Culture

CINEMA – « Les amants passagers » : atterrissage réussi.

Deux ans après le magnifique La Piel que Habito, Pedro Almodovar revient à l’affiche dans un tout autre registre avec un retour au source de la comédie, registre de ses débuts. Les amants passagers, sorte de métaphore de la crise qui touche actuellement l’Espagne, est une bouffée d’air frais. 

Au XXIe siècle, Almodovar nous avait habitués à du dramatique, du choc, et du suspens. 2013 a semble t’il été l’année de la comédie, du retour aux sources. Ces sources qui l’avaient fait connaître du grand public, lui, le réalisateur déluré d’Attache moi ! (1990). Le code de la comédie made in Almodovar est là, et bien présent. Des décors rétros-colorés où le sexe est le moyen d’expression premier des personnages déjantés. Les amants passagers rentre dans ce registre. Après La Piel que Habito (2011), les craintes du grand public étaient grandes de voir le réalisateur espagnol s’enfermer définitivement dans un domaine mortifère. En renouant avec le pop piquant hérité de la Movida Madrilène, Pedro Almodovar marque les esprits, et redonne le sourire aux « almodovarophiles ».

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Bien que marqué par des longueurs menaçant le spectateur de se détacher de l’histoire principale qui est « l »avion va t’il atterrir à Mexico ? », Les amants passagers est rattrapé par l’humour inspiré de la screwball comedy des années 30-40 basée sur la comédie loufoque. A bord du vol 2549, des personnages atypiques pensent vivre leurs derniers instants suite à une panne technique mettant en péril la vie des passagers. Avec aux commandes des pilotes et stewards ancrés dans le style baroque pur, le vol devient le théâtre d’un jeu entre sexe, mort et confidences des derniers instants. Le cocktail est explosif avec un couple déluré, un financier escroc, une voyante, un don juan, une reine du bondage et un Mexicain mystérieux ayant pour socle commun un secret les ralliant à Mexico : fuir.

Pour son vingtième long métrage, Pedro Almodovar voulait « rendre hommage à l’Espagne des années 80 » mais a avoué après coup avoir pu faire le lien entre Les amants passagers et l’état de l’Espagne actuelle. La métaphore est belle, et les symboles sont nombreux entre corruption et fragilité. Pour définir son nouveau film, Almodovar le décrivait comme « irréaliste et métaphorique« , il ne s’y est pas trompé.

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