Le célèbre et controversé artiste chinois Ai Weiwei a récupéré ce mercredi son passeport pour la République démocratique de Chine. Les autorités chinoises s’en étaient saisies il y a quatre ans, rendant impossibles ses déplacements à l’étranger.
C’était en 2011. Alors que l’artiste doit prendre un vol pour Hong Kong, il est arrêté puis conduit en prison. Il y restera 81 jours, presque trois mois, pour un faux prétexte de fraude fiscale. Il a été relâché contre 2,4 millions de dollars soit 2,2 millions d’euros.
Un artiste mondial
En réalité, Ai Weiwei est le caillou dans le soulier du gouvernement chinois. Connu pour ses œuvres monumentales et contemporaines, il est également un critique redoutable pour le parti communiste chinois. Avec 278 000 d’abonnés sur Twitter et 112 000 abonnés sur Instagram, ses messages font le tour du monde, sont relayés par les médias de la planète et il bénéficie de nombreux soutiens tant dans le monde de l’art que dans celui de la politique. Une vraie épine pour la dictature chinoise.
« Ai can’t be here », la campagne de soutien sur Instagram à l’artiste dissident Ai Weiwei @aiww http://t.co/XY5eDJ2KfS pic.twitter.com/5OUNzfDgyN
— Thomas Baïetto (@ThomasBaietto) 9 Septembre 2014
La gêne du gouvernement chinois
Le gouvernement s’est donc plusieurs fois opposé à lui et a tenté de l’empêcher de créer et de s’exprimer. Après le tremblement de terre de Sichuan, en 2009, Ai Weiwei se passionne pour ses victimes et leur rend hommage dans une sculpture appelée Remembering composée de 9000 sacoches de victimes. Il enquête sur la corruption du gouvernement par la suite. Son blog est alors fermé. Ai Weiwei sera tabassé par des hommes de main du parti communiste et son atelier de Shanghai, pourtant construit sur une invitation des autorités locales, sera détruit alors qu’il se termine à peine.
Sunflower seeds
Cela ne décourage pas Ai Weilai, car tel est son surnom sur internet: celui qui aime l’avenir. Il se moque du gouvernement chinois dans ses œuvres et critique la dictature et le manque de liberté. Son œuvre conceptuelle Sunflower Seeds en est le premier exemple. 1600 personnes de la ville de Jingsfed, à 1000 km de Pékin ont été travailler sur ce projet fou : créer des millions de fausses graines de tournesols en porcelaine, si réalistes qu’on croirait des vraies. Les fleurs de tournesol ont été un symbole très fort pour Mao Zedong, elles représentaient le peuple se tournant vers le soleil, Mao. Cette œuvre défie notre imagination. Au départ il est inconcevable que ce que l’on voit soit de la porcelaine peinte à la main tellement il y en a. Mais si. Un clin d’œil à la République Démocratique de Chine ? « What you see is not what you see » ?
Provoquer le régime
Son célèbre triptyque Laisser tomber une urne de la dynastie Han est une véritable provocation. Sûrement la plus connue de Ai Weiwei, de 1995, montre l’artiste laissant tomber un vase vieux de plus de 2000 ans. Suivie de son « Etudes de perspective » que l’artiste a commencé en prenant une photo d’un doigt d’honneur sur la Place Tiananmen, haut lieu de massacre de la dictature, ces œuvres ont intronisé l’artiste comme porte-parole de tout un contre-courant chinois.
Représentant de l’opposition opprimée, aujourd’hui Ai Weiwei occupe une place particulière dans la société chinoise. Il sera probablement toujours sous surveillance et ne pourra s’exprimer complètement librement. Sa campagne #flowersforfreedom lancée il y a 600 jours sur Instagram aura donc porté ses fruits, puisque l’artiste a récupéré des autorités son passeport et donc son passe-droit hors des frontières chinoises. Cette liberté retrouvée encouragera certainement l’artiste à continuer de faire valoir ses idées partout dans le monde et à mener son combat pour plus de démocratie dans son pays.