EDITO – Bonne, nounou ou encore portière, le plus beau métier du monde s’octroie d’une nouvelle mesure qui respire la liberté. En effet, les domestiques étrangères n’ont pas le droit d’aimer au Liban. Car aimer est censé être le droit fondamental le plus absolu, et autant dire qu’aucune stigmatisation n’est engagée dans cette décision.
250 000 femmes privées de liberté
Au total, cette mesure concerne environ 250 000 femmes étrangères, originaires pour la plupart d’Afrique ou d’Asie. Pour faire court, à l’embauche, les employeurs doivent signer une clause chez le notaire stipulant qu’ils doivent empêcher toute romance de leurs servantes. Adoptée en 2014, elle a été instituée sous le couvert de la « protection de l’enfance ». Personne ne semble choqué par cette décision implantant pleinement et sans détour la xénophobie, tout simplement. Exception faite par l’ONG Agenda juridique qui dénonce virulemment « une violation de la vie privée, une incitation à faire de l’employeur un « Big Brother ». Nizar Saghieh avocat fondateur de l’association s’indigne : « Du jamais-vu ! C’est une marque de la xénophobie libanaise ». Un quart de la population au Liban est syrienne en vu des événements récents dans leur pays d’origine. Cela semble avoir éveillé une crainte des étrangers, très en vogue en ce moment dans beaucoup de pays.
Violences et viols
Priver ces domestiques d’aimer n’est pas suffisant. S’ajoute à cela des horaires éreintants, un bout de cuisine comme chambre et des violences voire des viols. Les libanais ne veulent pas que ces gens aient la possibilité de s’intégrer et de tout simplement vivre sur leur territoire. Les exploiter, en revanche, semble s’être très bien institutionnalisé au sein de la société. Les autoriser à avoir une vie privée semble bien trop lourd, alors autant encourager les employeurs à ne plus respecter les personnes travaillant à leurs services. Rose, une camerounaise de 45 ans s’interroge : « Dans les cafés, je vois de jeunes couples libanais amoureux. Pourquoi deux étrangers n’auraient pas le droit de s’aimer ?« .