Sans prendre vraiment de risques, Sully et Bob Razowski reviennent sur grand écran. La suite fait marche arrière, et éloigne nos héros monstrueux de la scolarité parfaite.
Qui eût cru que derrière le duo de choc Sullivan/Razowski se cachait un passé douloureux et cahoteux ? Habitués aux suites poussives chez Disney et revigorantes chez Pixar, le pari de faire parler un monde dont les codes ont changé à la fin du premier opus posaient quelques sérieux problèmes chronologiques. À moitié déçus de ne voir que le genèse du mythe, on se console avec peut-être l’idée que les semestres seront faciles à valider.
Émerveillé par une visite à Monstres Cie, le petit Bob n’a plus qu’une idée en tête : devenir une Terreur. Avec un grand T, car la terreur avec un petit T, ce n’est pas vraiment le cas de Bob. Travailleur, studieux, il intègre la prestigieuse université des Monstres, quitte à créer des jalousies auprès de ses camarades de classe. Parmi eux, James Sullivan, fils d’une très célèbre Terreur, mais élève très paresseux.
Commencer par le début lorsqu’on a déjà trouvé une solution alternative à la peur d’enfant, étrange. C’est sûrement avec cette idée en tête que nous lisons cette petite parodie du monde universitaire Américain. En version anglophone, le titre est transparent : Monsters University. À tel point que certains universitaires se sont demandés pourquoi Disney/Pixar refusaient aux Français ce terme, pour le remplacer par le beaucoup plus anglicisé «Academy».
Si tous les codes des clubs et intrigues entre étudiants sont respectés, la retransmission du monde universitaire est beaucoup plus réaliste, bizarrement. Plutôt qu’un lieu d’apprentissage théorique et massif, la fac révèle aussi sa tendance au formatage. Ce-dernier donne très rarement lieu à un aboutissement parfait dans le monde du travail, chose respectée ici, même pour le futur meilleur duo de la ville.
Pour relancer l’énergie de la trame, sans l’entreprise et ses employés atypiques, l’histoire se concentre sur un club en marge : les Oozma Kappa, engagés dans un concours de terreur organisés par les élèves de l’université, et chapeauté par la doyenne du campus. Encore une fois, l’improbabilité d’une telle opposition dessine les traits de l’association de nos deux héros, jusque là ennemis jurés.
Mais pourquoi donc avoir choisi l’université pour ces monstres, doudous géants pour la petite Boo dans le premier opus ? Devant l’impasse de l’adaptation, les auteurs seraient-ils allé trop loin ? Pour Toy Story 3, le passage à la vie adulte était symbolisé par la séparation d’Andy avec ses jouets préférés avant son entrée en université. Ici, les monstres apprennent à devenir… des monstres.
Malgré la grosse difficulté initiale, le déroulement ne manque pas de rythme, ni de vitalité. Pour s’être éloigné du parcours parfait ou Star Academy-que de nos compères, il marque quelques points. Les références au premier film sont également bien trouvées, et contribuent à entretenir la magie des premiers instants. Mais tout de même, il manque une belle, que dis-je, une monstrueuse prise de risque pour que les grands enfants aient eux aussi des étoiles au coin des yeux.
Crédits photos : Disney France