Avec leurs grandes oreilles, leurs yeux malicieux et leurs dents pointues, les Labubu sont devenues les stars inattendues des réseaux sociaux. Issues de l’imaginaire de l’artiste Kasing Lung, ces peluches à la fois lapin et monstre déferlent sur les sacs des célébrités comme chez les adolescents. Mais d’où vient ce phénomène mondial ?
Des peluches attachantes devenues accessoires
Leur nom ? Labubu. En l’espace de quelques mois, ces nouveaux objets sont devenus cultes dans la culture pop mondiale. Créées par Kasing Lung, un artiste originaire de Hong Kong, les Labubu sont aujourd’hui produites et commercialisées par Pop Mart, une marque chinoise spécialisée dans les jouets à collectionner. Si leur allure étrange, mignonne et inquiétante, peut dérouter, c’est précisément ce paradoxe qui séduit.
Le phénomène a littéralement explosé grâce à TikTok. Le #Labubu cumule plus d’1,7 millions de vidéos. On y voit des internautes ouvrir avec excitation des « boîtes mystères« , ne sachant jamais quelle peluche ou figurine se cache à l’intérieur. Ce principe de surprise, déjà popularisé par les Sonny Angels, rencontre ici une nouvelle dimension esthétique et affective.
Portées en accessoires sur des sacs à main, intégrées dans des mises en scène décoratives ou transformées en objets fétiches à customiser. Les Labubu sont devenues virales. Rihanna, Dua Lipa ou encore Lisa du groupe Blackpink ont été vues avec ces petites créatures. La marque Pop Mart a su entretenir l’exclusivité de ses produits en limitant leur vente à ses propres boutiques ou en ligne. Dans certaines villes, les files d’attente ont été telles que les ventes physiques ont été suspendues pour éviter les débordements.
Même si les prix sont élevés. Environ 20€ pour un porte-clés (sans choix possible) et plus de 115€ pour une boîte de six, cela n’a pas freiné la demande. Au contraire, certaines modèles rares sont désormais recherchés par des collectionneurs. Développant considérablement le marché de la revente.
Un soft power chinois
Derrière ce succès planétaire se cache aussi une transformation culturelle plus large. Longtemps freinée par une image internationale peu flatteuse du « made in China », la Chine voit dans Pop Mart, une opportunité d’exporter une culture plus cool, plus jeune et plus désirable.
Contrairement au Japon ou à la Corée du Sud reconnus pour leur soft power à travers les mangas, les jeux-vidéos ou la K-pop, la Chine a souvent eu du mal à imposer son image à l’étranger. Avec Labubu, c’est une esthétique proprement chinoise qui s’exporte enfin avec succès. La marque séduit les jeunes Occidentaux par les réseaux sociaux et l’usage de TikTok.
Cet engouement n’est pourtant pas sans conséquences. Les contrefaçons se multiplient notamment sur Vinted. La demande est telle que certains modèles authentiques sont régulièrement en rupture de stock. Une preuve supplémentaire que les Labubu sont biens plus qu’une simple mode passagère. Du moins, on l’espère… De toute évidence, éphémère ou pas, ces peluches symbolisent l’entrée de la Chine dans le monde de la culture.
Objets de collections, symbole de culture et esthétiques inclusive, les Labubu ont tout pour rester encore longtemps sur les sacs de nos stars préférés. Derrière leur airs espiègles et leur charme étrange, ces petites peluches pourraient bien marquer un tournant dans la manière dont la Chine dialogue avec le monde.