Les PFAS suscitent aujourd’hui une alerte nationale. Selon l’ANSES, elles seraient présentes dans la majorité des eaux en France. Mais que sont vraiment les PFAS ?
À l’heure où des investigations récentes révèlent que l’eau potable dans de nombreuses régions françaises contient des traces de PFAS à des niveaux inquiétants, beaucoup se demandent : « Est-ce dangereux pour ma santé ?« . Le terme PFAS revient de plus en plus souvent dans les médias et les préoccupations quotidiennes. Pourtant, pour un grand nombre, ces composés restent abstraits et difficiles à comprendre.
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Des substances omniprésentes, les PFAS plus qu’un simple polluant
Les PFAS, pour « substances per- et polyfluoroalkylées », regroupent une famille très vaste, des milliers de composés chimiques différents. Utilisées depuis les années 1950 pour leurs propriétés uniques (imperméabilisation, résistance à la chaleur ou aux taches, anti-adhérence). Elles sont intégrées dans de très nombreux objets ou métaux du quotidien. Textiles, emballages alimentaires, mousses anti-incendie, revêtement antiadhésif, cosmétiques, etc.
Ce qui distingue les PFAS, c’est leur extraordinaire stabilité chimique. La liaison « carbonne-fluor les rend quasiment indestructibles dans l’environnement. Résultat : une fois relâchés, ils peuvent persister pendant des décennies, voire des siècles, dans les sols, l’air, les sédiments et les eaux…
À cause de cette persistance, les PFAS ne restent pas cantonnées à une zone ou un usage. Certains sont transportés sur de longues distances, d’autres s’accumulent dans les organismes vivant (animaux, poissons, plantes) et finissent dans la chaîne alimentaire.
Une contamination très large de l’eau
L’Anses a mené une campagne nationale pour mesurer la présence de PFAS dans l’eau destinée à la consommation humaine. Au-delà des 20 PFAS listées par la réglementation européenne, 15 autres ont été recherchés, afin d’anticiper les risques liés à des composés souvent oubliés.
Résultat : dans 92 % des échantillons analysés d’eau potable française, au moins 1 PFAS a été détectée. Même si dans la majorité des cas la concentration reste en dessous des seuils réglementaires actuels. Cette omniprésence dans les rivières, nappes souterraines, eaux distribuées, montre que la contamination est généralisée.
« Ces retombées atmosphériques vont impacter directement et rapidement les eaux de surface, que ce soit les cours d’eau ou les plans d’eau, et vont donc entraîner une présence généralisée de ces TFA »
Xavier Dauchy, chimiste et hydrologue de l’Anses
Mais l’eau du robinet n’est qu’une partie du problème. Les PFAS se retrouvent aussi dans l’air, les sols, les sédiments, les produits de consommation et… dans nos organismes (sang, urine, cheveux).
Le TFA : le PFAS qui inquiète aujourd’hui
Le TFA (acide trifluoroacétique) est une molécule de la famille des PFAS, mais c’est ce qu’on appelle un « PFAS à chaîne ultra-courte ». Très mobile et extrêmement persistante. Cette substance se disperse aisément dans l’eau, l’air ou les sols, et finit par contaminer les ressources d’eau. Dans la plus récente campagne nationale réalisée en 2025, l’ANSES a détecté du TFA dans 92 % des échantillons d’eau potable analysés. Ce qui montre à quel point cette contamination est généralisée.
Les PFAS, des dangers sérieux pour la santé ?
Certaines substances bien étudiées de la famille PFAS, comme PFOA ou PFOS, sont associées selon Anses à des effets préoccupants. Augmentation du cholestérol, dysfonctionnement du foie ou des reins. Mais aussi des effets sur la fertilité, développement du fœtus, perturbation endocrinienne (tyroïde), voire cancers. En décembre 2023, le PFOA a été classé « cancérogène pour l’Homme » par l’organisme international de référence en la matière, le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer). Tandis que le PFOS est jugé « possible cancérogène ».
Mais beaucoup considèrent que ce cadre reste insuffisant : limiter la surveillance à 20 (ou 35) PFAS ne couvre qu’une fraction des centaines, voire milliers, de composés existants. L’European Environment Agency (EEA) souligne que la pollution aux PFAS en Europe est « très répandue ». Elle rajoute que les efforts de surveillance et de gestion sont largement insuffisants face à l’ampleur des enjeux.
Par ailleurs, comme ces substances perdurent dans l’environnement et s’accumulent dans les organismes. La simple réduction des rejets aujourd’hui ne permettra pas une disparition rapide, le « passif » est déjà énorme.