La Rédaction fait un retour sur la rentrée littéraire, pour s’intéresser à un livre en particulier : Histoire d’un amour de Catherine Locandro aux Editions Héloïse d’Ormesson.
« Au comptoir de l’Alfredo, en face du lycée où il enseigne la philo, Luca lit La Repubblica. Ce matin-là, un article le ramène en 1967 lorsque, figurant pour une émission de variétés de la RAI, il croisa la Chanteuse. S’ensuivit une liaison, aussi ardente que brève, avec cette diva tristement célèbre pour sa tentative de suicide après la mort tragique de son compagnon. Une passion qui fit de Luca un homme à part, à distance du monde. Les révélations de ce journaliste lui offrent la chance de reprendre son existence en main. Au gré d’évocations romaines – les ruelles bruyantes du Trastevere, la boucherie-triperie de la Via della Scala –, Catherine Locandro nous livre un roman sur la perte amoureuse et le poids des secrets, tout en délicatesse et émotion. »
Dans le cadre de la sortie de son dernier roman nous avons rencontré Catherine en Octobre dernier chez son éditrice. Nous avons immédiatement été frappés par le caractère extrêmement humble de cette femme qui a bel et bien une place intégrante dans la sphère littéraire.
Catherine Locandro entre dans la vingtaine quand elle est publiée pour la première fois. L’histoire de son premier roman est atypique et émouvante à la fois. Plus jeune, alors qu’elle s’orientait vers l’écriture scénaristique, c’est dans une démarche d’écriture filmique qu’elle a accouché de Clara la nuit (Editions Gallimard) . Elle a hérité de sa passion pour le cinéma, un style que nous pouvons définir en un sens comme très pictural et épuré. Sa plume, qui à l’origine ne se destinait pas à l’écriture littéraire, constitue à notre sens une véritable force. Alors que de plus en plus, le marché du livre nous présente des histoires de divertissement immédiat, un phénomène lié en partie à l’évolution du loisir culturel : séries télévisées, bit-lit, internet… Catherine arrive avec une intrigue simple et concise à offrir au lecteur une grande part d’interprétation et d’imagination. Nous retrouvons dans « Histoire d’une amour » la quête calabraise de l’auteur. Des origines qu’elle partage d’ailleurs avec la chanteuse Dalida. Peut être est ce lien culturel qui a nourri une proximité avec ses chansons. Le titre du roman renvoie lui même à un titre de la Diva. Conte charmant, inspiré d’une romance quelque peu oubliée, Catherine Locandro narre la relation mystérieuse qui a uni Luca un jeune romain et « La Chanteuse », double fictif de Dalida. En effet à la fin de sa vie l’interprète de « Gigi l’amoroso » a eu une liaison avec un jeune italien. On peut présumer que cette amourette est à l’origine de certaines de ses chansons comme « Il venait d’avoir 18 ans ».
Les deux personnages présentent des contrastes et décalages intéressants qui rendent la relation entre eux encore plus passionnelle. L’exemple le plus criant est la différence d’âge, mais la différence sociale est aussi très marquée. « La Chanteuse » évolue dans son univers artistique à succès, lui est étudiant en philosophie à l’époque. Catherine Locandro nous a dit qu’elle a voulu s’inspirer de « cette romance assez méconnue pour en faire une histoire universelle ». La particularité de cette romance est qu’elle est vécue et rapportée par Luca avec « son regard d’homme lorsqu’il a 20 ans et son regard d’homme quand il a 50 ans avec ses regrets ». Des pistes de réflexion amoureuse très intéressantes sont explorées et peuvent guider le lecteur. Notamment concernant le lien entre la mélancolie et le secret:
« Il n’a pas fait le deuil de cette histoire car il a gardé le secret… Et d’une certaine manière c’est pour garder cette histoire vivante ».