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Pourquoi il est essentiel de voter un budget avant le 31 décembre ?

Lecornu Budget

Chaque année, le gouvernement et les députés doivent se mettre d’accord sur le budget de l’État avant le 31 décembre. C’est une règle fixée par la loi, nécessaire pour que le pays fonctionne normalement. Mais la France traverse une nouvelle crise politique, et le vote du budget est bloqué. Alors quels sont les risques si rien n’est voté à temps ?

Le budget de l’État, c’est quoi ?

Le budget de l’État, c’est le document qui fixe combien l’État prévoit de dépenser et comment il compte financer ces dépenses au cours de l’année. Chaque année, le gouvernement et les députés décident combien l’État va dépenser pour les écoles, les hôpitaux, la police, la transition écologique… Ils doivent aussi décider comment l’État va trouver cet argent (impôts, taxes, emprunts…).

Le Parlement doit voter ce budget avant le 31 décembre pour qu’il puisse entrer en vigueur le 1er janvier. Sinon, l’État fonctionne « à l’aveugle » avec des règles provisoires. C’est la Constitution française qui impose que le budget soit voté « au plus tard le 31 décembre ».

Que se passe-t-il si le budget n’est pas voté à temps ?

Pas de budget voté, c’est comme partir en voyage sans bagages : on peut avancer un peu, mais on est très vite bloqué.

Sans budget voté, l’État ne peut pas dépenser librement. Cela complique le fonctionnement de l’école, des hôpitaux, des administrations ou de la police. Il devient difficile de donner des instructions aux ministères, de lancer des appels d’offres, ou de garantir les paiements dans les secteurs sensibles (éducation, santé, sécurité). Sans budget, l’État ne peut pas lancer de nouveaux projets, ni adapter les politiques aux besoins.

De plus, la France affiche un déficit public élevé (autour de 5,4 % du PIB en 2025) et une dette publique déjà lourdement sollicitée. Les investisseurs surveillent attentivement la stabilité institutionnelle. Un pays incapable de voter son budget à temps est perçu comme moins sûr. Cela peut donc entraîner une hausse des taux d’intérêt sur les emprunts d’État. Emprunter de l’argent devient donc plus cher pour l’État.

Par ailleurs, le cadre européen s’impose à la France, qui a déjà subi une procédure pour déficit public excessif. Un retard ou un rejet budgétaire rendrait plus difficile la crédibilité des engagements français vis‑à‑vis de l’Union européenne.

Éviter le blocage institutionnel

La France est actuellement dans une crise politique majeure. La démission du Premier ministre Sébastien Lecornu fragilise le calendrier budgétaire. La crainte que le pays se retrouve sans budget pour 2026 grandit de jour en jour. En annonçant qu’il n’utiliserait pas l’article 49.3 pour faire passer le budget sans vote, le Premier ministre sortant a choisi de laisser la responsabilité aux députés de s’entendre, misant sur le dialogue plutôt que sur le passage en force.

Mais lorsque le Parlement se divise profondément, comme c’est le cas aujourd’hui, les partis doivent relever un véritable test politique pour parvenir à un compromis budgétaire. L’adoption d’un budget est souvent un marqueur de stabilité gouvernementale. Échouer à le voter peut ouvrir la voie à des crises institutionnelles, des motions de censure, voire à une dissolution de l’Assemblée nationale.

Deux jours après sa démission surprise, Sébastien Lecornu s’est exprimé publiquement depuis la cour de Matignon, le mercredi 8 octobre. Dans sa déclaration, il a salué « la convergence » des forces politiques autour du budget, estimant que cela éloignait « la perspective d’une dissolution ». Il a également annoncé qu’il se rendrait dans la soirée à l’Élysée pour présenter au Président de la République les pistes de compromis recueillies lors de ses consultations avec les différentes formations politiques.

Alors qu’il semblait pessimiste en quittant ses fonctions, il affirme désormais percevoir une volonté commune d’éviter une impasse. « Parmi les bonnes nouvelles, je constate, après l’ensemble des consultations que j’ai pu avoir, qu’il y a une volonté d’avoir pour la France un budget avant le 31 décembre », a-t-il déclaré.

Quelle suite pour le budget ?

Le départ de Sébastien Lecornu n’en reste pas moins un coup dur pour la préparation du budget 2026. Un exercice crucial qui engage près de 1 700 milliards d’euros de dépenses publiques, pour financer notamment les retraites, la santé, l’éducation ou encore le fonctionnement des administrations. Ainsi que 1 500 milliards de recettes, issues principalement des impôts, des cotisations sociales et des taxes diverses.

Dans ce contexte, le gouvernement a d’ailleurs légèrement ajusté l’objectif de déficit public. Il n’est plus fixé à 4,7 %, mais désormais « en dessous de 5 % », signe des tensions entre la volonté de rigueur et les réalités politiques. Le pays se trouve donc face à deux problématiques majeures : il lui faut un budget pour fonctionner, mais aussi un consensus politique pour le faire adopter dans les temps.

À lire aussi : Pourquoi Sébastien Lecornu a‑t‑il démissionné ?

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