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Attentat d’Ankara : la passivité du pouvoir pointée du doigt

Istanbul manifestation

L’attentat d’Ankara a tué 95 personnes manifestant pour l’arrêt des violences entre le gouvernement turc et les rebelles kurdes. Deux jours après l’attentat, les militants du parti pro-kurde HDP accusent le pouvoir en place de n’avoir rien fait pour protéger les manifestants.

95 morts et 246 blessés samedi dernier à Ankara parmi les milliers de gens venus manifester pour la paix. L’attentat serait l’oeuvre, selon le 1er ministre turc Ahmet Davoglu, de deux terroristes kamikazes, agissant peut-être pour l’EI.

 

« Nous maudissons et condamnons cette attaque atroce qui a visé notre démocratie et la paix dans notre pays », a déclaré le ministère de l’Intérieur. Mais ce lundi à Istanbul, c’est contre le gouvernement turc que la colère du peuple s’est exprimée.

Ce lundi à Istanbul, 10 000 personnes sont descendues dans la rue et ont pointé du doigt le gouvernement islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdoğan pour ne pas avoir protégé les manifestants d’Ankara, à majorité pro-kurde.

« Le responsable, c’est le pouvoir »

Un climat de peur règne en Turquie depuis la précédente campagne électorale de juin et les attaques mortelles contre le parti pro-kurde HDP. A l’issue de ce scrutin, les partisans de HDP ont fait leur rentrée au Parlement turc au détriment du parti du président Erdogan (AKP). Celui-ci venait donc de perdre la majorité au Parlement.

Erdogan essaiera donc d’inverser cette tendance lors des prochaines élections législatives du 1er novembre. Mais l’opposition l’accuse justement de mettre de l’huile sur le feu du conflit kurde, avec l’espoir d’attirer à lui l’électorat nationaliste.

Erdogan Turquie

Le président turc Erdogan, pointé du doigt après l’attentat de samedi à Ankara (crédits : lifixew)

« Hier, à l’annonce de l’intention du PKK d’établir un cessez-le-feu à partir de demain, on s’est dit « ça y est », il y a l’espoir d’une campagne plus sereine. Mais voilà, cette attaque est intervenue et montre combien l’AKP, qui se nourrit de l’ambiance de violence, la fait monter », a affirmé Bircan Yorulmaz, membre du bureau exécutif central du HDP.

Les militants du HDP estiment aussi que le régime n’a volontairement rien fait pour empêcher l’attentat. « Nous n’affirmons pas que les attentats perpétrés contre nous sont étrangers à Daesh comme il a été affirmé par le pouvoir. Mais nous savons que l’AKP leur fournit la logistique et leur prépare le terrain : non seulement les militants de l’EI peuvent entrer et sortir du territoire comme ils veulent mais ils ont des camps d’entraînement ici », rappelle le vice-président du HDP stambouliote.

Autre fait suspect, des militants ont été placés en garde à vue à Ankara parce qu’ils essayaient d’accéder au lieu du drame pour porter secours aux blessés. Mais au-delà de la colère, les manifestants stambouliotes aspirent à l’arrêt des violences entre forces de l’ordre et rebelles kurdes.

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