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Arabie saoudite : Mort d’un tyran, pleurs de l’Occident

Le roi d’Arabie saoudite, Abdallah ben Abdel Aziz Al-Saoud, est décédé à l’âge de 90 ans. Les gouvernements occidentaux, champions autoproclamés de la vertu démocratique, ont fait part de leur immense tristesse face à la disparition d’un dirigeant qui menait une politique de restriction des libertés fondamentales. Qu’est-ce qui vaut à la dynastie wahhabite une telle indulgence internationale ? Peut être sa soumission perpétuelle aux États-Unis et aux intérêts des puissances occidentales ?

Le roi Abdallah, incarnation post-mortem du pacifisme

Les réactions émues des dirigeants occidentaux se sont succédées à un rythme effréné. Toutes ont clamé à leur façon, mais avec une tristesse unanime, une célébration sans nuances du monarque. François Hollande s’est ainsi fendu d’un hommage élogieux, saluant « la mémoire d’un homme d’État dont l’action a profondément marqué l’histoire de son pays et dont la vision d’une paix juste et durable au Moyen-Orient reste d’actualité ». Il a même gratifié ce bon roi de la valeur la plus céleste, arguant que celui-ci luttait « contre le terrorisme ». De son côté, le Premier ministre canadien en a presque fait trop :  » Nous sommes de tout cœur avec le peuple saoudien et nous pleurons le départ de ce grand homme ».

Ça renifle sévèrement dans les mouchoirs. Osons néanmoins poser quelques questions. Arrêtons-nous quelques instants sur les faits. Histoire de les comparer avec ces larmoyantes déclarations. Car les dirigeants occidentaux font quand même preuve d’un joli culot.

Regard objectif sur les activités saoudiennes

L’Arabie saoudite garante de la « paix » ? On croirait presque à une farce. Un royaume qui a, depuis sa naissance, joué le rôle de mercenaire pour le compte des USA ? Ce n’est pas une divagation que de rappeler que la famille Saoud a encouragé le coup d’État égyptien du général Al-Sissi  contre Mohammed Morsi en juillet 2013 (coup d’État qui a engendré une violente répression contre les Frères Musulmans, faisant plus de 1 000 victimes, massacre réalisé avec la bénédiction encourageante de l’Arabie saoudite). Ni de faire remarquer que c’est bien Abdallah qui a financé et envoyé des armes en toute liberté aux djihadistes de Syrie et a ainsi participé à l’embrasement de la région. Alors monsieur Hollande, il luttait vraiment « contre le terrorisme » ?

obama as

Alors pourquoi une telle amnésie sélective de la part de l’Occident ? Certes, l’Arabie saoudite est la marionnette indéfectible de l’angélique puissance américaine à qui, en échange de sa constante protection militaire et financière, elle vend pour presque rien son or noir et assure une main-mise sur le Moyen-Orient en déstabilisant toute tentative de pays désireux d’affirmer leur indépendance. Mais tout de même, où sont passées les belles leçons de morale occidentales qui n’hésitent pas à condamner l’Iran ou la Russie ? Cachées sous le tapis en attendant que ça passe ?

« Un grand défenseur des femmes »

Affirmons-le sans ambages : les libertés fondamentales ne sont aucunement respectées en Arabie saoudite. Que le royaume soit honteusement épargné par la communauté internationale ne changera rien à la réalité des choses.

caricature arabie saoudite

Les voleurs sont toujours condamnés à l’amputation et on emprisonne toujours les dissidents du régime qui osent faire entendre des voix critiques. Malgré ces faits avérés, la perle des hommages mensongers et hypocrites provient de la directrice générale du FMI (tout de même !) . Cette chère Christine Lagarde a en effet déclaré en toute quiétude que le roi était « d’une manière discrète un GRAND DEFENSEUR DES FEMMES ». Elle n’a pas peur du ridicule, visiblement. Car si Abdallah fut un fervent défenseur des femmes, il a en effet fait preuve d’une grande discrétion. S’obstiner à interdire aux femmes de conduire, de voter, d’entrer seules dans un hôpital, est-ce réellement la plus belle démonstration de féminisme ? Prôner la lapidation en cas d’adultère, est-ce le meilleur moyen de montrer son respect pour la gente féminine ? On attend patiemment la condamnation de Madame Lagarde pour apologie de violation des droits de l’homme.

Antoine Morange 

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