Pour son premier long métrage, François Xavier Vives centre son histoire sur sa contrée d’origine, et plus précisément sur une de ses aïeules des années 1920 et son combat pour l’électricité dans une société peu avancée. Pari risqué mais tenu.
Un grésillement, et la lumière fut. Éclairés par une vieille ampoule, les traits d’un homme endormi apparaissent peu à peu, dans ce qui semble être un couffin mortuaire. Derrière son voile de soie, Liéna (Marie Gillain), essaie tant bien que mal de porter le trop grand costume du propriétaire austère, elle qui rêve de longues avenues éclairées et de jazz à l’Américaine.
Liéna Duprat, jeune veuve, décide de reprendre la gestion des métayers qui travaillent sur les huit hectares de son domaine des Landes suite au décès de son mari. Aidée par son régisseur Iban, elle tente d’achever son projet d’électrification des fermes tandis que la grève des gemmeurs éclate.
La reconstitution historique est soignée, le rendu des tissus méticuleux. Habitué aux documentaires et courts métrages, Vives a hérité des premiers une caméra nette, et des deuxièmes une capacité à faire parler l’image. Le choix des Landes lui donne l’avantage de filmer une terre qu’il aime, et qu’il connaît. À la manière de Jane Campion, il transforme ces paysages en peintures romantiques. Une banale promenade entre sable et forêt devient le point névralgique du récit, avec ses personnages atypiques (la source, la dune) et puissants.
Bien que d’époque et peut-être un peu suranné, Landes pose la question de la nouveauté : l’avant-gardisme est-il synonyme de pragmatisme ? À travers l’histoire d’une arrière grand-tante, Vives fait résonner l’Histoire à nos oreilles. Ici des bribes de mondialisation, là un embryon de syndicalisme, le monde industrialisé n’en est encore qu’à son commencement, mais il a les mêmes revendications.
Balancée entre le conservatisme des propriétaires et la précarité de ses fermiers, Marie Gillain compose un personnage tout en finesse, aussi maladroit que théâtral, mais très attachant. Si Miou-Miou et Jalil Lespert se laissent quelque peu enfermer dans leurs rôles-types, l’énergie principale est omniprésente et contagieuse, voire électrique. Un film français sans électricité statique.
Crédits photos : Sophie Dulac