Depuis le 11 mai dernier et jusqu’à une date qui devrait avoisiner le mois de février 2017, Daniel Buren investi la Fondation Louis Vuitton. Non pas pour y réaliser une exposition à proprement parler mais plutôt une installation in situ, qui régénère l’espace et la vision que l’on peut en avoir.
L’application de son « outil visuel » sur les ailes de la Fondation :
Le principe de cette oeuvre, appelée « L’Observatoire de la lumière », est l’apposition sur les ailes de verre de la Fondation de filtres colorés à intervalle régulier, avec une ou deux couleur par voile (certaines ailes du bâtiment ayant deux pans, Buren joue avec les variations en changeant légèrement la teinte sur les deux côtés). La patte de l’artiste se reconnaît dans l’outil visuel qu’il utilise, à savoir la présence tous les six carreaux (287 au total) de bandes plus « ternes » disposées comme à son habitude depuis les années 60 à 8,7 centimètres les unes des autres. Elles sont scrupuleusement étudiées puisque leur orientation soient perpendiculaire au sol, afin de « restituer la verticalité dans ce chaos organisé ».
Une oeuvre monumentale :
Le travail fut de taille : cinq semaines de travaux pour couvrir les 13 500 mètres carrés des ailes de la Fondation découpés en 3 600 verres. L’investissement semble être rentable pour Bernard Arnault puisque sa vitrine artistique se pare de teintes chaleureuses et agréables. Pour les responsables artistiques, Buren représente en parant les pans du bâtiment de filtres colorés « l’identité Vuitton » avec cet « oiseau qui s’envole en couleur« . Si l’on peut avoir un regard critique quand aux collaborations entre des artistes contemporains et des personnes aussi fortunées que Bernard Arnault, c’est malgré tout belle et bien une impression de légèreté qui se dégage de l’impressionnant bâtiment.
Dévoilement ludique de l’espace :
Grâce à la lumière (surtout au soleil qui est un élément sine qua non de l’appréciation optimale de l’installation), les murs blancs assez neutres se parent de teintes colorées qui changent les perceptions des espaces et rendent finalement le vide et les terrasses de la Fondation plus intéressants et regorgeant de vitalité que les œuvres situées à l’intérieur. Les variations selon les moments du jour, de l’année s’avèrent surprenantes, avec la sensation que chacun aura expérimenté ce coloré habillage d’une manière singulière (avec des regrets pour les visites par temps blanc).
Une carte blanche bien utilisée :
De part sa notoriété ainsi que son habitude des œuvres in situ (notamment lors de la Monumenta qu’il a occupée), il n’a pas fallu longtemps pour que Daniel Buren puisse faire comme bon lui semble avec la structure. En effet, Frank Gehry, l’architecte de la Fondation, a donné son accord pour que son confrère orne de son étendard les ailes de l’imposante construction. Puisque la Fondation a été construite pour abriter l’art, il semble fortement pertinent que l’art puisse avoir l’opportunité d’abriter l’art. Le but de Buren étant d’attirer le regard sur ce qui peut passer inaperçu : cette gigantesque structure qui peut paraître terne sous le ciel parisien. Ainsi, même en se retrouvant devant une statue arc-en-ciel aux inspirations bouddhistes de trois tonnes, le regard est orienté vers le puits de lumière qui laisse apparaître les carreaux bleus d’une des ailes de la grande machine métallique aux airs de vaisseau futuriste.
Crédit image à la Une : insiderfrance