Jérôme Lavrilleux, ex-directeur de cabinet de Jean-François Copé, accuse ce mercredi Nicolas Sarkozy de mentir sur l’affaire Bygmalion, dans une interview accordé à l’Obs.
« Il ne faudrait plus appeler cette affaire « Bygmalion », mais celle des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy. » En lâchant cette phrase ce mercredi au journal L’Obs, Jérôme Lavrilleux jette un pavé dans la mare. Pour l’ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy était parfaitement au courant de l’état financier de sa campagne présidentielle de 2012.
« Les comptes ont débordé de tous les côtés, a déclaré celui qui avait révélé ce système frauduleux au printemps 2014. Il n’y a que Nicolas Sarkozy pour dire dans sa déposition que cette affaire ne concerne pas sa campagne. C’est un système de défense voué à un échec total. »
Lors de son audition par la police début septembre, Nicolas Sarkozy a reconnu l’existence d’un système de fausses factures mais à d’autres fins, entre l’UMP alors dirigé par Jean-François Copé et Bygmalion (dont les fondateurs sont proches du député).
« Il adopte le même système de défense dans toutes les affaires où il a été entendu, lâche Jérôme Lavrilleux en parlant de l’ancien chef d’Etat. Dans Bygmalion, il dit « C’est pas moi, c’est l’autre ». Il se défausse, il vit dans un monde irréel et ne sait pas assumer. »
« Il m’arrive d’avoir peur »
Cette sortie médiatique de Jérôme Lavrilleux intervient cinq jours après la confrontation de cinq figures majeures de l’affaire devant les juges d’instruction, dont il fait lui-même partie. Au sortir de cette longue confrontation, les policiers et les juges ont eu la conviction que des fausses factures ont bel et bien permis d’imputer à l’UMP environ 18,5 millions d’euros de dépenses de meeting, qui auraient dû figurer dans le budget de campagne de Nicolas Sarkozy.
Jérôme Lavrilleux affirme être « serein et confiant », en reconnaissant toutefois qu’il lui arrive « d’avoir peur. » « Je n’ai pas envie d’apprendre à nager dans 20 cm d’eau comme Robert Boulin. J’ai dit à mes proches que si un jour j’avais un accident de voiture, il faudrait faire une expertise. C’était de l’humour noir, quoique… »
Mis en examen le 15 juin pour usage de faux, recel d’abus de confiance, complicité d’escroquerie et complicité de financement illégal de campagne, Jérôme Lavrilleux a cherché depuis le début de l’enquête à minimiser son rôle dans l’élaboration de ce système de facturation.
Franck Attal (patron d’Event and Cie, filiale de Bygmalion et société prestataire des meetings) avait pourtant assuré pendant la confrontation devant les juges d’instruction que Jérôme Lavrilleux lui avait annoncé en pleine campagne qu’il fallait en passer par de fausses factures. Mais ce dernier nie les faits.