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C’est quoi l’affaire Tiphaine Véron, ce cold case relancé par le frère de la victime ?

Près de sept ans après sa disparition, Tiphaine Véron reste introuvable, malgré les différentes enquêtes entreprises et les multiples voyages de sa famille sur place. Revenons sur cette affaire, sur les faits, les hypothèses et ce qui a été fait.

Les faits

Le 27 juillet 2018, Tiphaine Véron atterrit à l’aéroport international de Narita, au Japon. Elle s’apprête à passer trois semaines dans le pays, un voyage soigneusement préparé, comme en attestent ses notes manuscrites détaillant chaque étape. Après une première nuit à Tokyo, elle prend un train pour Nikkō, ville touristique nichée au cœur des montagnes, puis rejoint à pied son hôtel, le Turtle Inn, un trajet confirmé par les images de vidéosurveillance. Elle y arrive entre 16h et 16h30. Dans la foulée, elle partage plusieurs photos avec sa famille, évoque dans ses messages un accueil chaleureux à la réception, et qualifie l’établissement de « mignon ». La fin de journée étant trop avancée pour partir à la découverte des sites alentours, elle reste à l’hôtel, au calme.

Le lendemain matin, Tiphaine est vue en train de prendre son petit-déjeuner. L’aubergiste estime qu’elle aurait été présente dans la salle commune entre 8h30 et 9h30, une information confirmée par la photo prise par un autre client. C’est à partir de ce moment que les récits commencent à diverger. Selon l’aubergiste, Tiphaine aurait quitté l’établissement aux alentours de 9h53. Pourtant, l’analyse ultérieure de son téléphone indique une activité prolongée bien au-delà de cette heure, montrant qu’elle se trouvait encore dans sa chambre, connectée à son appareil. Le 30 juillet, à 10h30, l’hôtelier contacte finalement la police. La réservation de Tiphaine ayant expiré, il s’inquiète de son absence et surtout de la présence de toutes ses affaires personnelles dans la chambre.

Les pistes

Parmi les hypothèses étudiées, celle de l’intervention d’un tiers demeure crédible, au regard du contexte troublant dans lequel la disparition de Tiphaine Véron s’est produite. La région de Nikkō, habituellement paisible et prisée des touristes, a été secouée par une série de faits divers violents survenus dans les mois qui ont suivi. En août 2018, quelques semaines après la disparition de Tiphaine, un crâne humain est retrouvé sur une pelouse, près de la voie ferrée. Peu après, deux femmes sont découvertes égorgées sur un parking de la ville. Le 9 octobre de la même année, un corps non identifiable est repêché sur une rive de la Daiya-gawa. Puis, entre décembre 2018 et janvier 2019, des ossements humains sont retrouvés dans une forêt voisine. Le 19 janvier 2022, c’est un cadavre démembré, enfermé dans une valise, qui est découvert à Nikkō. Selon un enquêteur privé mandaté par la famille Véron, ce sont au total quinze corps qui auraient été retrouvés entre 2018 et 2022 dans la préfecture de Tochigi, et trente-trois personnes qui auraient été victimes d’agressions sexuelles sur la même période.

Autre élément troublant : en 2019, un panneau est installé devant le sanctuaire Takinoo, proche des chutes de Shiraito que Tiphaine comptait visiter, avertissant les passants de la présence d’un individu se faisant passer pour un guide, accusé d’avoir physiquement agressé plusieurs personnes. L’enquêteur privé a d’ailleurs retrouvé des témoignages de voyageuses japonaises évoquant sur Instagram un « chikan », un frotteur, sévissant précisément dans ce secteur. Si la police a reconnu que cet homme était connu de ses services, elle a simplement affirmé qu’il n’avait pas été vu dans les environs depuis janvier 2018, sans mentionner s’il faisait l’objet d’une surveillance.

La possible présence d’un faux guide, déjà signalé par d’autres femmes, alimente ainsi un scénario dans lequel Tiphaine aurait été piégée ou suivie. Cela pourrait expliquer l’arrêt soudain de son téléphone, sa disparition sans témoin, et l’absence d’alerte immédiate. Pourtant, malgré ces éléments, aucun suspect n’a été officiellement identifié à ce jour. La famille poursuit activement ses recherches, espérant que de nouveaux témoignages émergeront.

Parmi les personnes interrogées, le gérant de l’hôtel où séjournait Tiphaine a également attiré l’attention. Il reste la dernière personne à l’avoir vue en vie, et ses déclarations concernant l’heure de départ de la jeune femme comportent plusieurs contradictions. Plus inquiétant encore : des traces suspectes, possiblement des éclaboussures de sang, ont été détectées au luminol sur un mur de sa chambre. Aucune analyse n’a toutefois été communiquée par les autorités japonaises.

En l’absence de revendication, de demande de rançon ou d’élément matériel décisif, la thèse de l’intervention d’un tiers, armé ou non, reste néanmoins l’une des pistes les plus sérieusement envisagées.

À lire aussi : C’est quoi l’affaire Marie-Thérèse Bonfanti, ce « cold case » résolu 36 ans après ?

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