L’empereur est mort, vive l’empereur! Sauf qu’à 85 ans, l’empereur Akihito est en vie, mais abdique ce mardi 30 avril pour laisser place à Naruhito, son fils aîné qui deviendra « symbole de l’Etat et de l’unité du peuple ». Situation inédite au pays du Soleil Levant, d’autant qu’elle offre aux nippons 10 jours de congés.
200 ans que les successions impériales se font lors du décès du souverain. En 2016, il demande à passer le témoin pour problème de santé, une loi exceptionnelle a donc été écrite et votée en 2017. Le 125e empereur du Japon est le 59e à quitter le trône du chrysanthème de son vivant. Après la restauration de Meiji (1868), la pratique a été écartée dans les lois fondamentales de 1889 et de 1947.
Un empereur proche du peuple
Il est le premier empereur à avoir été intronisé sans caractère divin, son père Hirohito l’ayant perdu pour avoir été l’un des principaux dirigeant de l’Axe aux côtés d’Hitler et Mussolini. A sa mort il prend sa suite le 7 janvier 1989.
Son cheval de bataille, apaiser les relations avec les pays victimes de l’armée japonaise durant la seconde guerre mondiale. En 2011, il prend la parole pour la première fois, afin de s’adresser aux victimes de Fukushima. Leitmotiv correspondant à son ère, Heisei ou « accomplissement de la paix ». Il rompt également avec la tradition en amour. Alors prince l’empereur ne veut pas d’un mariage arrangé, il décide celle qui sera sa compagne. En 1959 il épouse Michiko Shōda fille d’un industriel et étudiante brillante qu’il rencontre sur un cours de tennis.
Très discret, Akihito n’apparaît qu’à deux occasions, pour le nouvel an et pour son anniversaire. Le 23 décembre, son anniversaire est donc un jour férié, même après son abdication et devient « Heisei no hi », le jour de l’empereur Heisei.
L’empereur
A l’image de la reine d’Angleterre, le souverain Japonais n’a pas réellement de poids politique. Il est sacralisé mais n’est plus un dieu vivant depuis la constitution de 1947. S’il n’est plus chef religieux, il anime tout de même des cérémonies et a un droit d’autorité morale.
Il a cependant des devoirs comme accueillir les dignitaires étrangers. «Votre Majesté, je voudrais exprimer ma profonde reconnaissance pour votre attention portée aux relations russo-japonaises qui ont connu un développement important durant votre règne», indique le télégramme publié sur le site du Kremlin.
Il vit au Kôkyo, palais impérial ancienne résidence du shogun « général », une demeure et un terrain sans pareil dont Roland Barthes dit « toute la ville tourne autour d’un lieu à la fois interdit et indifférent, demeure masquée sous la verdure« . Le prince et sa famille vivent au palais d’Akasaka.