Quelques mois à peine après le décès d’Eusebio, ancienne gloire du football portugais, c’est le légendaire Alfredo Di Stefano qui s’en est allé avant-hier à Madrid à l’âge de 88 ans. L’ensemble du monde du football lui rend hommage, et Radio VL ne fait pas exception.
Un peu d’originalité : commençons cet hommage par le seul véritable « échec » de sa carrière. Alors qu’il est unanimement reconnu comme l’un des meilleurs joueurs de football de tous les temps, Alfredo Di Stefano n’a pas disputé un seul match de Coupe du Monde, notamment à cause d’une blessure en 1962. C’est vraiment pour se forcer, car mis à part ce triste scénario, l’Argentin naturalisé espagnol en 1957 a tout fait. 5 Coupes d’Europe des Clubs Champions consécutives, 8 championnats d’Espagne, une Coupe Intercontinentale (qui plus est la première de l’Histoire), 2 ballons d’or. Tout cela, rien qu’avec le Real Madrid, sachant qu’il avait déjà 27 ans lorsqu’il a rejoint le club ! Ajoutez y ses débuts en Amérique latine : 2 championnats d’Argentine et une Copa America en 1947 avec l’Albiceleste (son seul trophée en sélection), des records et beaucoup de distinctions personnelles. Vous l’aurez compris, un monstre en la matière.
Un parcours unique
La « Flèche Blonde » est née en 1926 à Buenos Aires. Issu d’un milieu assez modeste, il découvre le football à l’âge de 7 ans dans le club de son quartier. L’enfant fait longtemps ses classes dans des clubs amateurs. Alors qu’il déménage au Nord-Ouest de la capitale argentine en 1940, il commence à travailler pour aider sa famille tout en faisant des études. Mais c’est à 18 ans que sa carrière débute : le jeune homme effectue un essai avec River Plate.
Evidemment, les résultats sont positifs, et Alfredo Di Stefano signe un contrat (alors amateur) avec le deuxième club le plus populaire d’Argentine. Il franchit peu à peu les échelons pour arriver en équipe première et jouer son premier match professionnel un an plus tard, qui se soldera par une défaite. Cela ne l’empêchera pas de remporter son premier titre de champion national en fin de saison. Mais la belle histoire ne dure qu’un temps : à l’été 1948, suite à des grèves de joueurs dans le championnat argentin, l’attaquant s’engage avec les Millonarios de Bogota, un club colombien. Il y restera jusqu’en 1953, date de son célèbre transfert à Madrid. L’argentin avait également tapé dans l’oeil du FC Barcelone, qu’il devait rejoindre initialement, avant que les madrilènes n’entrent en négociations. Le déroulement de la transaction reste encore mystérieuse, certains évoquent une intervention du dictateur Franco en personne, fervent supporteur de la Maison Blanche. La suite est glorieuse, et la légende Di Stefano attendra à peine une saison avant de s’écrire. Après 11 saisons, celui qu’on appelle désormais « le Divin Chauve » fait un bref passage de 2 ans à l’Espanyol Barcelone et termine sa carrière en 1966. Une année plus tard à peine, il se reconvertira entraîneur, avec un succès variable pendant une vingtaine d’années. On retiendra notamment son premier passage à Valence, qu’il a mené au titre en une seule saison (1970-1971). Une seconde carrière honorable bien que moins brillante donc. Il se retire de ses fonctions officielles au début des années 1990 mais reste très proche des Merengue (tant auprès des institutions que des joueurs). L’espagnol y est d’ailleurs nommé Président à titre honorifique en 2000.
Un grand parmi les grands
Certes, il est difficile de hiérarchiser les exploits de joueurs ayant exercé à des époques différentes, tant le football évolue en permanence. Mais il est clair que Di Stefano fait partie des joueurs les plus complets de l’Histoire. Doté d’une technique impressionnante, il était capable de jouer au poste de buteur et de meneur avec une réussite toujours aussi étincelante. Souvent
très apprécié de ses coéquipiers, il fut l’homme fort du plus grand Real Madrid de tous les temps, se distinguant parmi Gento, Puskas et autres Kopa. Sur le terrain, Alfredo s’imposait comme un leader naturel et charismatique. À la croisée du football sud américain et européen, celui qui a joué pour la Maison Blanche pendant 11 ans était avant tout un joueur dévoué à son collectif. Il n’était donc pas rare de le voir prêter main forte à sa défense. Ses prestations étaient donc aussi remarquables sur le plan physique, avec une vitesse et une endurance supérieures à la moyenne.
Plus qu’un footballeur, c’est de l’avis de tous un grand homme qui s’est éteint. Les réactions pleuvent. En voici quelques unes :
« Pour moi, il a été l’un des plus grands joueurs que j’ai jamais connu… sinon le plus grand. J’ai en cherché d’autres, je ne vois pas. » Raymond Kopa
« Quand nous jouions, le FC Santos et le Real Madrid étaient les principaux rivaux, parce qu’il s’agissait des meilleures équipes du monde. Il a changé l’histoire de ce club et du football. » Pelé
« La vérité est que le monde du foot dans son ensemble doit pleurer aujourd’hui parce que c’est vraiment un grand qui est mort. Di Stefano fut un maître pour moi, il m’a enseigné beaucoup de choses. C’était un phénomène. » Maradona
« C’est un jour très triste pour tous les Madridistas et pour le monde du football. » Cristiano Ronaldo