Dans moins de trois semaines, les britanniques seront appelés à se prononcer lors d’un référendum sur la sortie ou non du Royaume-Uni de l’Union européenne. En janvier 2013, David Cameron avait lancé cette idée en affirmant que la décision populaire déterminerait l’avenir de la Grande-Bretagne au sein de l’UE sans imaginer que le combat serait aussi rude. Il était invité hier d’une émission pour tenter de convaincre les partisans du Brexit mais également les indécis de rejeter une mesure qui serait « un acte d’automutilation ».
On avait proposé à David Cameron de participer à un débat, mais de peur de se retrouver face à une figure de son propre parti qui soutient la sortie du pays de l’UE, il avait préféré ne pas prendre de risques.
C’est donc sur SkyNews hier que l’on a découvert le Premier ministre dans une émission en deux parties: une première avec un entretien face à deux journalistes et une seconde avec un panel composés de pro-UE, anti-UE et enfin des indécis. Le programme d’une durée d’une heure n’a pas réellement apporté de nouveauté, la position de David Cameron était déjà connue: le Royaume-Uni doit rester dans l’UE, mais cette dernière doit répondre positivement à certaines demandes formulées par le Gouvernement.
Une prestation qui a du mal à convaincre
C’est la première fois que David Cameron se prête à l’exercice pour parler du « Brexit », contraction de « Britain » et « exit » et qui signifie donc une sortie de l’UE, et le moins que l’on puisse dire c’est que Cameron s’est montré combatif. Il a réussi à présenter clairement les résultats qu’il avait obtenus après de longues réunions avec les dirigeants européens et insisté sur la catastrophe que représenterait le Brexit pour le pays. Des arguments aussi bien économiques que politiques qui sont venus appuyer une rhétorique presque parfaite, comme David Cameron nous y a habitués, et qui a semblé agacer une étudiante.
Les plus partisans d’une sortie de l’UE n’ont pas semblé conquis par les propos du Premier ministre, voire même choqués qu’il ait recours à des arguments aussi outranciers affirmant qu’une guerre n’était pas à exclure si la Grande-Bretagne quittait l’UE et d’ajouter qu’un « oui » en juin ne ferait que réjouir Vladimir Poutine. L’emploi d’arguments aussi forts pour convaincre que le « non » est la seule voie viable amuse lorsqu’on sait que quatre mois plus tôt, ce même Cameron menaçait de soutenir le « oui » si l’UE ne répondait pas à ses exigences…
Un « non » loin d’être évident pour tout le monde
Depuis septembre 2015, les deux camps qui s’affrontent sur la question du Brexit ont été en quelque sorte formalisés avec d’un côté David Cameron menant le « non » et de l’autre Nigel Farage (leader de UKIP, parti europhobe et xénophobe) et le plus tonitruant Boris Johnson (ancien maire de Londres) faisant campagne pour le « oui ». Toutefois, la campagne du « non » a clairement du mal à décoller et cela s’en ressent désormais dans les sondages, comme le souligne ce matin Le Monde avec des écarts qui diminuent de plus en plus dans les sondages.
Ces campagnes autour du référendum se centrent sur les deux points majeurs que sont l’immigration et le pouvoir trop important accordé à l’Union Européenne et particulièrement à la Commission. On a ainsi vu les deux camps échanger sur le nombre de personnes entrant sur le territoire britannique ou encore le poids politique de plus en plus important de l’UE outre-manche.
Un tweet note que lorsque Cameron devait se préparer pour l’émission, Boris Johnson, l’ancien maire de Londres et fervent partisan d’une sortie, était en train de participer à une vente de bovins en tant que commissaire priseur. Un rôle intransigeant qu’il a ensuite rapproché de celui exercé par les commissaires de l’UE: pas la même stratégie que le Premier ministre mais un combat qui verra bien un gagnant et un perdant.
Voir aussi: Le trublion Johnson et les snipers de l’info sur le Brexit