que les entreprises exportatrices chinoises, pour palier les conséquences de la crise des subprimes, c’est-à-dire une baisse des exportations, se sont largement endettées pour permettre à leurs usines de survivre. Une bulle s’est alors créée. Soit la Chine garde la cap sur un modèle de croissance tiré des exportations et la bulle éclatera un jour ou l’autre si le gouvernement ne prend pas l’initiative de la dégonfler. Soit la Chine prendra son avenir en main en orientant sa politique économique vers la croissance intérieure et la bulle se dégonflera lentement, sans conséquences majeures, s’il n’est pas encore trop tard…

Les gagnants de la délocalisation

Les gagnants directs de l’essoufflement de l’économie chinoise sont les pays d’Asie du Sud, d’Afrique, d’Europe de l’Est et même centrale vers qui se tournent les investisseurs qui veulent relocaliser leurs chaînes de production dans ces pays où les coûts de production sont plus faibles. En 2010, 40 % des chaussures Nike étaient produites en Chine, contre 13 % au Vietnam, selon Le Monde.

En 2013, la Chine en produisait 30 % contre 42 % pour le Vietnam. Certaines entreprises américaines ou européennes rapatrient même leurs chaînes de production. C’est, par exemple, le choix qu’a fait Apple en 2013 en annonçant vouloir relocaliser une partie de sa production en Arizona.

Une usine Nike au Vietnam. (© VisionsMag)

Une usine Nike au Vietnam. (© VisionsMag)

Les producteurs de matières premières, grands perdants

La Chine, c’est la moitié de la consommation mondiale de charbon et de cuivre et 11 % de la demande de pétrole à elle toute seule. Si la baisse d’activité en Chine se confirme, elle engendrerait une baisse de la demande de matières premières, ce qui aurait un impact pour les pays exportateurs de ces matières premières que sont le Brésil en premier lieu, dont 20 % des exportations sont destinées à la Chine, mais aussi la Russie, le Chili, l’Argentine, l’Australie et les pays du Golfe exportateurs de pétrole.

Moins de demande de matières premières engendrerait une baisse des prix des matières premières à court terme. Une aubaine pour nos économies industrialisées. Encore faut-il que ces baisses des prix soient compensées par la chute des exportations à destination de l’Empire du milieu. Ce ne serait pas le cas pour des pays comme la Corée du Sud, Singapour ou encore la Nouvelle-Zélande qui exportent beaucoup vers la Chine.

La zone euro et les Etats-Unis seraient moins touchés quand on sait que leurs exportations vers Pékin ne représentent que 1,5 % à 0,7 % du PIB. En France, les exportations vers la Chine représentent 0,7 % du PIB. Si la croissance chinoise ralentit pour se stabiliser à 3 % comme le prévoient les économistes, la perte annuelle pour la France serait de 0,1 % de notre PIB. L’impact serait relativement faible et sûrement largement compensé par la hausse du pouvoir d’achat des ménages et des entreprises françaises suite à la baisse du coût des matières premières.

A cela s’ajouteraient les mouvements de relocalisations en France qui pourraient se faire plus nombreux. De quoi laisser penser que la France aurait plutôt à gagner du ralentissement économique de l’ogre commercial chinois.

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