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CAN 2015 – Un tirage au sort explosif

Hier soir, à Malabo, la capitale de Guinée-Equatoriale, se tenait le tirage au sort de la prochaine Coupe d’Afrique des nations qui se tiendra dans le pays du 17 janvier au 8 février prochain. Une compétition qui devrait réserver des surprises au vu de la répartition des équipes dans les différentes poules.

Les seize pays qualifiés ont été répartis en quatre groupes de quatre équipes. Une phase de poules à l’issue de laquelle les deux premiers de chaque groupe s’affronteront en quarts-de-finale. Le pays organisateur, la Guinée-Équatoriale est automatiquement versé dans le groupe A, le reste étant laissé au hasard.

Nous vous proposons ici un petit tour des différents groupes tirés au sort en découvrant les équipes qui vont s’affronter dans cette première phase de la CAN.

Groupe A (entre parenthèses : classement FIFA) – Guinée-Équatoriale (119) / Burkina Faso (65) / Gabon (64) / Congo (59)

En haut: P-E Aubameyang (Gabon - à gauche) et Jonathan Pitroipa (Burkina Faso) En bas Ivan Bolado (n°10 Guinée-Équatoriale - à gauche) et Prince Oniangué (Congo)

En haut: P-E Aubameyang (Gabon – à gauche) et Jonathan Pitroipa (Burkina Faso)
En bas: Ivan Bolado (n°10 Guinée-Équatoriale – à gauche) et Prince Oniangué (Congo)

La Guinée-Équatoriale peut remercier sa bonne étoile. Le pays organisateur bénéficie d’un tirage clément qui peut même lui laisser espérer de passer le premier tour de l’épreuve. Les matches du groupe A se disputeront au stade de Bata (40.000 places), un stade qui devrait être plein à toutes les rencontres puisque, outre la Guinée-Équatoriale, il faut noter la présence du Gabon et du Congo, deux pays limitrophes et dont les supporters pourraient se déplacer en nombre.

Dans ce groupe, le Burkina-Faso apparaît clairement comme le favori. Les Burkinabés qui ont été finalistes de la dernière Coupe d’Afrique des Nations en 2013, et qui auraient pu se qualifier pour la Coupe du Monde 2014, difficilement éliminés en barrage par l’Algérie. Ils devront néanmoins se méfier du Gabon qui les a récemment battu au mois d’octobre lors de la phase de qualifications pour la CAN.

Le Burkina, le Gabon et le Congo qui s’étaient aussi affrontés en 2013 en matches de qualification pour la Coupe du Monde 2014, et c’est le Burkina qui était arrivé premier du groupe devant le Congo et le Gabon. Trois équipes qui se connaissent bien, à l’inverse de la Guinée-Équatoriale dont la dernière confrontation avec le Gabon et le Burkina Faso remonte à l’automne 2011, les équato-guinéens ayant  à chaque fois perdu contre leurs adversaires.

Une sélection de Guinée-Équatoriale qui représente une énigme au sein de ce groupe. Son équipe avait été disqualifié en août dernier car elle avait aligné un joueur qui ne possédait pas encore la nationalité sportive équato-guinéenne. Une sélection qui par ailleurs ne dispose pas de références puisqu’elle a joué très peu de matches ces dernières années, ce qui explique en partie son très mauvais classement FIFA (119e).

D’autre part, il faut noter que la Guinée-Équatoriale ne s’est jamais qualifié « sportivement » pour une Coupe d’Afrique des nations. Sa seule participation à la CAN 2012 (Quart-de-Finaliste) a été possible parce que le pays co-organisait la compétition avec le Gabon.

Groupe B : Zambie (62) / Tunisie (22) / Cap-Vert (39) / République Démocratique du Congo (55)

En haut: Youssouf Mulumbu (RDC - à gauche) et Nathan Sinkala (Zambie) En bas: Wabhi Khazri (n°23 Tunisie - à gauche) et Ryan Mendes (Cap-Vert)

En haut: Youssouf Mulumbu (RDC – à gauche) et Nathan Sinkala (Zambie)
En bas: Wabhi Khazri (n°23 Tunisie – à gauche) et Ryan Mendes (Cap-Vert)

Le Groupe B est une poule assez ouverte avec des équipes qui auront toutes leurs chances. Des rencontres qui se dérouleront au stade Ebebiyin (5.000 places) dans le nord-est du pays

La sélection qui apparaît en pôle position est la Tunisie qui peut s’appuyer sur ces fers de lance Yassine Chikaoui (FC Zurich) et Wabhi Khazri (Bordeaux), qui évoluent en Europe mais aussi sur un vivier de joueurs issus du championnat tunisien, l’un des plus compétitifs du continent africain. Des joueurs qui évoluent notamment à l’Espérance de Tunis ou CS Sfaxien, deux clubs qui ont brillé ces dernières années dans les  joutes africaines. Des joueurs locaux qui sont donc préparés aux conditions de jeu qu’ils rencontreront en Guinée-Équatoriale.

Car lorsque l’on parle de CAN, il faut se rappeler que ce ne sont pas forcément les équipes qui disposent le plus de joueurs évoluant dans des (grands) clubs européens qui réussissent le mieux dans cette compétition.

Les Zambiens en savent quelque chose, puisqu’ils avaient remporté la CAN en 2012 (avec Hervé Renard comme entraîneur) avec des joueurs pour la plupart inconnus de ce côté de la Méditerranée. Des joueurs comme Stoppila Sunzu ou Nathan Sinkala que l’on a découvert en France  lors de leur arrivée à Sochaux au moment où Renard était l’entraîneur du club.

C’est peut-être sur ce paramètre que vont compter les joueurs de RDC qui évoluent pour la plupart dans leur championnat local, et notamment au Tout Puissant Mazembe, qui est l’un des meilleurs clubs d’Afrique (deux Ligues des Champions remportées en 2010 et 2011). Des Congolais qui ont validé leur qualification sur le fil, terminant meilleur troisième de l’ensemble des groupes. Une troisième place obtenu dans un groupe relevé, derrière le Cameroun et la Côte d’Ivoire.

La dernière équipe de cette poule, le Cap-Vert, est aussi une sélection à surveiller. Quart-de-finaliste de la dernière CAN en 2013, les Cap-Verdiens sont en pleine progression. Ils ont facilement terminé premier de leur poule devant la Zambie et ont été l’une des premières équipes à valider leur billet pour la CAN. Si nombre de joueurs de la sélection cap-verdienne évoluent dans le championnat portugais, les supporters de Ligue 1 connaissent néanmoins Ryan Mendes (Lille) et Odaïr Fortes (Reims) qui sont présents dans le championnat de France depuis quelques années.

Groupe C : Ghana (37) / Algérie (18) / Afrique du Sud (51) / Sénégal (35)

En haut: Demba Ba (Sénégal - à gauche) et Sulley Muntari (Ghana) En bas: Thulani Serero (Afrique du Sud - à gauche) et Sofiane Feghouli (Algérie)

En haut: Demba Ba (Sénégal – à gauche) et Sulley Muntari (Ghana)
En bas: Thulani Serero (Afrique du Sud – à gauche) et Sofiane Feghouli (Algérie)

Le groupe C n’est pas une poule de premier tour.

A regarder sa composition, on pourrait se demander si ces quatre équipes n’auraient pas pu se retrouver en demi-finales de la compétition. Vous l’avez compris, le groupe C est le groupe de la mort de cette CAN 2015. Un groupe C dont les matches se disputeront dans le stade de Mongomo, le plus petit stade (4.000 places) et sur lequel pèse des doutes quant à la qualité de la pelouse. Un groupe qui va donc laisser des traces, et il n’est pas évident que l’équipe qui sortira leader de cette poule soit forcément celle qui remporte la compétition.

Dans ce groupe, on trouve pourtant les deux favoris de l’épreuve en l’absence du Nigéria, à savoir l’Algérie et le Ghana. Deux favoris qui pourraient passer à la trappe dès le premier tour. Entre les deux équipes, c’est pourtant l’Algérie qui semble la mieux armée, vu l’assurance avec laquelle les Fennecs se sont qualifiés pour la CAN. Une progression du football algérien récemment couronnée avec le prix du meilleur joueur africain décerné à Yacine Brahimi, la victoire de l’ES Sétif en Ligue des Champions Africaine ou les nombreuses accolades qui ont accompagné le parcours des Algériens en Coupe du Monde.

Le Ghana de son côté semble plus en difficulté, à l’image d’autres grandes équipes des années 2000 qui peinent à retrouver leur meilleur niveau. Les Ghanéens qui ont malgré tout terminé premiers de leur groupe, une qualification obtenue lors de la dernière journée. La prochaine CAN nous dira quoi penser des Black Stars qui auront forte affaire face aux deux sérieux outsiders qui complètent ce groupe.

A commencer par l’Afrique de Sud qui, à l’issue d’un long passage à vide, semble désormais revenir en force. Après une CAN 2013 organisée à domicile ou les Bafana Bafana n’ont pas brillé (éliminés en quart de finale), les Sud-Africains ont réalisé une très bonne campagne de qualification, terminant premier de leur groupe en éliminant au passage le Nigeria, dernier vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations.

Une équipe sud-africaine qui compte peu de joueurs évoluant en Europe, leur équipe s’appuyant principalement sur des joueurs issus des grands clubs du championnat local (Orlando Pirates, Kaizer Chiefs). Parmi les joueurs expatriés, on peut citer Thulani Serero qui évolue à l’Ajax d’Amsterdam et qui a récemment affronté le PSG en Ligue des Champions.

Le Sénégal a lui aussi éliminé un ancien vainqueur de la compétition. En terminant deuxième de leur groupe de qualification derrière la Tunisie, le Sénégal a fait passer l’Égypte à la trappe, triple vainqueur de la CAN entre 2006 et 2010. Le Sénégal qui dispose d’un important réservoir de talents notamment sur le plan offensif avec des joueurs comme Papiss Cissé (Newcastle), Moussa Sow (Fenerbahçe) ou Demba Ba (Besiktas).

Groupe D – Côte d’Ivoire (24) / Mali (49) / Cameroun (41) / Guinée (38)

En haut: Seydou Keita (Mali  - à gauche) et Eric Choupo Moting (Cameroun)  En bas: Ibrahima Traoré (Guinée - à gauche) et Yaya Touré (Côte d'Ivoire)

En haut: Seydou Keita (Mali – à gauche) et Eric Choupo Moting (Cameroun)
En bas: Ibrahima Traoré (Guinée – à gauche) et Yaya Touré (Côte d’Ivoire)

Le Groupe D apparaît lui aussi comme une poule relevée. Un groupe aux couleurs de l’Afrique de l’Ouest avec en plus les Camerounais qui joueront presque à domicile. Malabo, la capitale équato-guinéenne, qui accueille les matches du groupe D est à trente minutes d’avion de Douala, la capitale camerounaise, ce qui laisse présager un afflux des supporters des Lions Indomptables.

Un groupe dans lequel il ne faudrait pas sous-estimer la Guinée, pays dramatiquement touché par le virus Ebola, avec plus de 1.000 morts à l’heure actuelle. Malgré cette actualité terrible, les Guinéens sont parvenus à se qualifier pour la CAN. Les joueurs de la sélection guinéenne qui évoluent pour la plupart en Europe comme Ibrahima Traoré (Mönchengladbach) ou Ismaël Bangoura (Nantes), et qui ont dû jouer une partie de leurs matches de qualification au Maroc pour des raisons sanitaires. Ils sont parvenus à finir deuxième de leur groupe de qualification derrière le Ghana, éliminant le Togo d’Emmanuel Adebayor.

Mais face à eux les Guinéens seront confrontés à des poids lourds du football africain. A commencer par la Côte d’Ivoire, dont la sélection semble pourtant sur le déclin avec sa « génération dorée » dont Yaya Touré est désormais le porte-flambeau après la retraite internationale de Didier Drogba. Une équipe impressionnante sur le papier mais qui n’est jamais parvenue à remporter un seul titre continental échouant à deux reprises (2006 et 2012) en finale de l’épreuve. La Côte-d’Ivoire qui se retrouve dans un groupe piège dont elle pourrait ne pas se sortir.

Car face à elle, il y aura notamment le Cameroun qui a infligé une véritable correction aux Éléphants ivoiriens en phase de qualification de cette CAN. Les Camerounais qui se sont imposés 4 buts à 1 en septembre dernier face aux coéquipiers de Yaya Touré et ont terminé premier de leur groupe de qualification devant la Côte d’Ivoire et la RDC.

Les Camerounais qui alternent le bon et le pas terrible, puisque cette brillante qualification intervient après une Coupe du Monde cataclysmique où les Lions Indomptables ont plus fait parler d’eux au travers des règlements de comptes concernant la répartition des primes de match que par leur jeu (calamiteux) lors du mondial brésilien. Une Coupe d’Afrique qui pourrait sonner le retour du Cameroun au meilleur niveau.

Il faudra aussi compter sur le Mali qui est lui aussi un habitué des joutes africaines. Les Maliens ont d’ailleurs terminé troisièmes des deux dernières éditions de la CAN (2012 et 2013). Une équipe qui a fini sa phase de qualification sur une bonne note en s’imposant 2-0 face à l’Algérie après une campagne de qualification difficile, et qui aurait pu voir les coéquipiers de Seydou Keita éliminés au profit du modeste Malawi.

Comme vous pouvez le constater, à l’issue du tirage au sort, les groupes C et D semblent les plus relevés, et il est possible que plusieurs favoris de l’épreuve soit éliminés dès le premier tour ou en quart de finale (les deux meilleures équipes des groupes C et D s’affrontant en quart de finales). Dans ces conditions, on peut s’attendre à une finale et peut-être à un vainqueur surprise, à l’image de ce qui s’était passé en 2012, lors de la CAN organisée au Gabon et en Guinée-Équatoriale avec le sacre de la Zambie.

Pour la suite, rendez-vous le 17 janvier !

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