Alors qu’il est déjà poursuivi pour son compte caché en Suisse puis à Singapour, l’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac est soupçonné d’avoir versé des revenus sur les comptes de sa mère à l’insu de celle-ci et de l’administration fiscale française.
Selon une source proche du dossier, le parquet national a demandé dans ses réquisitions de décembre que Jérôme Cahuzac et son ex-épouse Patricia soient aussi jugés pour ces faits, qualifiés de « blanchiment de fraude fiscale ».
La cellule antiblanchiment de Bercy, Tracfin, a en effet mis en lumière l’encaissement de nombreux chèques de particuliers sur les comptes de la mère de l’ancien ministre, entre 2003 et 2010. Cet argent proviendrait de fonds liés au cabinet d’implants capillaires du couple Cahuzac. Vacances et séjours dans des hôtels auraient été financés via ces comptes.
210 000 euros encaissés
Au total, l’enquête estime que quelques 210 000 euros venant de patients du cabinet d’implants auraient ainsi été encaissés sur le compte de la mère de Cahuzac. Celle-ci a assuré ignorer ces mouvements bancaires. Dans le clan de l’ancien ministre, on fait profil bas. Jérôme Cahuzac n’a pas contesté les faits tandis que son ex-épouse a indiqué que l’utilisation du compte maternelle s’expliquait par une « gestion familiale » des revenus du cabinet médical. Me Jean Veil, l’un des avocats de l’ancien ministre n’a quant à lui pas fait de commentaires malgré les demandes de l’AFP.
Menace de procès de plus en plus proche
Une nouvelle affaire ternit donc encore le dossier déjà bien épais de Jérôme Cahuzac. Alors qu’il avait longtemps nié, malgré les révélations appuyées de Mediapart, l’ancien président de la commission des finances à l’Assemblée avait reconnu en avril 2013 avoir ouvert un compte en Suisse chez UBS en 1992. L’ouverture avait pu être réalisée grâce à une connaissance, l’avocat Philippe Peninque, par ailleurs proche de l’extrême droite.
Les quelques 600 000 euros avait ensuite été transférés à Singapour avant d’être rapatriés en toute hâte après l’éclatement du scandale. Celui-ci a mis un terme à la carrière politique de l’ancien ministre du budget. Il avait aussi écorné la promesse de François Hollande d’une république « exemplaire ».
La décision de renvoyer ou non l’affaire en procès appartient désormais aux juges d’instruction.
Antoine Morange