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Avignon: le festival sans langue de bois

Une semaine après la clôture de la 69e édition du festival d’Avignon, l’heure est aux bilans. D’un point de vue médiatique, ils sont clairs. Jamais une édition du IN n’avait été aussi controversée. En cause, les 50 ans du OFF qui questionnent une fois de plus la justesse d’une telle délimitation entre spectacles officiels et officieux.

Pour essayer d’être plus juste et mesuré dans nos jugements, voici une sélection de 3 spectacles qui auront marqué cette année.

81 avenue Victor Hugo

Le thème est prometteur. La pièce d’actualité d’Olivier Coulon-Jablonka met en scène un collectif de sans-papiers qui content leur immigration depuis leur pays d’Afrique jusqu’en France. Les histoires prennent la dimension de récits épiques qui mélangent sacrifices, prise de risques et adrénaline. Les hommes qui jouent devant nous révèlent un autre visage mais gardent un ton calme et juste.

Malheureusement, la pièce n’évite que difficilement les écueils liés à ce type de sujet. Certains jouent un pathos larmoyant peu convainquant. De plus, la fin tombe dans un raccourci politique très dommageable. La chanson « Ouvrez les frontières » qui clôt le spectacle paraît plus entêtante que murement réfléchie.

Cuando vuelva a casa voy a ser otro

Quand je rentrerai à la maison je serai un autre convainc malgré un manque de profondeur. Parti d’un travail sur la recherche identitaire, l’Argentin Mariano Pensotti nous sert une pièce originale au rythme soutenu. Il croise les vies de 4 personnages qui ne réussissent plus à vivre dans le présent à cause de leur obsession soit pour un passé révolu soit pour un futur imaginaire.

La mise en scène sous forme de tapis roulants qui exposent des objets de vie met brillamment en perspective les histoires des uns et des autres. On regrettera que le scénario, qui lance pourtant de nombreuses pistes de réflexion, ne prenne pas le temps de les creuser jusqu’au bout.

Retour à Berratham

La collaboration de Laurent Mauvignier et Angelin Preljocal était l’une des plus attendues sur ce festival. C’est surement pour cette raison que les critiques se sont déchaînées sur cette pièce. Certes, quelques maladresses dans la synchronisation du texte et des ballets peuvent parfois faire pencher vers l’indigestion. Pourtant, l’ensemble touche tout de même au grandiose.

Berratham est une ville imaginaire de Yougoslavie quittée par le personnage principal au temps de la guerre. Quelques temps plus tard, il décide d’y revenir pour retrouver la femme qu’il avait aimé étant jeune. Mais le temps a passé et il n’est plus le bienvenu à Berratham. La tragédie lyrique atteint le sublime dans un décor obscur et une atmosphère pesante, une réussite.

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