Les conditions de l’attribution de l’Allianz Riviera sont de plus en plus suspectes. La Cour Régionale des Comptes reproche à la Ville de Nice une facture qui s’alourdit de jour en jour et qui avoisinerait les 400 millions d’euros au lieu des 245 millions d’euros prévus initialement. Explications.
Mediapart a lancé un pavé dans la mare ce lundi. Le site Internet a publié ce lundi un rapport qui dénonce le projet stratosphérique qui a été mis en place pour la construction de l’Allianz Riviera à Nice. Ce stade, dont l’appel d’offres a été remporté par un partenariat public-privé, coûterait environ 400 millions d’euros nets à la Ville alors que le coût de construction était initialement prévu à 245 millions d’euros. La Chambre Régionale des Comptes s’est saisie de l’affaire avant d’en parler devant le conseil municipal lors d’une réunion vendredi prochain.
La Ville de Nice a mis en place un partenariat avec la société Nice Eco Stadium (spécialisée dans la création d’infrastructures pour évènements sportifs) détenue par Vinci. Jusqu’ici, rien d’illégal. Mais il se pourrait que l’attribution du chantier ait pris un tournant des plus inhabituels.
Réelle concurrence ou favoritisme et entraide ?
Deux entreprises étaient en concurrence : Bouygues et Vinci. Vinci l’a emporté. Mais la CRC s’interroge au sujet de la proposition de l’appel d’offres. Bouygues aurait proposé une offre quasiment impossible à accepter. Selon le rapport, Bouygues aurait mal jugé le marché et se serait trompé dans le prix de la construction des travaux de l’Allianz Riviera en le sous-estimant grandement. Cela peut paraître incompréhensible, surtout quand on sait que dans cette même période Bouygues, via sa filiale Arema, se battait pour obtenir le chantier du nouveau stade Vélodrome à Marseille et l’a emporté sans aucune contestation possible face à … Vinci.
De plus le nouveau centre commercial « Nice One » limitrophe à l’Allianz Arena, dont les travaux ont débuté il y a un peu plus d’an et qui aura plus de 29 000 m² de surface commerciale, est aussi sujet à de multiples controverses. Inclus dans le partenariat public-privé pour un bail de 99 ans, il est, cependant, l’apanage d’une seule et unique personne. Un actionnaire de l’OGC Nice, en a racheté les droits à Vinci pour environ 80 millions d’euros. Pourtant, à l’instar de l’Allianz Riviera, la construction dudit centre commercial a été actée sous la forme d’un PPP. Ce qui signifie qu’il a été payé par la ville et par extension … les contribuables.
Allianz Riviera: Dépenses maximales pour rendement minimal ?
Pour sa configuration football, l’Allianz Riviera compte 35 624 places. Selon la CRC, c’est trop pour une ville qui ne possède qu’un évènement sportif majeur à intervalle sporadique. Le seul évènement capable de renflouer les caisses de la ville est l’Euro 2016 mais, une nouvelle fois, sa durée est de très court terme.
Pour pallier à ce manque d’argent, la ville peut organiser des rencontres sportives grâce au RCT (qui délocalise ses matchs à l’Allianz Riviera une fois par an) ou à l’équipe de France de football (prochain match amical le 8 octobre prochain contre l’Arménie). La ville peut également utiliser le stade à des fins culturelles comme lors de concerts mais une nouvelles fois rien n’est fait à long terme pour pouvoir en tirer bénéfice.
Pour essayer d’y voir un peu plus clair, le parquet national financier statuera sur la responsabilité de chacune des parties entre la Ville de Nice et la CRP. Et cette fois-ci, plus question de botter en touche.
Julien HOLTZER