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Censure des dessins de Charlie Hebdo à l’étranger

Après l’attentat de mercredi contre le journal satirique français, de nombreux médias internationaux ont montré leur soutien en diffusant des caricatures de l’hebdomadaire. Soutien qui se veut aussi revendication : le but est de montrer que la liberté de la presse résiste à toutes les intimidations et atrocités. Néanmoins, tous les médias ne diffusent pas les dessins de Charlie. Alors, capitulation ou coutumes propres à la presse de chaque pays ?

Coupures, floutages et camouflages

La presse anglo-saxonne se montre plutôt prudente ces deux derniers jours. Outre-atlantique, peu de médias suivaient le mouvement général d’intense propagation des caricatures de Charlie. Ainsi, le New York Times explique sa démarche:  » Suivant les règles du journal, nous ne publions habituellement pas d’images intentionnellement créées pour heurter les sensibilités religieuses. […] les éditeurs ont décidé que le fait de décrire les caricatures en question donnerait aux lecteurs assez d’informations pour comprendre les évènements […] ».

The Telegraph adopte quant à lui une position plus intermédiaire. Le journal montre certes une photo de Charb tenant la une du journal. Mais la couverture a été découpée, seul subsiste le titre. Intouchables 2, le dessin qui présentait un rabbin poussant un imam en chaise roulante a été carrément supprimé. Ce jeudi, le quotidien américain expose encore une fois une photo de Charb devant les locaux incendiés de Charlie (fait qui remonte à 2012). Cette fois-ci, le dessinateur tient le journal à la main mais… flouté.

Charb coupé

 

La méthode Charlie critiquée

Mais pourquoi choisir de ne pas montrer les dessins d’un hebdomadaire qui a besoin de tous les soutiens possibles ? C’est que certains éditeurs américains estiment que les caricatures de l’hebdomadaire français sont critiquables. Slate rapporte que des journalistes américains les jugent « inutilement choquantes », si ce n’est « stupides ».

Un chroniqueur du Financial Times s’est ainsi fendu d’un texte plutôt acerbe sur l’idéologie de Charlie. La chronique, cible de nombreuses critiques, a été désavouée par les responsables du journal puis largement corrigée.

Intouchables 2

Deux conceptions de la liberté d’expression qui s’affrontent

Au-delà des critiques directes, peu nombreuses qui plus est, la censure des dessins révèle une fois de plus les divergences en terme de liberté de la presse entre les pays. Le point de vue anglo-saxon est bien plus rigide que la conception française où la satire vitriolée est rentrée depuis longtemps dans les moeurs. Pour preuve, lors de l’incendie des locaux de l’hebdomadaire français en 2012, les Etats-unis avaient déjà un sens de la mesure très marqué. Barack Obama avait ainsi expliqué:  » Nous avons parlé à plusieurs reprises de l’importance de protéger la liberté d’expression, qui est inscrite dans notre Constitution. Autrement dit, nous ne nous interrogeons pas sur le droit de telles choses à être publiées, simplement sur le jugement qui a présidé à la décision de les publier ».

Le raisonnement anglo-saxon parie ainsi sur la rationalité: à quoi bon provoquer ? Question qui mérite réflexion mais qui, abusivement martelée, risque peut être de largement limiter la possibilité d’expression de la presse.

Antoine Morange

 

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