Louis Warinsky, alias Chapelier fou, est le trublion du moment de la musique électronique française. Associant avec ingéniosité toute une diversité de styles, l’artiste messin, avec ses trois albums, déboule avec toute sa fantaisie. Au point de s’imposer en seul représentant d’un courant qu’il a lui même créé.
Au pays des merveilles
Indéfinissable. Mais voluptueux. Voilà les deux mots qui, en provenance directe de nos oreilles frémissantes d’ébahissement, affleurent à notre bouche lorsque l’on écoute les albums de Chapelier fou. Si les trois productions de l’artiste français ont évolué pour gagner en complexité, 613 (2010), Invisible (2012) et Deltas (2014), une délicieuse constante se fait sentir : Louis Warinsky est du genre hétéroclite. Un peu apprenti sorcier sur les bords.
Dans la marmite des morceaux du magicien, dont la majorité est instrumentale, bouillonnent fumants, électro, musiques du monde ou avant garde minimaliste. Un paysage sonore fourmillant et harmonieux. Souvent associé à Yann Tiersen (compositeur de la céleste bande-original du Fabuleux destin d’Amélie Poulain), la musique du jeune artiste de 31 ans tourbillonne, se rétracte puis enfle, telle une houle mélodieuse.
Le tricoteur
Violoniste de formation possédant une solide base classique, Louis Warinsky se plaît à imposer les contorsions les plus acrobates à son instrument de prédilection, abandonnant volontiers son archer pour le gratouiller avec les doigts. En fouinant ici et là dans le laboratoire du chapelier, on déniche les plus surprenantes associations : synthétiseur vintage, guitare classique et bouzouki s’entremêlent au sein d’une broderie expérimentale réjouissante où sons acoustiques et digitaux s’acoquinent pour notre plus grand plaisir.
Derrière les mélodies accrocheuses se cache ainsi un boulot monstre, assimilable à un artisanat des plus subtils. Travail d’orfèvre. Chapelier fou revendique sa qualité de bricoleur musical : “Un des morceaux d’Invisible […] s’appelle Le Tricot. Voilà qui donne une idée de ma manière de travailler.”
Du laboratoire à la scène
Un alchimiste de laboratoire en concert, ça donne quoi ? Une performance sans paillettes ni virtuosité fastueuse, évidemment. Chapelier fou mise davantage sur la sobre intensité. À voir ce corps qui va et vient, flegmatique, entre les instruments, on reste scotché.
Ne reste plus qu’à se laisser emporter.