Nouveauté diffusée sur la chaîne Freeform, Guilt semble bien porter son nom: le pilote laisse à penser qu’elle pourrait bien faire office de plaisir coupable de l’été.
Guilt, c’est quoi ? Au lendemain d’une soirée de débauche particulièrement arrosée, Grace Artwood (Daisy Head), étudiante américaine à Londres, découvre sa colocataire égorgée dans leur appartement. Le comportement de la jeune femme et de son petit ami les désigne rapidement comme suspects aux yeux de la police. Avocate à Boston, Natalie (Emily Tremaine) accourt immédiatement pour soutenir sa sœur et, sur les conseils de son beau-père (Anthony Steward Head), elle engage pour la défendre un avocat aux méthodes contestables, Stan Gutterie (Billy Zane). Elle ignore encore que la victime était une habituée des soirées chaudes de Londres, et que l’enquête risque bien de mettre au jour les vices secrets de chacun, embarrassant jusqu’aux plus hautes sphères de la société britannique…[youtube id= »dHJOIUlPQHE »]
Guilt s’inspire ouvertement de la très médiatique affaire Amanda Knox, mais que l’on ne s’y trompe pas : ce n’est que le point de départ, le prétexte à une fiction qui se présente au premier abord comme un whodunnit ? (Qui l’a fait ?) classique, à la How to get away with murder. Calibrée pour maintenir le suspense à coups de rebondissements, flashbacks, cliffhangers et fausses pistes, la série est efficace sur ce plan, mais sans grande originalité et les développements futurs semblent prévisibles. Ce qui caractérise Guilt, c’est moins une intrigue innovante que le contexte dans lequel elle tente de s’inscrire : les nuits sulfureuses d’un Londres interlope. Entre alcool, drogues, orgies et bondage, chantage et prostitution, on fréquente les clubs et les soirées privées où chacun se livre à ses turpitudes – étudiantes à l’air innocent, hommes mûrs en quête d’excitation (comme le beau-père, apparemment coutumier des liaisons avec les camarades des héroïnes…), et même membre de la famille royale.
L’ambiance est gentiment sulfureuse : attention, tout ce joli monde s’encanaille. Malheureusement, ces scènes ont quelque chose de factice, elles ne sont pas totalement réussies : on est quelque part entre 50 Nuances de Grey et le Eye’s Wide Shut du pauvre. Et c’est parfois même légèrement amusant – ce qui, suppose-t-on, n’est pas exactement l’effet recherché… On a l’impression que la série veut choquer, mais pas trop, avec allusions et sous-entendus maladroits. Le thème est d’ailleurs un choix assez surprenant de la part de Freeform, anciennement ABC Family et qui était à l’origine… une chaîne spécialisée dans les programmes religieux ! Les voies du Seigneur sont décidément impénétrables – quand bien même Freeform avait déjà pêché avec un Pretty Little Liars.
Grace et son avocat : présumés coupables…
Pour prétendre exciter autre chose que le voyeurisme éventuel des téléspectateurs et maintenir leur intérêt une fois la curiosité passée, il faudra une intrigue solide et des personnages construits. Sur ce dernier point, on est encore réservés sur les protagonistes féminines (Daisy Head tente bien de jouer avec ambiguïté de son air angélique, sans grand succès); en revanche, Billy Zane est déjà dans le ton, en avocat radié du barreau aux Etats-Unis, prêt à mettre ses compétences et ses procédés douteux au service de sa cliente… à moins qu’il ne serve d’autres intérêts que ceux de la jeune femme.
Mais le risque, finalement, c’est bien que Guilt tombe dans un exhibitionnisme facile et jusqu’ici plutôt raté, les séquences timorées apparaissant comme de simples prétextes. Et l’intrigue principale, si elle ne se déployait qu’autour de ce seul axe, s’en trouverait d’autant diminuée.
Après deux épisodes, Guilt peine à convaincre en tant que thriller judiciaire. Mais au second degré et si l’on est indulgent, elle pourrait passer pour une série à suspense sympathique, avec une petite touche de soap gentiment provocant. On plaide coupable : après tout, c’est l’été ; les neurones refroidissent et les sens s’échauffent facilement…
Guilt (10 épisodes) – série diffusée sur Freeform
Pilote disponible gratuitement sur le site de la chaîne.
Crédit photos : Freeform