Le milieu de la mode nous rappelle parfois la politique ; les «grands» s’en vont mais ne s’effacent jamais totalement. Carine Roitfeld en est le parfait exemple.
Après avoir assuré pendant près de dix ans les fonctions de rédactrice en chef du magazine Vogue Paris, l’initiatrice du porno-chic, muse de Tom Ford à la carrière controversée n’en reste pas moins une véritable icône.
Sa démission de Vogue reste un mystère. Les rumeurs courent comme quoi la deuxième femme la plus influente du monde de la mode aurait été évincée par Condé Nast France. L’information semble plausible ; Carine, «l’indomptable», «qui ne supportait pas l’autorité» selon son successeur Emmanuelle Alt a vu sa réputation éclaboussée durant ses «années Vogue» par divers scandales. On peut se permettre d’évoquer vaguement le numéro dans lequel Thylane Blondeau pose en robe léopard perchée sur des Louboutin ou bien «l’affaire» Balenciaga, dont le directeur artistique, Nicolas Ghesquière, avait interdit l’entrée à son défilé à l’équipe du Vogue – dont Carine – en 2010.
Néanmoins Carine Roitfeld jouit toujours d’une grande popularité, et a décidé de ne pas laisser son esprit créatif s’évanouir…
Ces derniers moins ont été consacrés à la préparation avec Karl Lagerfeld de l’exposition «The Little Black Jacket» de Chanel, mettant en scène d’illustres personnalités de tous horizons réinterprétant à leur sauce le port de la fameuse veste en tweed créée par Coco quelques décennies auparavant. Un travail colossal ayant abouti à diverses expositions dans six des plus grandes villes du monde dont Paris, New York et Tokyo et de prochaines en cours de préparation. De Kanye West à Jane Birkin en passant par Freja Beha, on y aperçoit également une Carine délicieusement «déguisée» en Gabrielle Chanel, plus élégante que jamais en tailleur noir et sautoir de perles, ses enfants Vladimir et Julia étant aussi de la partie.
Non contente de cette collaboration l’ex-rédactrice en chef du Vogue a lancé début septembre sa propre ligne de cosmétique avec la marque Mac comprenant une petite vingtaine de produits arborant sa signature. Icône de mode oui, mais aussi icône de beauté. Le teint «nude», les yeux «fatigués, mais fatigués chic» comme madame dit si bien et cette chevelure négligée tombant sur son visage s’affichent comme la marque de fabrique de celle qui confiait à l’aube de son arrivée au Vogue, en 2001, être systématiquement arrêtée et fouillée à l’aéroport à cause de son air «junkie».
Et ce n’est pas terminé ! Le meilleur reste à venir… L’indomptable reine de la mode a lancé le 13 septembre dernier son propre magazine de mode et de photographie, «CR Fashion Book». Son objectif ? Mettre en avant de jeunes créateurs talentueux, «découvrir de nouveaux genres et de nouveaux visages» et sans doute célébrer les pêchers mignons de Carine, la passion du noir, l’essence de la coupe.
À noter que les 113 clichés de l’exposition « The Little Black Jacket » sont présentés jusqu’au 25 novembre au Grand Palais.
«Tout ce qui est à la mode m’agace», confit-elle dans une interview accordée au Madame Figaro. Un comble pour cette femme si médiatisée et pourtant si mystérieuse qui aura entièrement consacré sa vie à la mode.
Tristan Rossi