En un mois , Daesh a frappé dans 4 pays (hors Syrie et Irak), tuant 500 personnes : Ankara (102 morts le 10 octobre), charter russe dans le Sinaï (224 morts le 31 octobre), Beyrouth (44 morts le 12 novembre), Paris (130 morts le 13 novembre). D’après des experts, ces attaques ne sont pas près de s’arrêter .
Si une théorie tend à croire que les attaques de Daesh sur des cibles civiles totalement extérieures sont des signes d’affaiblissement sur les fronts syrien et irakien, Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po Paris, spécialiste des mouvements djihadistes, n’est pas de cet avis. En effet dans une interview donné aux journalistes du journal belge Sudinfo l’expert estime qu’en frappant là où on ne l’attend pas, Daesh conserve l’initiative et donc par extension, choisit le déroulement à venir pour le conflit.
L’EI (Etat islamique) risquerait maintenant de se tourner vers d’autres capitales européennes d’après Jean-Pierre Filiu. Paris ayant été durement touchée par les attentats, c’est maintenant une ville en état de siège. L’Etat islamique chercherait donc à terroriser l’ensemble de l’Europe le plus rapidement possible. Plusieurs pays arabes auraient fourni aux services de renseignements occidentaux des informations : les villes de Londres, Moscou mais également le Caire seraient visés par la terrorisme. De plus, deux djihadistes auraient également menacé Rome, dans une vidéo mise en ligne vendredi.
Depuis samedi, la campagne de frappes aériennes s’est intensifiée. Pourtant, toujours d’après Jean-Pierre Filiu, le potentiel militaire de l’EI n’a été que très légèrement entamé. Des combattants de l’EI auraient en effet été tués mais l’état-major de l’organisation n’aurait pas été atteint par les frappes. D’après un autre expert australien, David Kilcullen, il faudrait multiplier l’intensité des frappes par dix voir par vingt afin de réellement modifier le déroulement de la guerre en Syrie. En s’appuyant sur cette estimation, le départ du Charles de Gaulle pour la Syrie ne ferait qu’aller dans le bon sens mais semble bien insuffisant (ne permettant « que » de multiplier par trois la force française en Syrie et en Irak). Daesh serait constitué aujourd’hui d’une force militaire estimée entre 50000 et 80000 combattants utilisant tantôt des méthodes de combat conventionnel (comme une armée d’un Etat souverain, combattant de manière frontale) et des méthodes de guérilla, bien plus difficiles à atteindre par des moyens aériens.
Si certains chefs d’Etats sont totalement opposés à l’envoi de troupes au sol, de nombreuses voix se font entendre en France mais également aux Etats-Unis ainsi que dans certains pays européens. De nombreux experts, hommes politiques et militaires sont favorables au déploiement d’une force armée occidentale ou formée de pays de la coalition arabe (incluant notamment la Turquie ainsi que l’Egypte et la Jordanie). Parmi ces personnes, on retrouve notamment le ministre belge de la Défense, qui n’exclurait pas d’envoyer des troupes en Syrie.
De nombreux sénateurs américains seraient favorable à une intervention militaire au sol dans le cadre de l’OTAN ; la France ayant été attaquée sur son territoire par une puissance étrangère, elle serait alors en mesure d’employer l’article 5 du traité de L’OTAN :
« Les parties conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles, survenant en Europe ou en Amérique du Nord, sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence, elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d’elles, dans l’exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l’article 51 de la Charte des Nations unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d’accord avec les autres parties, telle action qu’elle jugera nécessaire, y compris l’emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l’Atlantique-Nord. »
D’après un sondage IFOP, 56% des français seraient favorables à l’envoi de troupes en Syrie. Ce sondage nous permet de constater une volonté de plus en plus forte des français à intervenir au sol au Moyen-Orient. Mais 44% y restent tout de même opposés, ils seront d’autant plus nombreux si ce conflit devient un nouveau « bourbier afghan ». D’après de nombreux experts, si une victoire au sol dans un premier temps est possible, il semble extrêmement difficile de garantir la stabilité du pays par la suite. Ce serait donc se risquer à une intervention longue, sans réels résultats sur le long terme, coûteuse pour nos finances mais également en vies humaines.