L’Allemagne et la Pologne vont se retrouver ce soir après de rapides retrouvailles vu qu’ils étaient dans le même groupe lors des éliminatoires. Ce match déterminera d’ailleurs qui sera à la première place du groupe. Un match plein d’enjeu mais pas que sportif…
Une histoire commune entre gloire et violence
Il faut savoir que l’Allemagne est le deuxième plus grand foyer d’accueil pour les immigrés polonais dans le monde derrière les États-Unis. La diaspora polonaise en Allemagne date du XIXème siècle avec l’arrivée de travailleurs spécialisés notamment dans l’industrie minière. Leur arrivée a permis d’améliorer la productivité allemande et par conséquent le développement économique du pays. Créée en 1900, la Fédération allemande de football n’hésitera pas à s’appuyer sur ces ouvriers polonais. En 1934, Zielinski et Kobierski participeront au premier mondial auquel la Mannschaft participera.
Malgré les ravages de la politique menée par Hitler avec l’annexion de la Pologne en 1939 et le début de la Seconde Guerre mondiale, les Polonais répondront présent pour reconstruire l’équipe nationale. Ainsi, Heinrich Kwiatkowski fera partie de l’équipe sacrée championne du monde 1954 en Suisse mais il ne sera pas le seul car la suite montrera que les polonais ont apporté une forte et belle contribution à la gloire du football allemand avec plus d’une dizaine d’Allemands d’origines polonaises comme Cieslarczyk mais aussi Podolski, Tilkowski, Littbarski, Trochowski, Borowski ou encore le meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du Monde : Miroslav Klose.
Bi-NationalMannschaft
Les voisins, allemands et polonais se retrouveront donc à Saint-Denis au Stade de France, pour une troisième confrontation en quelques mois après des qualifications qui avaient tourné à l’avantage des allemands mais tout en ayant souffert face à des polonais accrocheurs menés par l’attaquant vedette du Bayern Munich, j’ai nommé Robert Lewandowski.
Les deux équipes se connaissent parfaitement et ont l’occasion de se rencontrer en Bundesliga où de nombreux polonais ont joué et où d’autres jouent actuellement. On peut citer Błaszczykowski, Lewandowski, Piszczek, Boenisch parmi les plus connus du moment.
« Ils me connaissent très bien, on se connaît très bien. Mais peu importe qui joue, pour chaque poste ils ont des super joueurs avec une super technique »
Robert Lewandowski
Lors de l’Euro 2012, organisé en Pologne et en Ukraine, l’équipe d’Allemagne avait été très soutenue par les habitants du pays co-organisateur, Miroslav Klose et surtout Lukas Podolski, qui n’ont jamais caché leur attachement à leur pays d’origine, ont été très acclamés lors des entraînements publics de la Mannschaft. Les Polonais ne leur en veulent pas spécialement d’avoir choisi leur pays d’adoption, ils sont même assez fiers qu’ils représentent la Pologne via la Mannschaft.
« Dans mon cœur bat deux pays, l’Allemagne et la Pologne »
Lukas Podolski
Saint-Denis : La ville du nouveau départ
Nul doute que ce match aura un enjeu encore plus important que contre l’Ukraine (2-0) ou l’Irlande du Nord (1-0). La Mannschaft et les Polonais auront plus que la qualification pour les huitièmes de finale, la première place du Groupe C en ligne de mire.
Jusqu’à aujourd’hui, l’histoire penche du côté de la National Mannschaft, qui en 20 matchs, a gagné 13 fois, fait 6 nuls et perdu une seule fois, pour 34 buts marqués contre 12 encaissés. Leur unique victoire face à l’Allemagne est toute récente, elle a eu lieu, lors des éliminatoires, contre une Allemagne sacrée championne du monde au Brésil trois mois avant.
Avec cette défaite, l’Allemagne ne sous-estimera plus son voisin, en témoigne la déclaration de Sami Khedira :
« Ils ont des joueurs de grande valeur, on ne va pas les sous-estimer. Et on ne fait pas l’erreur de croire que le danger vient uniquement de Robert Lewandowski »
Sami Khedira
Saint-Denis peut donc devenir la ville d’un nouveau départ pour les deux équipes ; pour les Polonais, la ville du changement de statut vis-à-vis du « grand frère », de l’émancipation et pour l’Allemagne, le moment de réécrire l’histoire de façon positive dans cette ville après son dernier passage horrible qui s’était terminé sur une défaite, mais plus grave encore sur les attentats du 13 novembre 2015.
Rendez-vous donc ce soir à 21 heures pour voir s’écrire une nouvelle page de cette histoire.