Après chaque grande défaite lorsque l’ancien champion s’éclipse le camp des vaincus peine à panser les plaies. L’Union pour un mouvement populaire se retrouve dès lors dans cette position qu’elle ne connaissait plus, celle d’opposant politique à une majorité présidentielle qui a successivement gagné toutes les élections. Déjà les mauvaises langues diront que les vautours se partagent les restes encore fumants du perdant, d’autres plus corrects appelleront de leurs voeux un homme providentiel qui incarnera la reconquête d’un pouvoir perdu. Surtout chaque prétendant manie avec un certain talent l’une ou l’autre version selon la situation, selon ce qui l’arrange. Car n’oublions jamais, la politique en France et surtout sous la Vème est un combat de Chefs.
À ce jeu-là deux prétendants semblent être les plus à même de conquérir le parti, véritable machine de guerre en vue des présidentielles. François Fillon, Jean-François Copé s’observent de loin, répondent par proches interposés mais ne s’affrontent jamais directement. Dans un combat qui s’apparente à un duel à mort pour le leadership sur une droite en pleine recomposition, les deux hommes usent de patience, d’adresse et d’esquive : entre rassemblement et conquête le combat est une danse endiablée qui ne s’arrêtera qu’à l’épuisement total d’un des protagonistes…Dans cette logique chacun verse l’ensemble de ses forces dans la bataille, constitue des réseaux dans telle ou telle région, se livre une guerre de position à travers la blogosphère.
Et pourtant cette guerre de personnalité ne saurait être qu’un simple choix de personnes, aussi j’affirme ici que si l’épopée de l’astre Sarkozy et l’élan formidable qui l’a porté a permis à la droite de rêver sa suprématie 5 ans encore, l’échec de la présidentielle ébranle un parti longtemps drogué à l’adrénaline de la victoire.
L’UMP si elle veut conserver l’espoir d’une possible reconquête doit nécessairement se remettre en question et innover. Radiovl s’intéresse à ces jeunes responsables politiques qui incarnent cette nécessité de renouvellement, cet espoir de reconquête, et qui aujourd’hui prennent position pour leur champion capable selon eux de remettre l’UMP sur le chemin de la victoire.
Mahmoud Tall est membre élu depuis août 2012 du bureau national des Jeunes Populaires en charge de la culture et de la diversité, représentant d’une droite qui se veut sociale et humaine dans la ligne droite du défunt Philippe Séguin, c’est tout naturellement qu’il soutient activement la candidature de François Fillon à la présidence de l’UMP. M. Tall nous éclaire sur les raisons de son engagement politique, de son soutien à François Fillon et sur ce qui le sépare d’autres militants de sa famille politique tels que Jonas Haddad soutien de J.F Copé.
Radio VL : Pourquoi avoir choisi l’engagement politique ?
Mon parcours commence très tôt et très jeune. Je prends conscience en 1995, par mes parents qui avaient voté Chirac aux élections présidentielles, que j’avais une sensibilité de centre-droit. J’avais 9 ans. Quatre ans plus tard, mon engagement est tout d’abord associatif (Clubs Amnesty International et Unesco junior que j’intègre au collège avec des réflexions sur les droits de l’Homme et les droits de l’enfant dans le monde). Je prends conscience que je souhaite au plus profond de moi-même aider les gens à travers des actions concrètes de terrains et de réflexion. Tout acte a ses conséquences. En même temps, dans cette période du collège (Alain Fournier, Paris) et du lycée (Sophie Germain, Paris), je me fais élire par mes camarades de classe délégué de classe (à 3 reprises dont une élection plébiscite sans m’être porté candidat et un siège permanent d’un an au Conseil d’administration et au Conseil de discipline de mon collège). C’est de ces prémices que naît une volonté politique. Défendre les intérêts d’un groupe et défendre une manière d’administrer les faits de société (concilier, écouter et agir rapidement sont les maîtres-mots pour le bon fonctionnement d’une société, d’un groupe).
C’est en 2006, lors des grèves au sein des facultés contre la réforme du CPE, que je m’engage concrètement à l’UMP. J’étais pour une modification du texte en profondeur, qui partait d’un bon sentiment (trouver des solutions de sortie de crise pour les jeunes de milieux défavorisés). Et j’étais très franchement contre les blocages de facs organisés par des syndicats étudiants classés à gauche, instrumentalisant ce débat en ne permettant pas aux étudiants de suivre leurs cours librement. Ce qui m’a attiré, c’est Nicolas Sarkozy dans cette résolution de crise. Son sang froid et son verbe dans cette situation. D’où mon engagement.
Radio VL : Quel est votre parcours politique ?
Je prends ma carte à l’UMP en 2006. Je ne suis pas tout de suite militant, mais je participe à de nombreux débats politiques pour donner ma vision d’homme de droite dans la société. En 2008, je suis repéré et désigné candidat co-listier aux élections municipales dans mon quartier, le 11ème à Paris . Je suis également l’un des porte-parole de cette liste. C’est par un travail acharné de terrain et de réflexions mené dans ma circonscription (élu et réelu au comité UMP de la 6ème circonscription de Paris depuis 2008) que mon ascension politique commence. Responsable des Jeunes de ma circonscription, responsable du projet culturel des Jeunes Pop’ Paris pour les élections régionales 2010, délégué national des Jeunes Pop’ chargé de la culture et de la diversité et dernièrement directeur de campagne de Jack-Yves Bohbot, candidat UMP aux élections législatives 2012 de ma circonscription. C’est tout simplement le travail qui paie. La suite reste à écrire.
Radio VL : Comment,selon vous, tirer profit de ces 5 prochaines années d’opposition, quand on sait que pour la droite il est si naturel d’être aux affaires ?
Je pense qu’une défaite n’est pas mauvaise en soi. Elle permet la reconstruction et le recentrage de nos idéaux et de notre idéologie. Les Français ont souhaité le changement, mais à quel prix ? Je reste très pessimiste quand à l’issu de ce nouveau pouvoir en place. C’est vrai qu’il y a une culture d’exercice du pouvoir d’Etat à droite, à l’UMP. Mais c’est aussi vrai qu’en étant aux « affaires » l’UMP s’est déconnectée de la réalité du terrain laissant à la gauche « quartier libre » !
Nous sommes à un tournant historique. Comment s’accaparer une culture d’opposition, alors que nous quittons tout juste le pouvoir ? Doit-elle être systématique ? Constructive ? C’est toutes ces questions qui ont le mérite d’être posées. Mon avis personnel sur les cinq prochaines années, c’est de comprendre comment notre société a évolué. C’est de savoir comment reconquérir les territoires locaux. J’ai ma petite idée… Mais il va falloir retrousser nos manches… Je reprend une maxime de Churchill : « Je n’ai rien à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur ». J’ai confiance en l’UMP pour se repositionner, gagner les prochaines élections (municipales 2014) et incarner une opposition parlementaire qui nous est propre.La jeune garde UMP dont je fais partie et qui est de la partie lors de cette élection, doit en être le moteur et l’impulsion. Mais les batailles se gagnent d’abord sur le terrain des idées, sur les convictions qui sont les nôtres (le combat des valeurs, de l’action et du mérite).
Aussi M. Tall incarne cette génération montante de responsables politiques UMP qui militent pour que l’UMP retrouve toute son importance sur la scène politique. Cependant il insiste bien pour que cette reconquête du coeur des français se fasse avant tout sur le terrain, au quotidien, au milieu de sympathisants et militants souvent déboussolés. Si c’est L’Histoire qui nous dira qui de F.Fillon ou de J-F Copé mènera ce nouveau combat, gageons en tout cas que cette lutte est l’occasion de voir émerger une nouvelle génération, qui, n’en doutons pas, fera parler d’elle…