Le chômage atteint chez les jeunes « 19 % », déplorait en juillet dernier l’ancien Premier ministre François Bayrou, « c’est-à-dire un jeune sur cinq dans notre pays est au chômage, et les entreprises ne trouvent pas de gens pour travailler et elles ferment leurs portes ».
Cette urgence est encore plus criante dans les territoires ruraux. Sur les trois millions de jeunes âgés de 15 à 29 ans vivant dans les territoires ruraux, un rapport de l’IGAS estime que 338 000 d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté, pour un taux de chômage de 22,4% et un taux d’emploi précaire (en CDD ou en intérim) de 37,8 % pour cette catégorie de la population.
Plusieurs facteurs expliquent cette situation : éloignement des services publics, difficultés d’accès à la mobilité ou au logement… Ces jeunes ruraux, parfois issus de milieux populaires, se trouvent placés face au dilemme récurrent : quitter leur territoire ou trouver un emploi pour y rester.
Cette fuite des jeunes vers les métropoles entraîne un cercle vicieux : dévitalisation des zones rurales, fermeture d’entreprises et services et… vieillissement de la population. En effet, bien que ce vieillissement touche tous les territoires à l’échelle nationale, les zones rurales sont bien les plus touchées au regard de la proportion de personnes âgées dans leur population.
Sur le plan démocratique, ce vieillissement de la population amène mécaniquement à un affaissement de la participation citoyenne des jeunes au sein de leur commune. Ainsi, la part des élus de moins de 40 ans est très inférieure à celle de la population globale : seulement 5 % pour les conseillers communautaires et 12 % pour les conseillers municipaux ou régionaux. Paradoxal, lorsque l’étude récente de l’Institut Terram « Conseils municipaux : renouer avec l’engagement citoyen » nous révèle que les jeunes expriment un désir d’engagement supérieur à la moyenne : 29 %, contre 19 % chez les 65 ans et plus…
Le chômage des jeunes dans les zones rurales et ses conséquences pour la démocratie locale pourraient ainsi constituer un enjeu clé des élections municipales de 2026. Ces élections doivent donc devenir un moment pour débattre et prendre des mesures concrètes, notamment pour lutter contre la fuite des jeunes vers les métropoles : développer les filières d’apprentissage et de formations professionnelles et supérieures adaptées aux réalités locales, améliorer les infrastructures de mobilité et de logement ou encore soutenir l’entrepreneuriat des jeunes.
En inscrivant la cause de la jeunesse au cœur de leur projet, les candidats aux prochaines élections municipales pourraient non seulement répondre à une crise sociale majeure, mais également redonner aux jeunes, notamment issus des communes rurales, des perspectives d’avenir.