L’Espagne semble dans l’impasse. Le leader du PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) s’est vu confier le 2 février la tâche de former un gouvernement. En quête d’alliances, le leader socialiste devra jouer finement et composer avec des alliés exigeants.
Les élections législatives qui ont eu lieu le 20 décembre dernier en Espagne ont signé l’entrée du pays dans une nouvelle ère. Les résultats des élections ont en effet confirmé l’éclosion de nouvelles formations politiques, venant rompre avec le bipartisme traditionnel qui caractérise le système politique espagnol.
Ainsi, si les partis traditionnels du PP (Parti Populaire, à droite) et du PSOE sont arrivés en première et deuxième position, deux nouvelles formations ont également su s’imposer dans le nouveau paysage politique espagnol. Avec 69 sièges sur 350, le parti Podemos, formation issue du Mouvement des Indignés au programme très à gauche et conduite par le charismatique Pablo Iglésias s’est installé en troisième position. Le parti libéral de centre droit Ciudadanos formation quasi-inconnue il y a encore six mois a quant à lui pu obtenir 40 sièges.
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Ce vol en éclat du système bipartite traditionnel semble constituer une tendance lourde dans de nombreux pays européens. A commencer par la France, où la survenance d’un tel schéma est annoncée, prédite, disséquée. Espérée, aussi, par certains qui y voient un sursaut démocratique tandis que d’autres, mus par les craintes de voir des mouvements populistes prospérant sur fond de crise s’approprier le pouvoir, redoutent l’émergence du tripartisme.
Pablo Sanchez en charge de former un gouvernement
Toujours est-il qu’en Espagne, la fragmentation de l’offre politique induit des conséquences douloureuses sur le plan institutionnel.
Le 22 janvier, Marianno Rajoy, qui n’avait pas obtenu de majorité absolue, a ainsi dit renoncer à former un gouvernement, faute d’accords. C’est donc à Pablo Sanchez, le leader du PSOE, qu’il revient de mettre en place une coalition, plus d’un mois après les élections. Et ce ne sera pas tâche aisée.
Pedro Sanchez, le leader du PSOE, refuse en effet tout projet d’alliance avec un parti dont il condamne les politiques d’austérité mises en place pour résorber la crise économique tout autant que les scandales de corruption qui entachent sa gestion du pouvoir.
Des alliances difficiles à mettre en place
En outre, Sanchez avait refusé, le 22 janvier dernier, la proposition de Pablo Iglésias de former une coalition. Le leader de Podemos exigeait le poste de vice-président du gouvernement, et l’attribution de ministères régaliens aux membres issus de sa formation, proposition à laquelle Pedro Sanchez n’avait pas donné suite.
Ainsi, pour être en mesure de former un gouvernement, le PSOE devra passer des alliances afin de totaliser un nombre de 186 sièges (sur 350). Un accord entre le PSOE, Podemos et Ciudadanos est donc la piste explorée à l’heure actuelle, mais rien ne permet de prédire une issue positive à ces négociations.
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En effet, Podemos et Ciudadanos s’opposent sur plusieurs points. Sur le plan économique d’abord, les deux formations ont un programme opposé. La question territoriale, également, constitue un nœud de blocage entre le parti de Pablo Iglésias et celui de Albert Rivera.
Ainsi, si le premier se prononce en faveur d’un référundum sur l’autonomie de la Catalogne, le second y est farouchement opposé. Le PSOE quant à lui veut lancer une réforme qui aille dans le sens d’une Espagne fédérale, et ne souhaite pas que la Catalogne obtienne l’indépendance.
Un mois sans gouvernement
Ce blocage n’est-il pas révélateur d’institutions non adaptées à l’émergence de nouvelles configurations politiques et partisanes ? Il reste que le peuple espagnol se trouve privé de gouvernements depuis plus d’un mois maintenant. Et la situation risque de durer, Pedro Sanchez ayant demandé un délai « d’au moins un mois » au président du congrès des députés avant la première session d’investiture. Un mois que les espagnols passeront sans gouvernement.